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LE CHÂTEAU DE VERRE de Destin Daniel Creston : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : The Glass Castle
Père : Destin Daniel Creston
Date de naissance : 2017
Majorité : 27 septembre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h08 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de famille : Brie Larson, Woody Harrelson, Naomi Watts, Max Greenfield, Josh Caras, Sarah Snook, Brigette Lundy-Paine…

Signes particuliers : Une version plus dramatique de Captain Fantastic.

L’HISTOIRE D’UNE ENFANCE À PART

LA CRITIQUE DE LE CHÂTEAU DE VERRE

Résumé : Jeannette Walls, chroniqueuse mondaine à New-York, a tout pour réussir et personne ne peut imaginer quelle fut son enfance. Elevée par un père charismatique, inventeur loufoque qui promet à ses enfants de leur construire un château de verre mais qui reste hanté par ses propres démons, et une mère artiste fantasque et irresponsable, elle a dû, depuis son plus jeune âge, prendre en charge ses frères et sœurs pour permettre à sa famille dysfonctionnelle de ne pas se perdre totalement. Sillonnant le pays, poursuivis par les créanciers, et refusant de scolariser leurs enfants, les Walls ont tout de même vécu une vie empreinte de poésie et de rêve, qui a laissé des marques indélébiles mais qui a créé des liens impossibles à renier. 

A la découverte de ce Château de Verre, adaptation des mémoires autobiographiques de l’écrivaine Jeannette Walls qui s’y est remémorée les épisodes clés de son enfance singulière, impossible de ne pas céder à l’attrait de la comparaison avec le récent Captain Fantastic de Matt Ross. Les Walls formaient une famille antisystème, vivant en marge de la société, prônant la liberté, l’auto-apprentissage, et la réalité du vécu au profit de la théorie des bancs d’école, pour leurs quatre enfants intelligents et débrouillards. Ils vivaient en pseudo-nomades désargentés, bougeant de ville en ville, squattant ou dormant à la belle étoile, tout en caressant le doux rêve de ce « Château de Verre » qu’ils construiront un jour, dans leur refus du conformisme et du matérialisme citadin. Une certaine conception du bonheur qui finira par s’effriter sous les coups de butoir d’une idéologie barrée par certaines réalités, par certains travers et drames, qui ont fait osciller cette existence libertaire entre doux songe éveillé et tragédie douloureuse, parfois même cruelle. Pour la beauté simple d’une nuit étoilée observée en famille dans la quiétude, des jours de misère à crever de faim, pour une aventure fantastique hors des sentiers battus, des taudis sans eau ni électricité comme toits de fortune, pour des souvenirs mémorables, l’alcoolisme d’un père radical et des cicatrices indélébiles imposées à des enfants qui en ressortiront à la fois grandis et forts, mais aussi écœurés et traumatisés. Et par-dessus tout, des interrogations morales sur l’apprentissage, les valeurs, les sacrifices, la famille et le pardon.

On retrouve beaucoup de Captain Fantastic dans Le Château de Verre, mais pour autant, le film de Destin Daniel Creston réussit à s’éloigner de son lointain cousin par sa tonalité bien plus sombre. Moins joyeux, moins léger, moins coloré, Le Château de Verre verse volontiers plus dans le drame teinté d’amertume que dans la comédie indé au style pop. Si Captain Fantastic avait su intelligemment poser quelques questions très sérieuses nichées dans l’ossature de sa tonalité drolatique, Le Château de Verre n’hésite pas à les attaquer de front, s’appuyant sur le recul de la romancière Jeannette Walls, qui a depuis digéré ce passé à la fois magique, torturé et embarrassant, et qui a tenté d’en dresser un bilan sur papier. Très respectueux de ce matériau romanesque à la fois magnifique, inquiétant et émouvant, le long-métrage qui en a été tiré par le réalisateur de States of Grace (déjà avec Brie Larson) est souvent drôle, notamment grâce à la folie débridée de ce patriarche familial jusqu’au-boutiste qui aura guidé sa famille avec une rationalité barrée tour à tour délicieuse ou effrayante (fascinant paternel à double visage incarné par un grand Woody Harrelson). Mais Le Château de Verre est aussi terrible, brossant le portrait de parents ayant vu leurs nobles idéaux se retourner contre eux en raison d’un indéfectible refus de la moindre concession. Le Château de Verre, ou quand l’amour se transforme en un Mal ravageur, voyant la beauté se parer d’un terrifiant visage rongeant son éclat et montrant en somme, que tout extrême n’est jamais bon.

L’intelligence de Destin Daniel Creston est de ne jamais juger son personnage, évitant ainsi tout manichéisme. En lieu et place, il piège le spectateur pour le mettre dans une position où lui va le faire selon sa propre échelle morale. Papa Walls était il un lunatique fou et toxique pour les siens ? Ou un rêveur qui a rêvé trop grand ? Le bon peut-il faire oublier le mauvais ? Dans quelles proportions ? Que retenir, quel bilan dresser ? Que penser de cet être intransigeant qui est allé trop loin, qui débordait d’amour pour les siens mais qui les aura dans le même temps, étouffé au point d’arborer parfois le visage d’un monstre à craindre ? Difficile de ne pas le juger. Sauf qu’une fois le film terminé et les lumières rallumées, un constat s’impose : la vie ne s’observe jamais en noir ou blanc. Elle est composée de cinquante nuances de gris. Et l’humanité qui habite le cœur de ce Château de Verre, lequel revisite un passé réellement vécu par le biais de flashbacks adroitement gérés, fait basculer le film du bon côté de la barrière malgré son inégalité générale, alors que sa construction est parfois un peu poussive, voire alourdie par des longueurs et redondances. Mais quelles soient de colère, d’enchantement, de rejet ou de fascination, Le Château de Verre ne manque pas d’émotions, et c’est ce qui fait toute la différence. On est loin d’être aussi emballé qu’avec Captain Fantastic, qui témoignait de davantage de fraîcheur là où le métrage de Cretton tend vers quelques pointes d’artificialité dans le style, mais Le Château de Verre est un joli film, imparfait mais touchant, porté par d’excellents comédiens. Dommage que l’approche soit aussi mécanique et empâtée dans sa façon de construire l’émotion.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

 

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