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L’UN DES NÔTRES de Thomas Bezucha : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : Let Him Go
Père : Thomas Bezucha
Date de naissance : 2020
Majorité : 16 juin 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h55 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller

Livret de Famille : Kevin Costner, Diane Lane, Lesley Manville…

Signes particuliers : Un beau film mais dont il ne reste pas grand-chose à terme.

 

NOTRE AVIS SUR L’UN DES NÔTRES

KEVIN COSTNER RETROUVE UNE AMBIANCE WESTERN

Synopsis : Après la perte de leur fils, le shérif à la retraite George Blackledge et son épouse, Margaret quittent leur ranch du Montana pour sauver leur jeune petit-fils des griffes d’une dangereuse famille tenue d’une main de fer par la matriarche Blanche Weboy.

C’est toujours un plaisir de revoir le trop rare Kevin Costner à l’écran, acteur au charisme et au capital affectif indémodable. Et on pourrait en dire autant de la formidable Diane Lane. Ensemble, ils sont les deux stars de L’un des Nôtres, nouveau long-métrage d’un Thomas Bezucha qui, jusque là, n’avait franchement pas brillé avec ses insignifiantes comédies Esprit de Famille ou Bienvenue à Monte-Carlo. L’un des Nôtres est son film le plus sérieux à ce jour, le plus cinématographique aussi. A la mort de leur fils d’un accident de cheval, les Blackledge voit leur belle-fille épouser un homme et partir à l’autre bout du pays. Mais le nouveau mari est un homme violent, à l’image de sa famille. Les Blackledge quittent leur ranch afin d’aller récupérer leur petit-fils et le sauver d’un sombre destin tout tracé.

A l’heure où il est de bon de catégoriser précisément les films pour bien les faire rentrer dans des cases avec l’envie de les rendre très clairement identifiables pour le public, L’un des Nôtres fait figure d’insoumis. Le film de Thomas Bezucha se glisse dans des brèches et enfile les chaussons de plusieurs moules tout en échappant à un ancrage spécifique. S’il est clairement un drame filial et familial, le film de Bezucha reprend également les codes du western à l’ancienne, sa croisade pour sauver un enfant des griffes d’une famille violente pouvant rappeler dans sa conduite, des films tels que La Prisonnière du Désert de John Ford. On pense aussi à Cormac MCarthy que le cinéaste cite en exemple d’inspiration, d’autant que sur un troisième niveau, L’un des Nôtres est également un âpre thriller lancinant. Sur la foi de cette chemin salvateur, Bezucha va opposer deux milieux, deux cultures, deux microcosmes radicalement différents. D’un côté les Blackledge, droits, doux, aimants. De l’autre les Weboy, indisciplinés, sauvages, violents, évoquant une sorte de famille à la Massacre à la Tronçonneuse, le côté boucherie meurtrière en moins. Au centre, un enfant et sa mère, fragiles proies convoités.

Ce qui fascine dans L’un des Nôtres, c’est sa méthodologie narrative et sa construction. Si Bezucha nous épargne le coup du chapitre, très à la mode dans le cinéma actuel, son film est pourtant « acté », précisément bâti en trois actes distincts, chacun apportant son lot de qualités. La première dégage une forme de poésie alors que l’on scrute le quotidien romanesque de ce couple au lien silencieusement magnifique avant que le drame ne vienne détruire une existence agréable. La seconde où ces grands-parents se mettent en quête de leur petit-fils pour le sauver, marche sur les traces du western crépusculaire. Le troisième acte verse plus dans le spectacle, venant trancher dans le vif après deux tiers plus contemplatifs, traduisant une montée en puissance passée par le calme, la tragédie, le sentiment d’urgence et maintenant l’opposition sans concession. Bezucha avance avec une extrême minutie, sans doute la principale qualité de son film que l’on doit avouer très soigné, très léché dans sa mise en scène et sa photo. En plus d’être porté par deux formidables comédiens dont les prestations sont tout sauf évidentes car jouant sur des sentiments très profonds en intériorisés. A ce titre, le sentiment d’urgence de devoir sortir la chair de sa chair d’une situation dramatique est sans doute ce qui est le mieux traduit, les angoisses des Blackledge prenant littéralement à la gorge et aux tripes (Diane Lane livrant une composition sidérante).

L’ennui, c’est que Bezucha n’est pas toujours récompensé de ses audaces. L’un des Nôtres souffre de nombreux déséquilibres menant à des soucis de rythme, de lourdeurs aussi (dans les flashbacks) et enfin, de certaines de ses ficelles grossières (notamment l’irruption fort mal amenée d’un indien en cours de récit). Si ces éléments amenuisent un peu l’impact du film, elles ne touchent pas en revanche à sa puissance émotionnelle qui porte l’œuvre de bout en bout. Reste que l’ensemble est assez anecdotique passé l’instant présent.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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