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WALL CINÉ PICTURES n°43 : Faust, La Garçonnière, Jacques Prévert

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Au menu du ciné-club ce samedi, un chef-d’oeuvre de Murnau, l’un des plus beaux films de Billy Wilder, et le cinéma de Jacques Prévert de retour sur grand écran.

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FAUST
De F. W. Murnau – (1926)
Genre : Drame fantastique – Allemagne
Avec : Gösta Ekman, Emil Jannings, Camilla Horn
En Blu-ray le 06 mars 2018

Synopsis : Tourmenteur de l’humanité avec la guerre, la peste ou la famine, Méphisto considère que la terre lui appartient. L’Archange Gabriel lui évoque le nom de Faust, un vieux savant, un juste dont la vie entière est la preuve que la terre n’est pas totalement soumise au Mal. Méphisto promet de détourner de Dieu l’âme de Faust. Alors la terre sera tienne, promet l’Archange… Dans son village décimé par la peste, Faust, désespéré, trouve un grimoire lui permettant d’invoquer le Diable, et signe avec lui un pacte de 24 heures pour sauver les malades. Mais les villageois s’en aperçoivent et veulent le lapider. En proie au suicide, Faust accepte une nouvelle proposition de Méphisto : retrouver sa jeunesse en échange de son âme…

En adaptant la célèbre pièce de Goethe tirée d’un célèbre conte populaire germanique, Murnau signa l’un des grands chefs d’œuvre de sa carrière. Avec Faust, le cinéaste allemand convoque des réminiscences du cinéma expressionniste dont il fut l’un des grands artisans, et les associe à un style qui va plonger éperdument dans l’essence de l’histoire de ce pari entre l’Archange et le Diable, pour prouver que l’homme est intrinsèquement noir, mauvais et corruptible. Pour se faire, Murnau va sans cesse jouer avec les contrastes pour illustrer l’opposition entre le Bien et le Mal qui domine ce pari existentialiste. Contraste philosophique entre le cynisme de la pensée de Méphistophélès et l’histoire d’amour qui va la combattre, contraste dans les jeux de lumières exploitant toutes les nuances de noirs et de gris possibles, contrastes architecturaux dans les décors, ou encore contrastes picturaux entre une utilisation magistrale des possibilités de mouvements de l’outil cinématographique et l’instantanéité de photogrammes uniques élaborés comme des toiles de maître faisant ouvertement références aux travaux de Rembrandt ou Vermeer. Faust est un jeu permanent qui instille la dualité de son récit dans toutes les pores du film. D’une beauté à se damner (sans mauvais jeu de mot) et d’une intelligence fascinante dans la manière qu’il a d’étudier la complexité des êtres humains, Faust incarne à lui seul, le formidable pouvoir du cinéma de Murnau, génie de l’imaginaire, du romanesque, du poétique tragique, mais aussi de la peinture de ses semblables. Un bijou à redécouvrir dans une magnifique version Blu-ray éditée par Potemkine, riche de nombreux suppléments. Outre un livret de 48 pages enrichi d’extraits de livres de Rohmer et Lotte H. Eisner (L’Écran démoniaque), on y retrouve plusieurs partitions musicales accompagnant le film, un long documentaire de 53 minutes dédié au classique de Murnau et un entretien avec Elizabeth Brisson qui évoque le mythe de Faust (exclusif au Blu-ray). Une édition indispensable !

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LA GARÇONNIÈRE
De Billy Wilder – (1960)
Genre : Comédie romantique – USA
Avec : Jack Lemmon, Shirley MacLaine, Fred MacMurray
Sortie en Blu-ray Collector le 27 février 2018

Synopsis : CC Baxter est l’un des milliers d’employés d’une grande compagnie d’assurance new-yorkaise. Il a réussi à obtenir les faveurs de ses supérieurs en leur prêtant sa garçonnière. Ils peuvent y emmener en toute discrétion leurs conquêtes d’un soir. Un jour, le chef du personnel lui réclame à son tour les clés de l’appartement. CC ignore que c’est pour y emmener Fran, la liftière de la compagnie, dont lui-même est amoureux.

On serait tenté de dire que La Garçonnière est probablement l’un des plus beaux films de Billy Wilder. Mais ce serait faire offense à Certains l’aiment Chaud, Sunset Boulevard, Le Gouffre aux Chimères ou encore Irma la Douce et on en passe. C’est tout le problème avec Wilder, trop de chefs-d’œuvre dans une seule et même carrière. Une chose est sûre, le film était l’un des préférés de son auteur, et pas seulement parce qu’il s’illustra avec 5 Oscars, dont celui du meilleur film. Délicieuse comédie de mœurs aussi drôle, qu’émouvante et d’une magnifique de subtilité, La Garçonnière est une remarquable étude humaine toute en finesse et en intelligence, parlant de la solitude dans les grandes villes et des rapports de classes via l’égoïsme des puissants qui exploitent la gentille naïveté des plus faibles. Tout cela à travers une comédie romantique teintée de mélancolie et d’amour, magnifiant la rencontre de deux âmes esseulées dont l’intime désespoir va trouver un écho l’un chez l’autre. Et comme souvent chez Billy Wilder, la comédie va glisser vers la satire, cette fois sur les milieux d’affaires américains au petit cynisme médiocre. Réunissant la délicieuse Shirley McLaine et l’immense Jack Lemmon, La Garçonnière est une merveille de tendresse, d’humanité et d’humour, inspiré selon ses dires, par une anecdote réellement vécue par Tony Curtis racontée à Wilder. Un film parfait ou presque qui fait peau neuve avec une fabuleuse réédition en Blu-ray collector. Proposée par Rimini Productions, cette nouvelle édition HD magnifiée par un nouveau Master restauré est agrémentée de nombreux bonus de grande qualité. On y retrouve un long et passionnant échange de 45 minutes entre Mathieu Macheret (Le Monde) et Frédéric Mercier (Transfuge), une interview de la comédienne Hope Holiday (13 min.) qui tenait un rôle secondaire dans le film, un sujet sur la collaboration entre Billy Wilder et Jack Lemmon (qui avaient déjà travaillé sur Certains l’aiment chaud et qui se retrouveront pour Irma la Douce ou Avanti !), un autre entièrement dédié au génie de l’immense acteur qu’était Jack Lemmon, mais aussi un focus sur le tournage du film et un livret de 32 pages. Formidable !!!! Billy Wilder était l’un des plus grands, La Garçonnière en fut l’énième démonstration et l’on ne se lassera jamais de sa poésie.

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PRÉVERT FAIT SON CINÉMA
Au cinéma le 21 février 2018

Poète à la plume unique parmi les plus célèbres du XXème siècle en France, Jacques Prévert aura apporté une immense contribution au cinéma, des années 30 au début des années 80. Des adaptations, des dialogues, des scénarios, l’œuvre de Prévert est colossale et Tamasa Distribution a décidé de lui redonner un coup de projecteur avec une rétrospective en 12 films et 5 courts-métrages, à redécouvrir sur grand écran. Il y a les classiques, en collaboration avec Marcel Carné par exemple tels que le mélancolique Le Jour se Lève, le fascinant Les Portes de la Nuit ou l’extraordinaire Les Enfants du Paradis, mais aussi l’intrigant Les Disparus de Saint-Agil, le romanesque Remorques avec le couple Gabin-Morgan, le captivant Le Crime de Monsieur Lange de Renoir ou le tragique Les Amants de Vérone.  Et il y a  les films plus méconnus, comme Si J’étais le Patron ou Un Oiseau Rare de Richard Pottier, comme Jenny de son compère Carné, comme l’animé Le Roi et L’Oiseau… Beaucoup de bonnes choses, beaucoup de dialogues subtils, de scénarios formidables et de grands comédiens toutes générations confondus. A travers cette rétrospective, on croisera des légendes, Pierre Brasseur, Arletty, Michèle Morgan, Charles Vanel, Eric von Stroheim, Michel Simon, Jean Gabin, Jean-Louis Barrault ou Serge Reggiani, mais aussi des contemporains à leurs débuts, comme Jean-Pierre Jeunet, Dupontel, Audrey Tautou, Mathieu Kassovitz, ou Marina Foïs. Prévert, c’est du caviar et c’est un festival de chefs-d’oeuvre à redécouvrir sur grand écran !

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A samedi prochain !

Par Nicolas Rieux

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