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CHEVAL DE GUERRE (critique)

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Carte d’identité :
Nom : War Horse
Parents : Steven Spielberg
Livret de famille : Jeremy Irvine, Emily Watson, Peter Mullan, Niels Arestrup, Tom Hiddelston, David Thewlis, Benedict Cumberbatch, Toby Kebbell…
Date de naissance : 2011
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 2h27 – 90 millions $

Signes particuliers (+) : L’idée courageuse de faire d’un cheval le fil conducteur. Certains passages, plans ou séquences épiques.

Signes particuliers (-) : Long, peu inspiré. Manque de saveur, d’implication et d’ambition. Un Spielberg en petite forme. Trop désintéressé et prévisible.

 

L’ADO QUI MURMURAIT À L’OREILLE DES CHEVAUX

Résumé : Le destin incroyable d’un cheval traversant les aventures en pleine guerre Première Guerre Mondiale…

Coincé quelque part entre son ambitieuse adaptation de Tintin et ses prochains méga-projets à venir, le biopic sur Lincoln et surtout le SF Robopocalypse, Steven Spielberg, décidément de plus en plus hyperactif aussi bien derrière la caméra que dans un rôle de producteur, a trouvé le temps de mettre en boîte ce plus modeste (enfin modeste, c’est Spielberg donc 66 millions de dollars) Cheval de Guerre, fresque épique animalière suivant le destin d’un cheval à travers la Première Guerre Mondiale. Adaptation d’un roman de Michael Morpugo découvert lors d’une représentation de la pièce par la productrice attitrée du metteur en scène Kathleen Kennedy, Cheval de Guerre délaisse les traditionnels récits humains ou récits animaliers où l’animal concerné est rattaché à un être humain précis et identifiable, pour une histoire s’échelonnant sur plusieurs années mais suivant un cheval en tant que protagoniste principal, traité comme le serait un être humain à part entière. Si ce dernier opus en date de Spielberg apparaît comme commercialement mineur au niveau marketing ou de sa production, comme chaque film du réalisateur, il est en réalité une grosse superproduction (mais à budget plus réduit) en termes d’ambition.

Fresque héroïco-lyrique pleine de bons sentiments, Cheval de Guerre est presque un film inclassable. Récit semblant se diriger vers un public plus jeune à l’image de quelques-uns des protagonistes évoqués, il comporte une facette plus adulte, Spielberg dressant une nouvelle fois un sombre portrait dur de la guerre, cette fois-ci, la Première Grande Guerre de 14-18. La boue, la noirceur, les teintes grisâtres d’un monde ravagé par le chaos et la destruction, déshumanisé humainement et visuellement et où chacun « a perdu quelque chose », plusieurs éléments participent d’une certaine dureté de ton masquée et atténuée par une volonté du cinéaste de donner un ton résolument plus joyeux et positif à ce qui revêt finalement plus les apparats du grand film d’aventures que du film de guerre, cherchant à exalter les émotions fortes. Et dans ce sens, le cinéaste cherche à donner un aspect romanesque à une intrigue riche et presque littéraire, comme découpée en chapitres écrits, passant d’une histoire à l’autre au gré des péripéties d’un cheval unique, particulier, comme un héro pour sa race. Ce cheval est la star centrale de Cheval de Guerre et plus généralement une star tout court puisqu’il s’agit du même animal vedette que celui du film Seabiscuit.

Pour peu d’être passionné de chevaux, autant dire que Cheval de Guerre vous emportera rapidement par son traitement proche et « humaniste » envers une bête comme on voudrait tous en avoir. Mais qu’en est-il pour les autres ? Si le traitement, le sujet et les visuels peuvent rebuter, autant rappeler d’emblée qu’il s’agit là… d’un film de Steven Spielberg. Et en grand conteur qu’il est, le cinéaste a toujours su capter le public, trouver le moyen de l’impliquer, de l’emmener dans son univers, dans son récit, de le cueillir pour le plonger dans une histoire forte et riche. Une fois de plus, il parvient ce tour de force mais, peut-être par paresse, plus péniblement. Cheval de Guerre n’est pas le genre de film auquel on adhère facilement. Longuet, laborieux dans sa mise en place, il réussit tout de même au fil des aventures passionnées s’enchaînant, à attirer comme un aimant, comme une force mystérieuse inexplicable. Et comme à son habitude, Spielberg parvient, si ce n’est début alors à la longue, à nous entraîner follement dans son intrigue « émouvante ». La grande épopée contée finit par être vécue, par faire vibrer par moments par la force des images splendides, par la force du talent d’un artiste majeur de sa génération sachant huiler sa mécanique comme personne pour la rendre efficace selon ses intentions.

Mais pour autant et malgré certains passages de grandes qualités, Cheval de Guerre ne restera pas le meilleur film de son auteur, voire même un film mineur comme dit précédemment et pas seulement en termes marketing cette fois-ci. Comme emballé un peu à la va-vite malgré un long temps de préparation (à se demander comment l’ami Steven peut faire autant de choses en si peu de temps !) Cheval de Guerre apparaît comme truffé de maladresses peu habituelles au cinéaste. Un peu trop paresseux, manquant d’émotions et de poésie, ce dernier métrage en date semble vide dans son âme. Laissant une impression mitigée à mi-chemin entre l’envie de l’aimer et la déception, ce joli conte peine à intéresser passionnément, amoureusement, peine à faire l’étalage de la maestria du génie qui d’ordinaire livre des œuvres plus intenses ayant la faculté d’apporter du rêve, de la magie. Et ce sont ces deux choses qui manquent peut-être le plus. Non pas que Spielberg ne les propose pas mais elles apparaissent faussement préfabriquées, peu naturelles et gracieuses. En dépit de ses efforts que l’on perçoit au détour de passages somptueux, Cheval de Guerre alterne le bancal et le très correct mais sans jamais nous évader des murs de la salle de cinéma. Notre Steven connaît les trucs et astuces pour rechercher et atteindre le merveilleux mais le mariage est ici un brin balourd, un brin trop prévisible, trop calculé. Et la fluidité des grandes œuvres à l’hollywoodienne façon John Ford ou Victor Fleming de ne pas se retrouver dans ce War Horse qui se regarde avec plaisir mais seulement d’un œil.

Bande-annonce :

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