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LANDS OF MURDER de Christian Alvart : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Freies land
Père : Christian Alvart
Date de naissance : 2019
Majorité : 22 juillet 2020
Type : Sortie en salles
Nationalité : Allemagne
Taille : 2h09 / Poids : NC
Genre : Polar

Livret de famille : Trystan Pütter, Felix Kramer, Nora von Waldstätten…

Signes particuliers : Un remake allemand de La Isla Minima.

SI PAREIL, SI DIFFÉRENT

NOTRE AVIS SUR LANDS OF MURDER

Synopsis : Dans une région reculée de l’Allemagne tout juste réunifiée, deux inspecteurs enquêtent sur la disparition inquiétante de deux adolescentes. L’un a des méthodes modernes d’investigation, tandis que l’autre n’hésite pas à user de pratiques moins orthodoxes. Leur recherche les met sur la piste d’une affaire de bien plus grande envergure. Au cœur d’un climat post-RDA sous tension, ils vont devoir mettre de côté leurs divergences pour faire avancer l’enquête.

Curieuse idée qu’un remake de l’espagnol La Isla Minima, surtout que ledit remake n’est pas américain (au moins eux, on a l’habitude du délire) et que le film d’Alberto Rodriguez n’est pas très vieux (juillet 2015 chez nous). Mais passés les aprioris sur un projet quelque peu étonnant, on tombe non seulement sur un bon film mais aussi sur une bonne idée. Car si l’on pendait que La Isla Minima était très ancré dans l’histoire espagnole, Lands of Murder prouve qu’il était tout à fait transposable sans en trahir l’essence et sans que la copie soit vaine et inintéressante.

Pour ceux qui ne s’en souviendraient pas ou qui ne l’auraient pas vu, La Isla Minima était un polar ibérique particulièrement sombre où deux policiers que tout oppose, faisaient équipe pour mener l’enquête sur de sordides meurtres d’adolescentes au fin fond de l’Andalousie marécageuse. L’action du film prenait place dans l’Espagne post-franquisme du début des années 80 et l’opposition des deux flics madrilènes ne se jouait pas qu’au niveau de leurs méthodes ou tempérament, elle se jouait aussi sur l’héritage de leur passé respectif vis-à-vis de l’histoire troublée du pays ces dernières décennies.

Le fait d’avoir téléporté l’histoire dans l’Allemagne post-réunification était un terrain de jeu très intéressant pour le film et son auteur Christian Alvart (réalisateur allemand dont on reparlera puisqu’il devrait signer le film Capitaine Flam !). Ce nouveau cadre ouvrait des possibilités très pertinentes en mettant en scène la même sombre histoire dans un nouveau pays lui-aussi traumatisé et fracturé. Comme l’Espagne post-Franco. L’occasion de répéter le jeu d’opposition entre les deux protagonistes principaux et leur confrontation. Ici, c’est l’Allemagne de l’Est post-RDA qui sert de contexte et permet d’ouvrir l’horizon du film à un portrait d’un pays pas encore remis de plusieurs décennies noires, où deux sociétés se regardaient et s’opposaient encore sur fond de rancœur. Si l’enquête est le ressort narratif principal, le regard sur cette Allemagne brusquement réunifiée et pourtant toujours divisée est une toile de fond historique (et sociologique) passionnante et propice à y apposer la noirceur du récit originel.

Pour le reste, Lands of Murder déroule les mêmes éléments que La Isla Minima. Si le fond apporte une originalité, la forme ne change rien par contre, et s’adonne au travail de copiste appliqué. Image sombre, ambiance lourde, atmosphère anxiogène (renforcée par cette musique pesante à la Se7en), Lands of Murder reprend la même esthétique que son modèle, et surtout exactement la même narration, avec les mêmes scènes emblématiques (comme les plans aériens, la course-poursuite en voiture ou le passé obscur d’un des deux flics). On est aspiré dans une quête labyrinthique écrasée par la communion des codes du polar à la fois social et psychologique. La plongée est glauque, efficace malgré le même rythme lancinant, et pour peu que l’on n’ait jamais vu La Isla Minima, l’effet sera au rendez-vous. Pour les autres en revanche, l’impression de redire restera un léger frein à un abandon total. Le film aurait peut-être gagné à davantage s’écarter de son modèle plutôt qu’à le suivre ainsi à la lettre.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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