
Nom : Else
Père : Thibault Emin
Date de naissance : 28 mai 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Fantastique
Livret de Famille : Matthieu Sampeur, Edith Proust, Lika Minamoto…
Signes particuliers : Un film singulier.
Synopsis : Anx vient de rencontrer Cass quand l’épidémie éclate : partout, les gens fusionnent avec les choses. Cloîtré dans son appartement, le couple doit faire face à cette menace monstrueuse.

UN BODY HORROR CONFINÉ
NOTRE AVIS SUR ELSE
Le confinement aura marqué toute une génération de victimes de la pandémie. Et parmi elles, de jeunes auteurs de cinéma qui ont décidé de faire quelque chose du traumatisme. Après Abel Danan avec
La Damnée, place à Thibault Emin et son
Else. Là où le premier cité exploitait les séquelles du trauma à des fins de film d’épouvante, Thibault Emin lorgne plus vers le conte fantastique voire fantasmagorique. Le jeune cinéaste adapte en long un précédent court-métrage qu’il avait tourné en… 2007 ! Oui, bien avant le Covid. Déjà à l’époque, il imaginait une étrange maladie qui fleurait bon la fin du monde dehors. Dans un appartement, deux jeunes tourtereaux qui viennent de se rencontrer s’aiment très fort et quand elle commence à fusionner avec tout ce qu’elle touche jusqu’à se transformer en autre chose, il décide de s’adapter et de continuer à l’aimer quand même. 18 ans plus tard, la pandémie est passée par là et Thibault Emin s’en sert pour raconter à nouveau son histoire de confinement qui dégénère.

Le cinéma français n’a pas fini de nous surprendre. Car Else est bel et bien surprenant. Thibault Emin filme une histoire de fusion. Fusion entre un duo de personnages que tout oppose mais qui va s’accorder dans le chaos de cette monstrueuse pandémie. Lui est timide, asocial, ténébreux, maniaque, hypocondriaque, enfantin. Elle est extravertie, loufoque, lumineuse, terre à terre. Leurs musiques personnelles sont différentes, elles vont s’achopper un peu au départ, puis elles vont s’accorder, s’harmoniser, se compléter face au cauchemar. Fusion ensuite avec cette histoire fantastique de maladie étrange (et porteuse de tous les possibles) qui amène les gens à fusionner avec n’importe quoi, les draps du lit pour l’un ou le trottoir sur lequel il vit pour un SDF dans la rue.

Le postulat de Else est barré. Mais peut-être pas autant que le film qui traverse des tonalités allant de Michel Gondry à David Lynch en passant par Caro/Jeunet ou Cronenberg, tant d’artistes aux univers très forts et marqués. Et alors que le film glisse de plus en plus dans l’étrange, qu’il passe par la comédie, le fantastique puis le body horror, Thibault Emin finit par en arriver à l’expérimental pur et dur dans une dernière partie hallucinatoire, surréaliste et figurative.
Que reste t-il de tout ça ? L’idée de savoir si l’humanité est prête à évoluer pour survivre ensemble. Thibault Emin tente une proposition radicale et très audacieuse. Une bonne proposition ? Clivante, cette allégorie en fascinera sûrement autant qu’elle n’inspirera le rejet chez d’autres plus hermétiques à sa singularité. Rarement on aura autant été confronté à une affaire de sensibilité personnelle.