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TU NE TUERAS POINT de Mel Gibson : critique et test Blu-ray

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Carte d’identité :
Nom : Hacksaw bridge
Père : Mel Gibson
Date de naissance : 2016
Majorité : 09 mars 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h11 / Poids : NC
Genre : Guerre, Biopic

Livret de famille : Andrew Garfield, Vince Vaughn, Teresa Palmer, Luke Bracey, Hugo Weaving, Sam Worthington, Rachel Griffiths…

Signes particuliers : Mel Gibson fait jaillir les flammes de l’enfer dans un film de guerre dantesque et époustouflant.

L’ENFER SELON MEL GIBSON

LA CRITIQUE DE TU NE TUERAS POINT

Résumé : 1945, alors que la guerre dans le Pacifique faisait rage et que les forces américaines menaient l’une des batailles les plus acharnées du conflit sur l’île d’Okinawa, un soldat s’est distingué. Desmond T. Doss, un objecteur de conscience, qui bien qu’ayant fait le serment de ne jamais tuer ni toucher à une arme, voulut servir son pays et s’engagea dans l’infanterie. Fidèle à ses convictions et armé de son seul courage, il a sauvé la vie de dizaines de soldats blessés en les ramenant un par un en sureté, sous le feu ennemi. tu_ne_tueras_point_4Dix ans pile poil que Mel Gibson n’avait plus tripoté les boutons d’une caméra. Dix ans qu’il ne nous avait plus balancé son génie de metteur en scène à la figure. Car oui, on peut penser ce qu’on veut du bonhomme, gueule culte du cinoche à l’ancienne ou personnage insupportable pour ses excès, mais le célèbre Mad Max est un cinéaste au talent indiscutable. De Braveheart à La Passion du Christ en passant par Apocalypto, sa filmographie parle pour lui et ne laisse pas indifférent.tu_ne_tueras_point_1Dès les premières images de Tu ne tueras point, on sait instantanément qu’on est chez Mel Gibson et on retrouve avec plaisir son univers et son style. Religion, violence, musique, innocence sacrifiée, tout y est. A travers le portrait de cet objecteur de conscience méprisé et pré-jugé comme un lâche avant de devenir l’un des héros de l’une des pires batailles de la Guerre du Pacifique, Mel Gibson plonge sans ménagement dans l’essence de son cinéma de toujours. Ou comment la douceur, la paisibilité et la beauté des choses et des croyances peuvent être abîmées par la folie des hommes. Desmond Doss est un homme bon, pieux, non-violent. Ses convictions et sa vision de l’humanité fraternelle vont être mises à rude épreuve, déchirées par le spectacle d’une guerre inhumaine, cruelle, dévastatrice.tu_ne_tueras_point_2De mémoire de cinéma, on n’avait plus vu une telle furie cinématographique dans un film de guerre, depuis le Il Faut Sauver le Soldat Ryan de Spielberg. Avec peut-être le plus méconnu Frères de Sang, venu de Corée en 2004. Corps brûlés, bras, jambes et bides qui explosent, traînées de chair et sang qui gicle, viscères étalés, cadavres mutilés, Gibson ne nous épargne rien de l’horreur du front avec cette entreprise hautement immersive. Une orgie de violence qui placarde rageusement la barbarie démente des hommes au milieu de ce qui ressemblerait presque à l’enfer. Ce déferlement de violence inouïe, brutale et épique répond à la naïveté dans laquelle baignait Tu ne tueras point jusqu’à l’arrivée de son moment de bravoure « carnagesque ». Comme une opposition visuelle entre une certaine vision du paradis (quoique mélancoliquement écorné) et l’enfer aux flammes déchaînées.tu_ne_tueras_point_3Fortement teinté d’une imagerie religieuse et biblique, plus que d’un penchant patriotique qu’il esquive à merveille, Tu ne tueras point cherche davantage à sonder les âmes, à mettre en opposition les notions de Bien et de Mal, ou plutôt, comment faire le Bien au milieu des terres du Mal. En plus de questionner nos motivations les plus profondes en tant qu’être humain, ce qui nous anime, et l’importance de nos convictions qu’elles aillent dans le sens général ou qu’elles soient en réaction à l’esprit de masse dominant.268680-jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxxLe seul reproche que l’on pourra éventuellement formuler à l’encontre de cette nouvelle percée filmique de l’ami Gibson qui nous laisse sur les rotules au terme d’un déchaînement harassant, c’est cette façon quasi systématique d’en faire toujours un peu trop. A l’image d’un final ultra-théâtral, tellement appuyé qu’il flirterait presque avec une tonalité nanarde. Sans compter la lourdeur de l’imagerie christique chère au bonhomme mais plus difficile à appréhender à l’écran. Mais ces excès font partie du cinéma du cinéma « gibsonien » et quelque part, c’est pour ça qu’on l’aime aussi. Parce qu’il sait mieux que personne, filmer l’horreur sans concessions mais avec un certaine naïveté d’âme. Parce qu’il sait tellement bien distiller de la tendresse au milieu de l’insoutenable.030113-jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxxDrame humain et film de guerre visuellement impressionnant, Tu ne tueras point est une grande œuvre, un film complètement fou et sans limites, à l’image de ce qu’il illustre à l’écran. Cette guerre sans pitié, sans codes, sans morales, si ce n’est celle d’un homme qui ose assumer ses convictions quitte à y laisser de sa personne. Et c’est ce qui le rend beau dans le récit, comme un fleur éclose au milieu d’un champs de cendres. On ressort de Tu ne tueras point complètement désarçonné, secoué comme rarement par une expérience qui nous fait côtoyer le Bien et le Mal au plus près. On y laisse des plumes mais l’espoir est ce qui ressort avant tout. C’est ça Gibson. Un cinéaste intransigeant, pas toujours subtil, mais habité et d’une sincérité à toute épreuve. Tu ne tueras point est une mine, qui nous souffle sur place avec une violence implacable. Andrew Garfield est formidable, le reste du casting est au diapason, quelques touches d’humour nous rappelle Full Metal Jacket et Tu ne tueras point vient se ranger parmi les meilleures œuvres du genre, aux côtés des Platoon et autres.

LE TEST BLU-RAY DE TU NE TUERAS POINT

Pour ceux qui se sont pris Tu ne tueras point en pleine poire au cinéma, on attendait forcément l’édition Blu-ray au tournant, avec le vœu qu’elle soit à la hauteur de la furie gibsonnienne déversée sur grand écran. Bonne nouvelle, la galette HD relève le challenge. Fort d’une image impeccable rendant avec précision la virtuosité technique du film et d’un son gonflant les muscles (les personnes équipées apprécieront le 7.1 surpuissant), Tu ne tueras point est toujours aussi splendide et prenant chez soi, à condition d’avoir une installation qui suit un minimum. Côté suppléments, la galette Blu-ray alterne le meilleur et le moins passionnant. Au rayon des déceptions, les scènes coupées demeurent très anecdotiques et n’apportent rien à l’œuvre. En dehors d’un court message vidéo de Mel Gibson aussi sympathique que dispensable, on retiendra surtout le long et solide making of de plus d’une heure, plongeant dans les coulisses du film et évoquant aussi bien le travail ds comédiens et leur implication, que la naissance du projet, le tournage des scènes de guerre, le choix de l’extrême violence ou l’étroitesse du budget à disposition du réalisateur. Un régal.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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