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INTOUCHABLES – critique (comédie)

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Spectateurs

affiche-du-film-intouchables-10548633bnovkMondo-mètre :
note 8.5
Carte d’identité :
Nom : Intouchables
Pères : Eric Toledano, Olivier Nakache
Livret de famille : Omar Sy (Driss), François Cluzet (Philippe), Audrey Fleurot (Magalie), Anne Le Ny (Yvonne), Clothilde Mollet (Marcelle), Alba Gaia Bellugi (Elisa), Cyril Mendy (Adama), Dorothée B. Meritte (Eleanor)…
Date de naissance : 2011 / Nationalité : France
Taille/Poids : 1h57 – 9,5 millions €

Signes particuliers (+) : Enfin une comédie française populaire et hilarante d’un bout à l’autre avec un vrai sens du rythme, de l’écriture et du gag sans que tout soit éventé ou dans la bande-annonce. Un régal tournant les clichés en dérision, adapté d’une histoire vraie, porté par de bons comédiens et doublé d’un joli message sur le handicap.

Signes particuliers (-) : x

 

TRANCHE DE PAIN POILADE !

Résumé : Driss, enfant des citées sortant de prison, débarque à un entretien d’embauche pour s’occuper d’un riche tétraplégique. Son but ? Faire signer son papier pour toucher les Assedic et rentrer chez lui. Mais avec son regard sans compassion faussement mielleuse et son franc-parler, il sera étonnamment embauché en période d’essai malgré son absence de compétences…

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L’INTRO :

Intouchables est l’archétype du cinéma français actuel. Une comédie à base de gags, reposant sur un duo complice et basée sur un canevas on ne peut plus classique recherchant l’alliance bons sentiments et d’humour en surfant sur des valeurs et s’amusant de clichés répandus. Rien de bien novateur en somme sous le soleil du cinéma de papa, les éternels clichés étant là, l’attendrissement du public aussi, le tout porté par un duo de comédiens dont l’un est un quinquagénaire vieillissant apprécié des français et l’autre un jeune comique télévisuel à succès. Compassion larmoyante, scénario basé sur un fameux « duo que tout oppose », bref un film calibré pour un succès en salles comme à la télé où l’on se dirige vers le produit basiquement populaire estampillé TF1. SAUF QUE… Un « sauf que » qui vient s’écrire en majuscule et pour cause…

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L’AVIS :

Car au de-là de ce qu’il est, Intouchables, sans révolutionner la comédie française, est tout simplement un très bon film qui réussit avec brio là où 95% des films du genre échouent. Inspiré d’une histoire vraie émouvante (mais bien sûr largement retravaillée par rapport à la réalité) et belle de simplicité, le film du tandem Toledano/Nakache (Nos Jours Heureux) est une pure bouffée d’air frais en cet automne pointant le bout de son nez. Hilarant, Intouchables parvient à ne pas se limiter à 3 pauvres gags présents dans une bande-annonce qui dévoilerait les seuls bons moments du métrage. Car faut l’avouer, les trailer vus jusque-là ne livre en fin de compte qu’une infime partie du métrage et surtout un infime partie des nombreux moments drôles d’un film qui parvient à faire rire aux éclats d’un bout à l’autre sans relâchement, ni passages à vide. Et la voilà la réussite du nouveau film du duo qui commence à s’imposer comme incontournable sur la scène du comique cinématographique français. Enfin une comédie qui parvient à se montrer réellement drôle, enchaînant des scènes qui s’érigent instantanément au rang de « cultes » façon Les Bronzés. Des scènes qui font rire aux éclats une salle entière et qui restent une fois la projection finie au point que l’on en redemande et que l’on souhaiterait presque s’en repayer une tranche.

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Les clichés ? Oui, ils sont là. Tout oppose Driss et Philippe. L’un est un grand gaillard baraqué, plein de vitalité, l’autre est destiné à une vie morose, cloué en fauteuil roulant. L’un est amateur d’art, plein d’esprit, l’autre a pour références culturelles Earth Wind and Fire et Kool & the Gang. L’un est riche, l’autre est pauvre, l’une vient de la haute bourgeoisie, l’autre est un immigré de banlieue. Leur rencontre va être le théâtre d’une confrontation ouvrant des milliers de possibilités jubilatoirement humoristiques, jouant habilement sur les références de chacun. C’est simple, c’est beau, c’est touchant, c’est à pleurer de rire… Tous les ingrédients de la pure comédie populaire mais qui, pour une fois, sont justement dosés, savamment utilisés et parfaitement agencés question timing, sans tomber à contretemps dans le rythme. Et c’est souvent là que le cinéma français se plante encore et encore. Car au fond, il n’y a rien de honteux à faire dans la comédie populaire. De Funès, Fernandel, les films du Splendid sont autant d’exemples cultes et populaires de notre patrimoine. Le principal dégoût et matière à attaques sur ce genre d’œuvres depuis des lustres, vient du ratage systématique de produits formatés et cyniques qui ne remplissent pas leur cahier des charges sur aucun point en prenant ouvertement le public pour des ânes en leur vendant des produits mensongers sur le contenu à la force de bandes-annonces efficaces mais qui se suffisant au final à elles-mêmes sans refléter le réel produit fini. Combien de comédies fainéantes et insipides doit-on se coltiner annuellement, ne dépassant pas le stade au mieux du sympathique, au pire du pas drôle ? Combien clament s’ériger en grand moment de rigolade « avec du fond » alors que leurs deux gags et demi éculés sont éventés avant même d’avoir commencé ?

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Toledano et Nakache prennent leur sujet avec un brin d’impertinence tant il est sensible à aborder (les handicapés et le regard des gens sur le handicap) mais livrent un film honnête avec un profond respect montrant une chose simple et essentielle : le plus grand problème chez les handicapés et le regard qu’on leur accorde. Driss (bluffant Omar Sy) ne fait pas dans la compassion crasse et apitoyante. Il traite son vis-à-vis comme tout le monde, avec sincérité, sans le diminuer constamment par un regard empreint de pitié vaine et de complaisance, sans le réduire à son malheur. Le résultat donne une comédie mordante, enlevée, enjouée et pointe du doigt le plus grand défaut de notre société qui s’acharne à traiter les gens « diminués » comme tels en les renvoyant inlassablement à leur infériorité au lieu de leur accorder un regard d’égal à égal. Ce qui n’empêche pas et ne dénie pas un grand respect et une profonde tendresse.

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On pourra taxer tant que l’on veut ce Intouchables de jouer la carte de la facilité mais en attendant, rarement une comédie n’aura été aussi réussie, atteignant haut la main ses objectifs, Hilarant de bout en bout avec un grand duo complice, il s’amuse et se délecte des clichés répandus pour les tourner en dérision et en tirer des éclats de rire permanents. Les clichés, les oppositions, ont toujours été la principale inspiration pour la comédie et l’humour en général et il est important de faire la part des choses entre « facilité » et « rire des clichés ». Intouchables aura pas mal été attaqué sur ce point et c’est bien dommage car le film ne se contente pas de dérouler des gags faciles avec fainéantise mais plante son décor au beau milieu des clichés pour en tirer le meilleur de l’humour bien écrit, sachant que des clichés ne sont toujours qu’une grossissement caricaturé d’un trait réellement existant. On pourra peut-être plus le critiquer sur sa pseudo-finesse socialisante où il essaie de se hisser plus haut qu’il n’est, comme s’il n’assumait pas pleinement son statut de comédie populaire en voulant absolument le doubler d’un discours sur les différences sociales etc… Mais bon, le moment est si agréable qu’autant en profiter plutôt que le théoriser à outrance en cherchant à sans cesse extraire une patte « d’auteur » derrière un bon moment simple et efficace. Un régal de drôlerie touchante et un succès qui se confirme, Intouchables fonçant à toute vapeur sur les « ch’tieries » de Danny Boon. Ce succès est largement plus mérité car cette fois, c’est bel et bien à mourir de rire sans lui ôté une certaine finalité de discours qu’on lui reconnaît volontiers.

Bande-annonce :

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