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MA FILLE de Laura Bispuri : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Figlia Mia
Père : Laura Bispuri
Date de naissance : 2017
Majorité : 27 juin 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Italie
Taille : 1h37 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de famille : Valeria Golino, Alba Rohrwacher, Sara Casu…

Signes particuliers : Un drame qui désamorce sa puissance émotionnelle.

DUEL DE MÈRES AU SOLEIL

LA CRITIQUE DE MA FILLE

Résumé : Vittoria, dix ans, vit avec ses parents dans un village reculé de Sardaigne. Un jour de fête, elle rencontre Angelica, une femme dont l’esprit libre et l’attitude provocante tranchent avec le caractère posé de sa mère, Tina. Vittoria est fascinée, mais sa mère ne voit pas d’un bon œil ses visites de plus en plus fréquentes à la ferme où Angelica vit comme hors du monde. Elle ne sait pas que les deux femmes sont liées par un secret. Un secret qui la concerne, elle…

Valeria Golino face à Alba Rohrwacher. C’est une sacré conjugaison de talents que propose Ma Fille, nouveau long-métrage de la réalisatrice transalpine Laura Bispuri (Vierge sous Serment) qui avait concouru à l’Ours d’Or au dernier festival de Berlin. Dans ce drame bousculant le schéma parental traditionnel très cher à la culture italienne, la cinéaste y oppose une maman et une putain (bonjour Jean Eustache) et observe les interactions qui vont lier une poignée de personnages sur fond de tragédie familiale. Dans une contrée perdue de Sardaigne, Vittoria, dix ans, vit une relation fusionnelle avec sa mère Tina (Valeria Golino), femme sage, maternelle et aimante, incarnation parfaite de la mamma italienne d’aujourd’hui. Mais sa rencontre avec l’exubérante Angelica (Alba Rohrwacher) au détour d’une fête de village, va bouleverser son équilibre. L’excentrique Angelica est l’exact opposé de sa mère. Au coeur de cette tempête émotionnelle qui va soudainement souffler sur cette campagne aride, Vittoria va découvrir le secret qui unit cette femme dépravée vivant loin du village au milieu des animaux de sa ferme, et sa mère soudainement angoissée par les visites fréquentes de sa petite chez cette femme qu’elle semble apprécier mais de loin.

Prenant pour appui une sorte de néo-réalisme revisité, Laura Bispuri déploie un récit qui frappe par sa pudeur et sa sensibilité à fleur de peau, mais surtout par les différentes strates thématiques qui viennent s’y superposer. Le spectateur suit autant le parcours d’identification de la petite Vittoria prise en étau entre ces deux mères de sang et d’adoption, que les questionnements sur la force des liens d’amour et de chair, la définition même de la place de « mère », ou sa position en société. Entre les lignes, il est possible de voir plein de détails qui tentent d’épaissir cette oeuvre touchante. Mais ces détails satellitaires ne suffiront pas car Ma Fille a un problème, l’axe autour duquel ils gravitent.

Au centre de ses tentatives de propos, Ma Fille est plombé par son affreux manque d’enjeux narratifs, qui l’empêche autant de prendre son envol émotionnel, qu’il ne contraint ses efforts pour développer les thématiques qu’il souhaite mettre en exergue. Laura Bispuri finit par tourner en rond autour d’un sujet qui dévoile très vite aussi bien son coeur que ses limites. Si le moteur de l’histoire posé par la cinéaste est intéressant, son scénario n’a pas beaucoup de carburant pour l’alimenter et rapidement, Ma Fille cale, incapable de pouvoir avancer faute de ressorts narratifs autres qu’un simple postulat. L’époustouflante performance de ses comédiennes tente de faire illusion mais doucement, Ma Fille glisse dans l’anecdotique errant autour d’un noeud dramatique usité illustré selon des codes un peu chichiteux.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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