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MORBIUS de Daniel Espinosa : la critique du film

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Nom : Morbius
Père : Daniel Espinosa
Date de naissance : 2022
Majorité : 30 mars 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h44 / Poids : NC
Genre : Fantastique, Action

Livret de Famille : Jared Leto , Matt SmithAdria Arjona…

Signes particuliers : Pas aussi mauvais que Venom mais pas loin. 

Synopsis : Gravement atteint d’une rare maladie sanguine, et déterminé à sauver toutes les victimes de cette pathologie, le Dr Morbius tente un pari désespéré. Alors que son expérience semble être un succès, le remède déclenche un effet sinistre. Le bien vaincra-t-il le mal – ou Morbius succombera-t-il à ses nouvelles pulsions ?

 

APRES VENOM…

NOTRE AVIS SUR MORBIUS

Sur une jambe, Sony tente de poursuivre son « Sony’s Spider-Man Universe » après les sublimes ratages qu’ont été les deux premiers Venom. Cette fois, c’est le Docteur Morbius que le studio introduit dans la danse, incarné par un Jared Leto qui passe de DC (où il a incarné le Joker) à Marvel/Sony. On priait les dieux de l’enfer que le résultat soit meilleur que les deux purges avec Tom Hardy, tout en sachant pertinemment que, fric oblige, le mix super-héros/vampire ne volerait jamais du côté sanglant de la saga Blade. C’eut été trop beau mais non, Morbius obéit au doigt et à l’œil à une logique marketing qui veut laver plus blanc que blanc comme dirait Coluche. Pour ça, tout est mis en branle, ambiance pseudo-sombre digne d’un clip d’Indochine, violence très contenue et présence de sang limité et en CGI, arc narratif ultra-classique (100% calqué sur celui de Venom en fait) et un réalisateur relégué à la fonction de faiseur sans vagues. Si les solides Antoine Fuqua et Felix Gary Gray ont un temps été évoqués, le choix final pour poser l’avion sur le tarmac s’est porté sur le suédois Daniel Espinosa. Et là, on s’est dit « aïe ».

L’un des nombreux problèmes majeurs de Morbius est d’être une Origin Story un peu trop « origin » et pas assez « story ». Le film fait l’effet d’une longue et laborieuse introduction/teasing (pour un projet de The Sinister Six qui fait de plus en plus flipper) sans jamais vraiment déboucher sur un film digne de ce nom. Cette sensation s’explique surtout par son profond déséquilibre narratif. Une entame somme toute « correcte » puis un point de rupture où il donne l’impression d’appuyer sur le champignon et de passer tout ce qui suit en accéléré afin de finir impérativement sous la barre des deux heures. Si le premier tiers peut-être défendable en tant que blockbuster calibré et simplifié, certes d’une banalité confondante mais potable dans un absolu où l’on ne serait pas exigeant, la suite sombre dans une frénésie de rythme, survolant tout ce qu’elle raconte en le réduisant à la seule illustration de l’éternel enjeu de tragédie manichéen : deux frangins dont les chemins divergent pour finalement s’affronter.
L’autre problème qui vient achever le patient malade, c’est la réalisation de Daniel Espinosa, tâcheron qui n’a jamais brillé par son talent (Sécurité Rapprochée, Enfants 44, Life : Origine Inconnue). Le cinéaste propose quelques micro bouts de choses visuellement amusantes… tant qu’il ne touche pas à l’action. L’ennui, c’est que Morbius vire vite au déluge d’action justement et dans cet exercice Espinosa fait un carnage, filmant les scènes d’action avec une effroyable approximation, bouillie illustrée par un montage chaotique.

Morbius, la catastrophe attendue ? Oui et non. On pourrait le penser devant l’addition de ses défauts rédhibitoires mais il y a un précédent qui s’appelle Venom (deux précédents en l’occurrence). Et malgré ses innombrables défauts faisant de lui un film flirtant avec le nanar de luxe, il ne se vautre pas vraiment dans les largeurs de son cousin qu’il imite bien souvent sauf dans le ton. Venom assumait une sorte de second degré grotesque là où Morbius se veut très premier degré. Une bonne idée ? L’humour débile avait plombé Venom. Mais le sérieux absolu de Morbius accentue sa superficialité bas du front. Difficile d’expliquer du coup ce qui « sauve » cette tentative d’une débâcle qu’il côtoie néanmoins de très près. Il a au moins ce mérite de se tenir durant un certain temps avant de dérouler un programme certes peu qualitatif mais dieu merci, pas trop insupportable. Parce que Jared Leto est plutôt bon (bien meilleur que dans ses délires joker-esque), parce que le spectacle est par intermittence efficace, parce que quelques scènes retiennent l’attention, parce qu’il ne sent pas obligé de faire des vannes sans arrêt pour séduire le jeune public, et parce qu’il tente une esthétique… même si elle est souvent moche.

Par Nicolas Rieux

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