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L’INSOUMIS de Gilles Perret : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : L’insoumis
Père : Gilles Perret
Date de naissance : 2017
Majorité : 21 février 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre
: Documentaire

Livret de famille : Jean-Luc Mélenchon…

Signes particuliers : Le portrait fascinant ou horripilant (chacun choisira) d’un homme politique singulier.

MÉLENCHON, À COR ET (SURTOUT) À CRI !

LA CRITIQUE DE L’INSOUMIS

Résumé : Avec ses hauts, ses bas, sa tendresse, son humour, et sa virulence, Jean-Luc Mélenchon est un vrai personnage de film. Qu’il soit haï ou adulé, il ne laisse personne indifférent. Sa campagne présidentielle de 2017 n’a ressemblé à aucune autre dans le paysage politique contemporain. C’est durant ces moments intenses de sa vie, et de celle de la France, que Gilles Perret l’a accompagné au plus près. Une période propice à la découverte des côtés moins connus d’un homme indissociable de sa pensée politique.

Retour en arrière, en France au printemps 2017. La compagne électorale pour la Présidentielle bat son plein, entre la machine en marche Emmanuel Macron, la terrifiante montée en puissance du Front National de Marine Le Pen, les déboires judiciaires de François Fillon et l’effondrement du Parti Socialiste de Benoît Hamon. Au milieu de ces destins versatiles, l’insoumis Jean-Luc Mélenchon, homme politique iconoclaste qui entend représenter le peuple en usant de sa gouaille gueularde pour défendre un idéal antisystème, dans l’esprit du Georges Marchais de la grande époque. Drôle ou effrayant pour les uns, crédible incarnation du changement pour les autres, Jean-Luc Mélenchon aura sacrément animé la campagne électorale, de même qu’il aura su s’imposer au milieu du débat politique. Pendant ces longs mois harassants et sous tension, le documentariste Gilles Perret (Les Jours Heureux, La Sociale) l’a suivi, dans l’intimité de sa croisade. Parce qu’ils se connaissaient avant, Mélenchon a accepté cette proposition singulière d’être filmé à chaque instant, même dans l’ombre de la scène médiatique. Si L’Insoumis n’entre jamais dans la vie privée de l’homme par respect et décence, il réussit en revanche à pénétrer là où les caméras de télévision ne peuvent jamais aller, derrière la représentation publique, au cœur de la campagne, au contact de l’homme.

Que dire devant un tel effort. Intéressant ? Oui, L’Insoumis est intéressant car il nous offre à voir ce que l’on rarement l’occasion de pouvoir observer. Certains moments sont drôles, touchants, authentiques, personnels, certaines réflexions sont lâchées sans filtre, certaines idées politiques ne manquent pas d’interpeler par leur intelligence, et la dose de franc-parler qui tient l’ensemble fait du bien, loin des discours rigides et préconçus, loin des sujets de JT superficiels et formatés. De quoi dresser un début de portrait de l’homme complexe qu’est Mélenchon en passant de l’autre côté de l’image, côté coulisses. Intéressant donc, mais pertinent ? Là, tout se discute. Car si Gilles Perret clame la sincérité absolue de ce qu’il montre à travers son documentaire, comment juger vraiment de la liberté qui entoure sa démarche de notre point de vue de spectateur ? Comment savoir si l’entreprise n’est pas biaisée par les choix de montage et de situations montrées ? D’autant qu’au-delà de son souci de vérité du geste, L’Insoumis se révèle souvent partisan et favorable à son sujet, s’appliquant à le rendre foncièrement sympathique (ce qu’il est peut-être cela dit) et s’attardant notamment en longueur sur les malheurs d’un Mélenchon qui se juge victime de la méchanceté des sales médias à la botte des partis traditionalistes. L’Insoumis soulève ainsi des questions sur la crédibilité de sa démarche car il apparaît parfois comme une tribune accordée à la défense. Certes, on reconnaîtra au réalisateur d’éviter de sombrer excessivement dans la démagogie, mais comment faire totalement confiance à un documentaire qui nous est livré clé en main, sans s’interroger sur sa possible orchestration narrative pour rendre Mélenchon séduisant ? La seule vraie réponse est à aller chercher la sincérité de son auteur, et on a envie de le croire tant l’effort transpire la passion du travail de documentariste cherchant avant tout, à capter de l’authentique.

Une chose est sûre, ceux qui n’aiment pas l’homme politique ne changeront certainement pas d’avis à la découverte du film. De même que ceux qui adhèrent à ses idées sortiront sans doute renforcés dans leurs convictions. Dès lors, L’Insoumis ne serait-il pas un peu vain dans sa proposition ? Reste des réflexions politiques de fond intéressantes, un homme-sujet vraiment étonnant et de beaux ou hilarants instants captés. De quoi oublier le fait que le film fait un peu office de spot publicitaire vrai ou faussement naturel.

BANDE ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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