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LA GUERRE DES BOUTONS (critique)

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Carte d’identité :
Nom : La Guerre des Boutons
Parents : Yann Samuell
Livret de famille : Eric Elmosnino, Mathilde Seigner, Fred Testot, Alain Chabat, Vincent Bres, Salomé Lemire, Théo Bertrand, Tristan Vichard…
Date de naissance : 2011
Nationalité : France
Taille/Poids : 1h49 – 13 millions €

Signes particuliers (+) : Respectueux de l’esprit du roman et de l’original d’Yves Robert. Mignon, tendre et drôle. Des personnages attachants. Un ensemble sympathique.

Signes particuliers (-) : Sans surprise. Maladroit. Manque d’âme et de fantaisie.

 

LA GUERRE DES REMAKES

Résumé : Deux villages voisins, d’un côté Longeverne, de l’autre Velrans, se détestent depuis des générations et les enfants de deux villages respectifs entretiennent la guerre défendant leur commune. A l’aube des années 60, la bande de l’intrépide Lebrac affronte celle de l’Aztec…

Le slogan est bien connu, « En France, on a les idées… » Malheureusement, on a souvent que les idées. Alors que Christophe Barratier, le plus franchouillard des cinéastes français, fort de ses succès populaires (Les Choristes) se lance également dans l’adaptation d’un roman tombé récemment dans le domaine public, Yann Samuell prépare déjà sa version (selon ses dires puisque les deux cinéastes se disputent la primauté de l’idée) depuis un certain temps. Aucune des deux maisons de production ne semble vouloir céder et c’est finalement non pas une mais deux relectures du roman de Louis Pergaud et du film d’Yves Robert (les deux étant presque indissociables) qui vont débouler sur les écrans… à seulement une semaine d’intervalle ! Situation aussi originale et cocasse que débile ne donnant pas vraiment une belle image de notre paysage cinématographique et de la belle et « grande famille du cinéma ». La guéguerre ne sera donc pas seulement dans les films mais aussi dans les salles, amenant surtout à une belle confusion pour un public déboussolé, ne sachant pas vraiment qui est qui, quoi est quoi et se retrouvant à choisir entre les mêmes films, heureusement traités différemment. C’est déjà ça. Toujours est-il que la bataille censée faire rage n’aboutira finalement qu’à un pet foireux puisque personne n’en ressortira gagnant, les deux métrages ne remportant pas un immense succès comptable et laissant le classique mythique de 1962 intact dans l’imaginaire de tous.

Boudé par son équipe esquivant la promotion du film en raison d’un soi-disant résultat catastrophique, La Guerre des Boutons version Yann Samuell (l’homme derrière le culte pour beaucoup Jeux d’enfants) sort dans l’ombre de celle de Barratier dont on a beaucoup plus parlé sur les plateaux télé mais s’en tire à moindres frais car sorti une semaine avant son adversaire direct. On serait presque tenté d’être pris de tendresse pour un film qui a visiblement beaucoup coûté à son metteur en scène qui s’est ouvertement répandu dans la presse d’avoir vécu tout ce chaos de façon douloureuse et triste. Mais malheureusement pour lui, l’objectivité se doit de rattraper les sentiments et il faut se rendre à l’évidence : son film est tout simplement moyen.

Changement d’époque, Samuell situe son récit à l’aube des années 60, en plein conflit entre la France et l’Algérie. Une différence qui n’apporte d’ailleurs pas grand-chose tant la peinture de la France brossée ramène davantage aux années quarante. Et son film de souffrir partiellement seulement du syndrome terrible des comédies françaises, celui du « on a vu le film puisque l’on a vu la bande-annonce ». Partiellement seulement car sans être la purge annoncée, cette version de La Guerre des Boutons distrait, amuse même par moments et pourrait presque avoir un petit charme par son mélange entre tendresse, drame et comédie douce. Mais l’écriture poussive vient parfois plomber les efforts de Samuell, l’ensemble manquant de liant et sonnant légèrement fade surtout face au poids de la version d’origine restée gravée dans toutes les mémoires. Certaines scènes totalement inutiles viennent tomber comme autant de cheveux sur la soupe (celle de la photo de classe par exemple, venue de nulle part et repartant nulle part d’ailleurs), le tout manque de charme et déroule maladroitement son histoire sans vraiment emporter par la force des sentiments. Au contraire, la prévisibilité d’un récit avançant tel un paquebot mal dirigé et certaines idées d’une grande stupidité (pourquoi le curé campé par Fred Testot a t-il des allures aussi gay ?!) rendent l’ensemble bien brouillon.

Toutefois, malgré ce manque d’âme et de fantaisie, cette version rafraîchie du roman de Louis Pergaud se regarde sans déplaisir, certes de façon détachée, mais sans se révéler être ce que le cinéma français fait de pire. Samuell tente, a quelques bonnes idées, mais peine juste à les mettre en scène au mieux. Au moins, on pourra reconnaître au cinéaste d’avoir su capter cette atmosphère rétro et vieille France et cette ambiance douce-amère où la guerre des enfants garde un visage enfantin, sans jamais tomber dans la méchanceté gratuite. Afin d’apporter quelque chose à cette histoire plutôt que de se contenter d’un remake opportuniste, Samuell double son récit d’une belle intrigue secondaire en renforçant la vie privée du jeune héros, Lebrac, chef des Longeverne, devant prendre le relais de son défunt père à la tête d’une famille composée de sa mère veuve et de ses deux petites sœurs, l’amenant ainsi à un douloureux conflit entre scolarité compliquée pour un enfant brillant mais à problèmes et devoir familial de se comporter en jeune chef de famille aux responsabilités lourdes pour ses jeunes épaules d’enfant. Remaniant quelque peu le script de base, Samuell modifie quelques éléments sans jamais trahir l’œuvre originale et s’en montre au contraire très respectueux en en conservant l’essence et l’esprit et c’est avec plaisir que l’on retrouve sa petite galerie de personnages de laquelle émergent, pour les enfants, Vincent Bres (excellent Lebrac), Salomé Lemire (très chouette Lanterne, fillette garçon-manqué, rejetée du village et se joignant à la bande) et surtout Tristan Vichard qui fait un Tigibus formidable, très proche de celui d’Yves Robert. Et il en va de même chez les adultes chez qui la bataille va faire rage de façon puérilement drôle entre un Eric Elmosnino en prof poule avec ses élèves s’opposant à son rival de chez les velrans, le village voisin, un Chabat qui cabotine un peu mais amuse.

Si le film d’Yves Robert n’a aucun souci à se faire, Samuell ne signe pas le ratage attendu et livre un film attendrissant bien que maladroit, comme si la pression était trop forte. En attendant la version Barratier, celle-ci n’est finalement pas si terrible et bien que sans surprise, elle reste une petite comédie familiale comme on en a vu de bien pire, plutôt touchante, plutôt jolie, presque enchanteresse. Et malgré ses défauts nombreux, elle arrive à fonctionner et c’était pas gagné.

Bande-annonce :

3 thoughts on “LA GUERRE DES BOUTONS (critique)

  1. SCOOP ! P’TIT GIBUS de « la Guerre des Boutons » sera Wiggins! TRISTAN VICHARD, qui incarne « Tigibus » dans l’adaptation faite par Yann Samuell du roman de Louis Pergaud, l’un des garnements de la bande de Longeverne, fera son retour devant la caméra dans le cours métrage « Sherlock Holmes L’Héritage de Baker Street »… avec 4 ans de plus! Initialement écrit pour un garçon de 12 à 16 ans, le scénario se nourrit d’une distribution rajeunie par l’opportunité d’un casting. L’auteur de la pièce de théâtre, dont ce scénario est une libre adaptation, était souvent habité, pour le personnage du petit assistant de Sherlock Holmes, par l’image du Kid de Charlie Chaplin, un gamin des rues débrouillard, cocasse, et téméraire… Tristan VICHARD était le plus jeune des candidats: résidant en Drôme, élève de CM2, il a effectué ce samedi 10 janvier 2015 sa première séance de formation et de répétition, face à son partenaire Sherlock Holmes (Gérard Foissotte), avec une capacité époustouflante à ajuster son jeu. PROMETTEUR! Tournage prévu au printemps.

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