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BOULEVARD de Dito Montiel : la critique du film

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4 BoulevardMondo-mètre
note 3 -5
Carte d’identité :
Nom : Boulevard
Père : Dito Montiel
Date de naissance : 2014
Majorité : 18 mai 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h28 / Poids : 27.000$
Genre : Drame

Livret de famille : Robin Williams, Kathy Baker, Roberto Aguire…

Signes particuliers : L’ultime film de l’immense Robin Williams.

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LA CRITIQUE

Résumé : Si Nolan et sa femme Joy vivent sous le même toit, ils font chambre à part depuis longtemps. Employé de banque modèle, Nolan affiche pourtant un air absent et se montre insensible à une promotion. Rien ne semble pouvoir combler le vide de son existence. Un soir, alors qu’il circule le long d’une avenue déserte, il fait la rencontre de Léo, jeune homme écorché. Rattrapant le temps perdu, Nolan retrouve un nouveau sens à sa vie et décide enfin de ne plus se mentir..Robin-Williams-BoulevardL’INTRO :

Clap de fin pour l’inoubliable Robin Williams. Deux ans après la mort du comédien tant aimé, l’un de ses derniers films tournés s’apprête à sortir dans nos salles obscures. L’occasion de vraiment dire au revoir à une légende partie trop tôt mais à jamais dans nos cœurs. Boulevard est un petit drame fragile réalisé par Dito Montiel, cinéaste méconnu dont la carrière avait débuté en 2006 avec Il Etait une Fois le Queens, succès de festivals emmené par Robert Downey Jr, Shia LaBeouf et Channing Tatum. Depuis, une poignée de longs-métrages peu médiatisés puis ce Boulevard en 2014, remarqué au festival Gay et Lesbien de Los Angeles, à Tribeca ou à Sundance, et qui semble étrangement peiner à faire parler de lui malgré la présence de son icône disparue.Robin-Williams-Kathy-Baker-BoulevardL’AVIS :

Bien connu pour ses exploits comiques qui ont ravi des générations entières (même si sa brillante carrière ne se résume pas à eux), c’est un Robin Williams plongé dans le drame que l’on retrouve avec Boulevard. Un Robin Williams qui incarne un mari dévoué, soumis à la vie terne et sans remous qu’il s’est construite depuis si longtemps. Et c’est justement tout le problème. Sa rencontre avec Leo, un jeune garçon écorché qui se prostitue dans les bas-fonds de Nashville dans le Tennessee, va pousser Nolan (Robin Williams) à cesser de se mentir à lui-même, a envisagé la possibilité d’enfin remplir le vide dans lequel aura été suspendue son entière existence. Profondément intimiste et jouant la carte de la sourde poésie douce-amère, Boulevard est une œuvre curieuse, à cheval entre le désespoir et la lumière.Boulevard_robin_williamsQu’il est difficile de voir Robin Williams dans Boulevard. Non pas que le film de Dito Montiel soit raté, mais sa sortie tardive résonne étrangement avec une réalité déchirante laissant poindre des larmes. En interprétant un homme ainsi assujetti à la mélancolie et à la tristesse de sa vie insatisfaisante, la frontière entre la fiction et la réalité se brouille sous nos yeux, devant ce drame crépusculaire à la résonnance tragique. Robin Williams incarne Nolan mais quelque-part, Nolan est un peu Robin Williams. Un homme triste, un homme abattu, un homme presque fantomatique, qui traverse sa vie plus qu’il ne l’a vit vraiment tant il en est déconnecté par sa déprime latente prenant pas à pas le dessus. Si Boulevard n’est pas un très grand film, probablement un peu étouffé par son manque d’ambition et une approche de son sujet trop en surface, reste un acteur qui le valorise. Car Robin Williams y livre une exceptionnelle et poignante performance, dévastatrice et à fleur de peau, tout en délicatesse et en subtilité. Peut-être parce qu’il se reconnaissait dans son personnage, du moins sur certains points, on a l’impression de le voir se fondre dans cet effort minimaliste, qui n’aura même pas coûté 30.000$. Une preuve que Robin Williams ne l’aura pas tourné pour l’argent mais avec la réelle volonté d’embrasser pleinement la sensibilité de ce personnage à la triste apathie. Face à lui, le jeune Roberto Aguire se met au diapason et émeut.boulevard_robin_williams_3Boulevard aurait pu être un grand film. Mais réduit autant par ses contraintes budgétaires que par ses maladresses narratives, le drame de Dito Montiel peine à développer son histoire comme elle l’aurait méritée et laisse sur un sentiment d’inachevé. Et en plus de se voir forcé de la rétrécir au plus strict minimum, le cinéaste est à la peine dans sa construction et sa progression, laissant entrevoir en fond où il cherche à en venir, sans toutefois savoir trop comment y parvenir de manière habile. Entre raccourcis, stéréotypes et inconstance, Boulevard tâtonne beaucoup et n’avance pas très bien, malgré des moments de grâce pure. Illustrant le poids écrasant qui torture ces homosexuels ayant toujours étouffé leur nature profonde par peur de l’assumer aubgrand jour (et le film métaphoriquement de se passer souvent dans l’ombre de la nuit), Boulevard vaut surtout le détour pour son comédien fascinant. Il n’empêche qu’on saura lui entrevoir d’autres qualités. Une pudeur touchante, une mise en scène soignée, un fond psychologique intéressant. Et si l’on regrettera seulement de ne pas le voir mettre en scène tout cela avec davantage de talent d’écriture, s’il paraîtra par moments comme un court ou plutôt moyen-métrage difficilement étiré en long, on ne manquera pas de le conseiller, ne serait-ce que pour sa puissance intermittente et pour cette incarnation d’un Robin Williams en plein spleen bouleversant.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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