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RAMBO LAST BLOOD d’Adrian Grunberg : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Rambo Last Blood
Père : Adrian Grunberg
Date de naissance : 2018
Majorité : 25 septembre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Action

Livret de famille : Sylvester Stallone, Paz Vega, Sergio Peris-Mencheta, Yvette Monreal…

Signes particuliers : Un cinquième opus indigne des adieux à Rambo.

RAMBO FATIGUE

NOTRE AVIS SUR RAMBO LAST BLOOD

Synopsis : Cinquième épisode de la saga Rambo. Vétéran de la Guerre du Vietnam, John Rambo va affronter un cartel mexicain après l’enlèvement de la fille d’une amie. 

Sylvester Stallone semble avoir du mal à dire adieu à ses personnages emblématiques. A plus de 70 ans, l’acteur à la voix rocailleuse et aux biscottos de la taille d’un parpaing essaie de passer le flambeau, mais dieu que c’est dur de lâcher ses mythes. A travers Creed, il essaie de lâcher en douceur Rocky Balboa, le boxeur qui a fait décoller sa carrière. Avec Last Blood, il essaie maintenant de dire adieu à Rambo, le vétéran du Vietnam qui a fait de lui un héros d’action. Du moins, c’est ce que l’on croit avec ce cinquième volet en trompe-l’œil puisque désormais, le Sly évoque en tournée promo, l’idée d’un nouveau film centré sur la jeunesse du personnage. Au moins, on est sûr qu’il ne l’interprètera pas. Bref, une chose est certaine, si Stallone a su magnifiquement boucler Rocky, il a beaucoup plus de mal à faire proprement les choses avec Rambo. D’autant qu’il n’est que devant la caméra et pas derrière comme ce fut le cas sur le précédent John Rambo. Et ça se sent.

Il y avait plein de choses à faire pour dire au revoir au mythique Rambo, vétéran traumatisé du Vietnam qui a toujours été accompagné par ses démons. Mais visiblement, il était écrit que cette figure légendaire du cinéma d’action aurait une fin à la mesure de sa vie fictive : dramatique. Réalisé sans âme par un Adrian Grunberg qui passe de sympathique exécutant du Kill the Gringo avec Mel Gibson à faiseur d’esbroufe paresseux se contentant de cocher des cases sur un cahier des charges franchement peu fourni, Last Blood transporte Rambo sur les terres de la série B indigente dans ce qui pourrait s’apparenter à un DTV de luxe indigne de ce à quoi il s’attaque. Sur la foi d’un scénario rectiligne qui repousse les limites de l’expéditif lapidaire et semble avoir été pondu par un ado de 13 ans, Last Blood déroule une énième histoire de vengeance en poursuivant un seul but, une violence toujours plus brutale, comme s’il s’agissait là de l’unique caractéristique propre à la mythologie Rambo. Alors oui, Last Blood est barbare, oui les cadavres s’empilent sur le chemin du personnage car faut pas énerver un Rambo qui dort, et oui on a droit à de la hargne, du sang qui gicle et des pièges mortellement ingénieux. Mais en dehors d’une longue scène d’affrontement façon Fort Alamo croisé avec le final de Scarface, laquelle est aussi mécanique que peu inspirée, il n’y a strictement rien pour épauler un opus d’une gratuité et surtout d’une vacuité affligeante.

Le carnage commence dès les premières minutes où l’on retrouve un John Rambo affublé d’une pseudo famille de fortune sortie de nulle part et proprement inventée pour lui dénicher une histoire propice à l’émotion. De là, tout le script va développer des trésors d’ingéniosité pour se charger constamment en stupidité dévastatrice. Tout est tiré par les cheveux, écrit avec la finesse d’un rhinocéros lâché dans une fête foraine, aucune psychologie du personnage est programmée, Rambo étant juste réduit grossièrement à son côté torturé lourdement rappelé au détour de 2-3 motifs pachydermiques. Aucun effort n’a été fait pour lui créer une évolution (le film se borne à faire dans la redite du 4). Et si Rambo n’a pas de psychologie, autant dire que ceux qui l’entourent, c’est pire. A commencer par une journaliste mexicaine jouée par Paz Vega, qui ne sert strictement à rien, voire se révèle source d’incohérences (sa deuxième apparition est un must d’inutilité). Et au-delà d’un script mal endimanché qui se contente du minimum narratif ? Rien. Le premier disait quelque chose sur l’Amérique. Ce dernier qui lui fait ouvertement référence (First Blood vs Last Blood) ne cherche jamais à faire preuve d’un soupçon d’intelligence. Il ne dit rien, ne raconte rien et n’apporte rien à la saga, en plus de lui plomber ses adieux avec un ultime baroud tellement quelconque, qu’il fait peine à voir.

C’est là que certains pourraient être tentés de dégainer la carte « divertissement fun ». Après tout, c’est Rambo, c’est juste pour se distraire. Peut-être, mais distraction et intelligence ne sont pas des termes incompatibles et le premier l’avait bien prouvé en son temps. C’est peut-être pour cela d’ailleurs qu’il est devenu culte. Même ses (moins bonnes) suites avaient un vague propos déguisé. Ici, en dehors de dire que Rambo est toujours un écorché traumatisé à 70 balais et que le Mexique c’est pourri et violent, tout tourne à vide comme un vieux moulin à vent délabré. Quand on pense aux possibilités imaginables pour associer ce personnage antisystème avec le visage de l’Amérique actuelle, on ne peut que se bouffer les doigts de voir le personnage ainsi réduit à rien, à un simple héros lambda qui s’agitent en butant du mexicains façon purée de guacamole. C’est même justement ce vide absolu sous ses pieds qui rend ce Rambo usé (tiens, encore une piste non explorée) terriblement peu iconique et attachant dans ce dernier chapitre. « Rambo peu iconique », un comble quand même !

Au final, le meilleur moment de cet ultime opus de la saga version Stallone à l’écran, est le générique de fin, sorte de clip tribute rendant largement hommage à la trilogie initiale et au personnage à travers les années. Un court moment de plaisir avant un dernier coup de grâce, quand ledit clip se met à nous remontrer les « meilleurs » moments de ce 5ème volet. Comme si le calvaire n’avait pas suffi une fois.

BANDE-ANNONCE :

Par David Huxley

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