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CAS DE CONSCIENCE de Valid Jalilvand : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Bedoune Tarikh, Bedoune Emza
Père : Valid Jalilvand
Date de naissance : 2017
Majorité : 21 février 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Iran
Taille : 1h44 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de famille : Navid Mohammadzadeh, Amir Aghaei, Zakieh Behbahani…

Signes particuliers : Un drame qui part de l’intime pour porter un regard général sur la société iranienne.

L’IRAN, ENTRE DÉSESPOIR ET CULPABILITÉ

LA CRITIQUE DE CAS DE CONSCIENCE

Résumé : Un soir, seul au volant, le docteur Nariman tente d’éviter un chauffard et renverse une famille en scooter. Il les dédommage pour les dégâts matériels et insiste pour qu’Amir, leur enfant de 8 ans légèrement blessé, soit conduit à l’hôpital. Deux jours plus tard, à l’institut médico-légal où il travaille, Nariman s’étonne de revoir la famille, venue veiller le corps sans vie d’Amir. Le rapport d’autopsie conclut à une intoxication alimentaire. Mais Nariman a du mal à accepter cette version officielle qui pourtant l’innocente. 

Après Mercredi 09 Mai, son premier film récompensé à la Mostra de Venise, le réalisateur iranien Valid Jalilvand poursuit dans la veine d’un cinéma cherchant à analyser la société iranienne contemporaine et à pointer du doigt ses dysfonctionnements les plus intimes. Avec Cas de Conscience, le cinéaste s’attache à l’histoire d’un médecin qui bouscule un scooter inattentif un soir sur la route. Dessus, un père, sa femme et ses deux enfants. D’un côté, le docteur Nariman n’a pas mis à jour son assurance automobile et préfère éviter d’appeler la police tout en adoptant une démarche responsable, de l’autre, le père cherche avant tout une compensation financière pour réparer son scooter endommagé, seul moyen de transport d’une famille vivant dans la pauvreté. Malgré l’insistance du médecin pour aller examiner l’un des enfants à l’hôpital, leurs chemins se séparent dans l’obscurité. Trois jours plus tard, le petit garçon arrive à la morgue, victime d’une soi-disant intoxication alimentaire. Le Dr Nariman fait alors face à un véritable cas de conscience, dévoré entre la volonté de chercher la vérité et la peur d’être responsable.

La comparaison souvent évoquée avec le cinéma d’Asghar Farhadi semblait un peu facile, comme si le cinéma iranien se résumait à ce seul cinéaste à la notoriété internationale. Mais il faut bien avouer que plus que tentante, elle est surtout pertinente. Comme lui, Valid Jalilvand part d’un fait divers banal pour dérouler un fil qui va remonter la colonne vertébrale d’une société iranienne fébrile et vacillante, où les rapports sociaux sont soumis à la lutte des classes et à la peur de perdre le peu que l’on possède, quitte à étouffer la notion de justice au profit des petits arrangements, avec les autres comme avec soi-même. Mais au sommet de ce drame qui prend parfois des accents de thriller à enquête, Jalilvand interroge surtout le sens des responsabilités individuelles et la notion de culpabilité, conférant ainsi à son portrait intimiste, une dimension plus générale scrutant une société qui manque de fondations solides et évolue dans la peur, avançant comme elle peut, faute d’un socle fort. Mais la culpabilité et la conscience finissent toujours par rattraper les personnages. Sans jamais tomber dans un manichéisme décrédibilisant, Jalilvand signe un film passionnant, montrant des hommes qui commettent des erreurs tout en ayant tous leurs raisons. C’est probablement le plus remarquable dans Cas de Conscience, cette façon de n’accabler ni de juger personne, mais de renvoyer les fautes de chacun à une société défaillante, montrant qu’au final, tout le monde a quelque chose à se reprocher. Et quand les démons personnels envahissent la conscience, cela donne des scènes poignantes comme en voit plusieurs dans le film de Valid Jalilvand, à l’image de ce père meurtri quand il réalise les conséquences de sa plus grande faute.

BANDE ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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