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INEXORABLE de Fabrice Du Welz : la critique du film

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Nom : Inexorable
Père : Fabrice du Welz
Date de naissance : 2022
Majorité : 06 avril 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h38 / Poids : NC
Genre : Thriller

Livret de Famille : Benoît Poelvoorde , Mélanie Doutey , Alba Gaia Bellugi

Signes particuliers : Quand le spectateur a toujours trois temps d’avance sur le film…

Synopsis : À la mort de son père, éditeur célèbre, Jeanne Drahi emménage dans la demeure familiale en compagnie de son mari, Marcel Bellmer, écrivain à succès, et de leur fille. Mais une étrange jeune fille, Gloria, va s’immiscer dans la vie de la famille et bouleverser l’ordre des choses…

 

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NOTRE AVIS SUR INEXORABLE

Depuis 2004 et la sortie de son brutal Calvaire, Fabrice Du Welz s’est toujours démené pour proposer un cinéma artisanal et personnel, jugé fascinant par ses partisans, excluant pour les autres. A l’image de sa « trilogie ardennaise » qu’il vient de conclure avec Adoration, son dernier long-métrage en date (et qui répondait à Calvaire justement puis Alléluia en 2013). Aujourd’hui, c’est un Du Welz qui a peut-être envie de sortir de son microcosme pour s’ouvrir à un public plus large que l’on retrouve avec Inexorable, un thriller voulu tortueux porté par Benoît Poelvoorde, Mélanie Doutey et la jeune Alba Gaïa Bellugi (la fille de Cluzet dans Intouchables). Tout va bien dans le meilleur des mondes pour les fortunés Jeanne et Marcel, mariés depuis 25 ans, parents d’une adorable petite fille et vivant dans l’immense manoir familial. Elle, est la fille d’un grand éditeur récemment disparu. Lui, est un écrivain à succès. Quand Gloria, une étrange jeune femme, apparaît dans leur vie, tout va encore mieux. Mais petit à petit, les choses dérapent.
Fabrice du Welz a toujours eu une attirance profonde pour le cinéma de genre, qu’il s’y soit frotté ouvertement (Calvaire) ou via des registres périphériques auxquels il donnait un supplément de style (la nervosité hard boiled de Message from the King, le fantastique du thriller Vinyan, certains motifs du drame Alleluia ou l’ambiance malsaine de Adoration). Avec Inexorable, Du Welz flirte encore avec le genre mais d’un peu plus loin, dans l’atmosphère ambiante par exemple, qu’il contient toutefois pour prendre soin de ne pas trop s’en approcher afin de demeurer « grand public ». La structure du récit, elle, reste bien vissée sur les codes du thriller noir.
En soi, on ne peut pas dire que Inexorable soit mauvais puisque globalement il fonctionne et se suit sans trop de pénibilité. L’ensemble est plus ou moins efficace, tenu par une tension que le metteur en scène essaie de travailler et cultiver au maximum pour qu’elle tienne le public en haleine. Mais en dépit de ses bonnes intentions, le film manque terriblement d’originalité (on a l’impression d’avoir déjà vu ça maintes fois – on pense à Liaison Fatale et à tous les ersatz que le classique d’Adrian Lyne a pu engendrer). Ce manque d’originalité va se traduire notamment par un côté très programmatique. S’il semble vouloir ménager un certain mystère destiné à créer du suspens, son pouvoir de nuisance est pas mal atténué par le fait que l’on comprend très vite d’où l’on part, vers où l’on va et quelle route on va emprunter. Tout est si attendu que le spectateur a constamment trois longueurs d’avance sur le récit qu’il observe. Et l’entreprise de louper ainsi son désir d’emprise viscérale.
Derrière un thriller un brin rugueux par petites touches tamponnées sur le buvard, semble se cacher les vestiges d’un vrai film de genre plus hargneux, enterré pour faire quelque chose de plus populaire. Cette schizophrénie se traduit par exemple par une conduite globalement assez sage et convenue mais avec en son sein, l’une des idées de scénario les plus glauques et dérangeantes qui soit, idée qui a rebours ficherait presque la nausée, offrant d’ailleurs à Benoît Poelvoorde l’une de ses plus belles performances d’acteur. Sauf qu’encore une fois, on la voit venir de tellement loin…
Avec Inexorable, on est bien chez Fabrice Du Welz. Mais un Du Welz 2.0, un Du Welz qui ne lâche pas trop son style mais qui aimerait bien goûter un peu au succès commercial. Le cinéaste ne tourne pas le dos à ses thèmes récurrents (la folie destructrice ou la passion impossible) et même à certains de ses motifs (le prénom Gloria qui revient encore et encore). Mais en voulant assouplir la singularité artistique de son travail, Du Welz y perd une part de ce que l’on aimait chez lui, cette radicalité entre l’horreur poétique et ce sens du viscéral rentre-dedans.

Par Nicolas Rieux

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