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THE WANDERING EARTH de Frant Gwo : la critique du film [Netflix]

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Spectateurs

La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Liu Lang Di Qiu
Père : Frant Gwo
Date de naissance : 2018
Majorité : 30 avril 2019
Type : Disponible sur Netflix
Nationalité : Chine
Taille : 2h05 / Poids : NC
Genre : SF

Livret de famille : Jing Wu, Qu Jingjing, Guangjie Li…

Signes particuliers : Un grand spectacle SF arrivé discrètement sur Netflix.

LA SCIENCE-FICTION CHINOISE SECOUE NETFLIX

LA CRITIQUE DE THE WANDERING EARTH

Synopsis : Alors que les Terriens cherchent une nouvelle étoile, une collision avec Jupiter menace leur planète, dont le destin repose désormais sur des héros inattendus.   

Netflix ne se contente pas de produire des séries et films à succès, la plateforme américaine en achète aussi à la pelle. Dernier en date, The Wandering Earth, un blockbuster de science-fiction qui a connu un colossal succès au box office chinois en début d’année. Produit pour la bagatelle de 50 millions de dollars (une goutte d’eau pour Hollywood mais une somme pour l’Empire du Milieu), ce troisième long-métrage de Frant Gwo nous embarque dans une aventure spatiale particulièrement excitante. Dans un futur proche, la Terre se meurt. Pour contrer cette extinction programmée alors que notre propre soleil devient menaçant, les Nations se regroupent pour mettre en branle un projet hallucinant : transformer notre belle planète bleue en un vaisseau spatial à part entière. L’idée est de construire des super-moteurs monumentaux pour la faire voyager en direction de Proxima du Centaure, le système planétaire le pus proche de notre système solaire. Et ainsi l’éloigner de notre soleil prêt à nous péter à la gueule. Bon, scientifiquement, c’est du bon gros portnawak mais à la limite, on a envie de dire qu’on s’en fout, le but est d’en prendre plein les mirettes avec un spectacle SF totalement dingo.

Ce n’est pas parce que c’est chinois que c’est de la camelote bon marché. Voilà ce que l’on pourra retenir de ce The Wandering Earth, superproduction qui regarde droit dans les yeux le voisin ricain sans faire preuve de complexes. Si le film se perd un peu parfois en route, si ses désirs de gigantisme l’amènent à commettre quelques maladresses, si son scénario n’est pas ultra-peaufinné et si l’on est par moments noyés par les couches d’ambitions et de SFX à gogo, le blockbuster délirant de Frant Gwo n’en est pas moins pour autant une sacrée surprise étourdissante. Dense avec ses deux heures de grand spectacle tonitruant, The Wandering Earth est une pluie de morceaux de bravoure ahurissants qui impose vite la question de savoir comment un machin pareil a pu être produit pour seulement 50 millions de dollars là où le cinéma yankee aurait sûrement fait exploser tous les compteurs. D’autant que visuellement, The Wandering Earth est assez impressionnant et ne se contente pas d’aligner les fonds verts expédiés à coups de palettes graphiques semi-fonctionnelles. Au contraire, le film de Frant Gwo affiche un look assez sidérant avec des effets spéciaux qui font plus que tenir la route, travaillés à la fois dans leur généralité que dans les détails. En résulte un sentiment d’immersion qui fait plaisir à voir.

Côté scénario, on sent que l’on est dans une production chinoise. Le film n’hésite pas à louer l’héroïsme et le courage national, de la même manière que le cinéma américain mais avec sa propre sensibilité et ses codes. Là où ce dernier pèche en revanche, et le point sur lequel il avait une belle marge de progression pour faire de ce The Wandering Earth un petit classique du genre, c’est dans sa vitesse d’exécution. C’est un problème récurrent des blockbusters chinois, vouloir en donner pour son argent à un public qui n’aime pas que l’on se foute de sa gueule. Le cinéma hollywoodien n’hésite pas à s’offrir des budgets dépassant les 200 millions sans qu’on les retrouve à l’écran. Le public chinois a toujours exigé que le coût soit à l’image et non dans des dépenses invisibles ou des cachets de stars délirants. Résultat, les 50 patates du film ont servi à créer un univers dément et un spectacle continuel qui envoie le bois pendant deux heures sur un rythme effréné. Juste un peu trop effréné. Typique des productions à grand spectacle chinoises, The Wandering Earth cavale à deux mille à l’heure et ne se repose jamais. Si l’on voudrait louer l’idée dans l’absolu, reste que le script ne s’embarrasse pas d’élaborer un récit bien ficelé et explicatif, pas plus qu’il ne ménage des instants pouvant créer l’émotion. Tout est pensé de manière très sommaire avec un souci de générosité du spectacle qui surplombe tout, y compris la finesse des personnages, des situations ou des enjeux. Des poncifs suffiront pour faire passer la pilule pense t-on du côté de Pékin.

Mais malgré cette confusion narrative et ce souci de vitesse frénétique permanent (on aurait bien vu un truc plus posé, quitte à faire trois heures) qui flirte avec l’overdose, The Wandering Earth s’impose quand même comme un sacré morceau de cinoche où action et science-fiction dantesque rivalise continuellement avec comme seul volonté : en foutre plein les yeux. C’est réussi, imparfait certes, mais l’on ressort du voyage galactique avec une impression de fraîcheur (pas forcément vraie mais l’illusion fonctionne) et la sensation d’avoir assisté à un déchaînement de spectacle frappadingue.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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