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LE RETOUR de Catherine Corsini : la critique du film [Cannes 2023]

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Nom : Le Retour
Mère : Catherine Corsini
Date de naissance : 2023
Majorité : 12 juillet 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h24 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Aïssatou Diallo SagnaEsther GohourouSuzy Bemba

Signes particuliers : On aime le cinéma de Catherine Corsini. 

Synopsis : Khédidja travaille pour une famille parisienne aisée qui lui propose de s’occuper des enfants le temps d’un été en Corse. L’opportunité pour elle de retourner avec ses filles, Jessica et Farah, sur cette île qu’elles ont quittée quinze ans plus tôt dans des circonstances tragiques. Alors que Khédidja se débat avec ses souvenirs, les deux adolescentes se laissent aller à toutes les tentations estivales : rencontres inattendues, 400 coups, premières expériences amoureuses. Ce voyage sera l’occasion pour elles de découvrir une partie cachée de leur histoire.

LE RETOUR MOUVEMENTÉ DE CORSINI

NOTRE AVIS SUR LE RETOUR

Nouveau long-métrage de la prolifique Catherine Corsini deux ans après La Fracture, Le Retour a déboulé dans le grand bain cannois accompagné d’une polémique assassine concernant certaines zones troubles sur ses conditions de tournage. Une polémique qui a vite fait de dépasser le film lui-même relégué dans la marge, et c’est bien dommage. Dommage car si ce nouveau long-métrage ne méritait pas forcément quelque chose au moment de dresser le palmarès final (ni une sélection en compétition officielle d’ailleurs), il n’en reste pas moins pour autant un bon film d’une réalisatrice qui a enchaîné les réussites ces dernières années (La Belle Saison, Un Amour Impossible).

Le Retour, c’est un retour vers un passé compliqué, un retour vers des terres chargées en souvenirs, un retour dans des histoires personnelles. A l’aube de l’été, Khédidja accepte comme job saisonnier de s’occuper des enfants d’une famille parisienne en vacances en Corse. L’île qu’elle a quitté dans des circonstances tragiques il y a quinze ans avec ses deux filles nées là-bas. Ce voyage -initiatique pour certaines- va faire imploser le microcosme familial entre découvertes, non-dits et traumas du passé qui remontent à la surface.

Avec Le Retour, Catherine Corsini donne l’impression de compiler en un seul film quelques-unes des principales thématiques qu’elle a pu déjà aborder dans plusieurs de ses derniers longs-métrages. L’impossibilité d’une vie de couple (cf Un Amour Impossible), l’apprentissage de l’homosexualité (La Belle Saison), la lutte et les rapports de classes (La Fracture), le poids des secrets sur la conscience (Trois Mondes), le déracinement comme nouveau départ (Partir)… Beaucoup de sujets se croisent et s’entrechoquent dans Le Retour mais jamais la cinéaste ne donne l’impression de les maltraiter, de les survoler ou de les noyer dans un trop-plein. Au contraire, son film affiche une réelle maîtrise narrative où tout s’emboîte dans une sorte de teen movie dramatique respirant le bon air de l’été et la lourdeur moite de drames enfouis profondément qui ressurgissent. De nombreux enjeux se télescopent dans un récit qui se densifie progressivement, chez cette mère qui a caché son passé à ses filles, chez ces filles qui gèrent différemment leurs existences fragmentées ou incomplètes. Le film questionne le poids des racines, le sentiment d’appartenance, le besoin d’indépendance, le passage de l’adolescence à l’âge adulte, les premières découvertes, le combat contre le déterminisme…

Certes, Catherine Corsini ne réussit pas tout. On pourra lui reprocher certains poncifs surlignés, certains lieux communs, une mise en scène très didactique ou la dilution de la puissance de son film dans une œuvre familiale qui a du mal à concentrer ses objectifs et qui les aligne dans un riche programme balisé. Plein de petits défauts qui font de son « retour », un retour en mode mineur, à plus forte raison au sein de l’exigeante « compétition officielle ». Mais dans ses contours (peut-être un peu grossiers), Le Retour n’est pas déméritant, pas dépourvu d’émotions, de sensations. Il s’en dégage un parfum d’apaisement, un souffle de réconciliation, une certaine légèreté qui tente de jaillir au sein d’un multi-drame. On apprécie l’évidente sincérité de l’effort malgré ses manquements. Et au passage, on soulignera la très belle interprétation de Aïssatou Diallo Sagna, comédienne non professionnelle révélée par Corsini dans La Fracture, et qui confirme un vrai talent pour le métier.

Par Nicolas Rieux

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