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HITCHCOCK (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Hitchcock
Père : Sacha Gervasi
Livret de famille : Anthony Hopkins (Hitch), Helen Mirren (Alma), Scarlett Johansson (Janet Leigh), Danny Huston (Whitfield), Toni Collette (Peggy), Michael Stuhlbarg (Wasserman), Michael Wincott (Ed Gein), Jessica Biel (Vera Miles), James d’Arcy (A. Perkins)…
Date de naissance : 2012
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h38 – Budget NC

Signes particuliers (+) : Un moment sympathique en compagnie d’Hitch, campé par un exceptionnel Hopkins. Agréable, amusant, intéressant. Et quel casting !

Signes particuliers (-) : Trop court, pas assez ambitieux, le film survole sans cesse mais ne se pose jamais. Mineur.

 

ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE….

Résumé : 1959, Alfred Hitchcock sort d’un triomphe. Son film, La Mort aux Trousses est un succès et les studios s’attendent à ce que le cinéaste refasse un autre film dans la même veine. Mais non. Le génie britannique s’intéresse de près à un bouquin bon marché à frisson racontant une histoire sordide : Psycho. Ce sera son nouveau projet, peu importe les conséquences de son choix pas très apprécié…

Projet sans cesse repoussé, Hitchcock voit enfin le jour sous la direction du jeune cinéaste Sacha Gervasi dont le nom n’est encore des plus connus et qui pourtant a déjà fait pas mal parler de lui par le passé. Ce journaliste britannique également scénariste (il a signé le script du médiocre Le Terminal de Steven Spielberg) a signé son premier long-métrage en 2008 avec Anvil !, documentaire indépendant sur le fameux groupe d’Heavy Metal éponyme, sorti en France en 2010. Anvil ! sera couronné de prix. Mais Hitchcock reste son premier long-métrage de fiction, ce qui est assez étonnant quand on voit l’impressionnant casting qui sous-tend le film. Les producteurs de la Fox Searchlight ont choisi de faire confiance au jeune metteur en scène en lui confiant les clé du camion d’un film qui, de toute façon, ne sera pas un gros blockbuster mais au contraire, un petit film indépendant retraçant les conditions dans lesquelles le génial cinéaste Alfred Hitchcock monta le projet Psychose en 1959-1960.

Psychose… Un film magistral, pionnier, culte, un chef d’œuvre de l’histoire du cinéma qui continue à fasciner encore aujourd’hui. Après le désastreux remake hommage de Gus Van Sant, le cinéma américain réinvestit donc l’histoire du classique hitchcockien pour évoquer cette fois-ci les coulisses du projet. Anthony Hopkins prêterait ses traits au surnommé Hitch et sera entouré de rien de moins qu’Helen Mirren dans le rôle d’Alma, l’épouse de toujours du réalisateur, de Scarlett Johansson qui incarnera Janet Leigh, l’héroïne de Psycho assassinée sous sa douche, de Jessica Biel qui jouera Vera Miles mais aussi de Danny Houston, Toni Colette (dans le rôle de Peggy, l’assistante fidèle d’Hitch), de Michael Stuhlbarg (l’acteur principal du A Serious Man des Frères Coen) mais aussi du trop rare Michael Wincott qui campera… le serial killer psychopathe Ed Gein, à l’origine de l’inspiration pour composer les personnages aussi bien de Norman Bates dans Psychose que d’Hannibal Lecter dans Le Silence des Agneaux.

Gros casting mais petit budget, Sacha Gervasi fera avec les moyens du bord pour adapter le bouquin de Stephen Robello, Alfred Hitchcock and the Making of Psycho, ouvrage retraçant donc le contexte dans lequel le génie du suspens accouchera de cette œuvre phare dont la production ne s’est pas faite de façon si aisée et tranquille que ça, bien au contraire. Malgré son statut, ce fut houleux pour le Hitch de venir à bout de Psychose, futur triomphe mérité mais dont tout le monde doutait durant son élaboration. Le film revient donc sur la genèse du projet, tout juste après le succès de La Mort aux Trousses, sur son développement et les premières galères, sur l’obstination d’Hitchcock à aller au bout, sur la préparation puis le tournage et enfin sur la sortie du film et sa réception publique. Anecdotes, visite des coulisses du film, entrée dans l’intimité du génie, Hitchcock essaie de nous faire revivre Psychose d’un autre œil, de nous faire côtoyer les comédiens, de retourner la caméra vers le maestro alors que se déroule devant un pan de l’histoire du cinéma que l’on connaît bien.

Et ça fonctionne puisqu’Hitchcock réussit à s’attirer un fort capital sympathie qui nous empêche de le massacrer pour ses nombreux défauts ou erreurs de production, certaine indépendante de la volonté de son auteur ceci étant dit. En premier lieu, les ambitions accordées à un film qui résume tout ce qu’il veut dire en moins d’1h30 soit à une rapidité éclair qui le pousse à survoler, à paraphraser, à résumer à l’extrême plutôt que d’essayer de livrer un biopic partiel ample, riche et passionnant. Construit de façon sommaire, Hitchcock file à travers le temps, assemble les moments clés qu’il souhaitait aborder et déroule avec facilité et nonchalance. Dommage car il y avait surement matière à bien plus mais le projet semblait mésestimé dès le départ et on dirait presque qu’il a tourné avec le sérieux d’un téléfilm de luxe ou d’un docu-drama. Résultat, autant le moment passé est très agréable, autant il laisse sur sa faim, comme si l’on avait mangé que l’entrée mais qu’aucun plat de résistance n’était prévu derrière… Et le film de passer plus pour une illustration imagée d’un bonus DVD présent sur la deuxième galette numérique du coffret collector de Psychose que pour une œuvre à part entière. D’ailleurs et c’est là une qualité comme un défaut, plus qu’un film à part entière manquant de consistance, le Hitchcock de Sacha Gervasi pourrait faire un excellent complément à une éventuelle ressortie de Psycho dans une édition Deluxe.

Mais attention, pas question non plus de tirer à boulet sur un film sauvé de la disparition prématurée par l’interprétation exceptionnelle de son comédien principal, le grand Anthony Hopkins. Aux Etats-Unis, et curieusement au vu de son casting peuplé de stars, Hitchcock est sorti dans peu de salles, comme un vrai film mineur, tourné d’ailleurs comme tel en à peine un mois. Le film de Gervasi aurait ainsi pu passer inaperçu et disparaître dans l’oubli. Mais s’il n’est pas un grand film, Hitchcock arrive à quand même, d’une, à charmer par son sujet, sa bonhommie et bien sûr par son extraordinaire personnage central hors norme et de deux,  grâce à la qualité des prestations de ses acteurs. On évoquait Hopkins à juste titre. Le comédien anglais livre une interprétation inspirée et grandiose du maître Hitch, après s’être grandement documenté sur lui, à l’image de la plupart des acteurs d’ailleurs qui ont tous pris avec beaucoup de sérieux leur rôle respectif, qu’il soit numériquement important ou pas, à l’image des Jessica Biel ou Scarlett Johansson dans les peaux des actrices Vera Miles et Janet Leigh ou d’Helen Mirren dans celle d’Alma Reville.

Hitchcock risque d’être assez rapidement oublié faute d’importance accordé à ce minuscule projet (un point commun qu’il entretient avec son sujet même si Psycho ne sera en revanche lui, jamais oublié) qui n’a de grand que son sujet et son casting. Mais drôle, attachant, intéressant (le film nous souffle beaucoup de choses que l’on sait déjà mais aussi quelques petites anecdotes en revanche moins connues sur l’histoire derrière Psychose), Hitchcock distrait, amuse et fait passer un agréablement moment en compagnie du célèbre metteur en scène britannique au caractère atypique que l’on entraperçoit lors de quelques incursions dans son intimité, par moments romancés. Car bien sûr, il y a forcément des passages interprétés faute de savoir mais l’ensemble est cohérent. Un joli moment sympathique à défaut d’être un grand moment de cinéma, que l’on voudrait soutenir et porter un peu mais qui manque de trop de chose pour être totalement défendable. Dommage que le projet n’ait pas eu plus de crédit pour pouvoir développer quelque chose de plus sérieux et ambitieux au-delà du seul hommage rapide d’un amateur (on sent que Gervasi est fan dès cette délicieuse ouverture sur la musique d’Alfred Hitchcock présente avec Hopkins/ Hitchcock face caméra qui s’adresse aux téléspectateurs).

Bande-annonce :

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