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JUPITER : LE DESTIN DE L’UNIVERS de Andy & Lana Wachowski
Critique – Sortie Ciné

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jupiter ascendingMondo-mètre
note 5 -10
Carte d’identité :
Nom : Jupiter Ascending
Père(s) : Andy & Lana Wachowski
Date de naissance : 2014
Majorité : 04 Février 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h07 / Poids : 175 M$
Genre : SF

Livret de famille : Channing Tatum (Caine), Mila Kunis (Jupiter), Sean Bean (Stinger), Eddie Redmayne (Balem), Douglas Booth (Titus), Tuppence Middleton (Kalique)…

Signes particuliers : Les Wachowski, une fois de plus à la tête d’un projet à l’ampleur colossale, tentent de rendre ses noblesses à la grande science-fiction avec un space opera bourré d’ambitions. Le résultat est… original.

GRAND FILM OU NANAR : IL FAUT CHOISIR !

LA CRITIQUE

Résumé : Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Devenue adulte, elle a la tête dans les étoiles, mais enchaîne les coups durs et n’a d’autre perspective que de gagner sa vie en nettoyant des toilettes. Ce n’est que lorsque Caine, ancien chasseur militaire génétiquement modifié, débarque sur Terre pour retrouver sa trace que Jupiter commence à entrevoir le destin qui l’attend depuis toujours : grâce à son empreinte génétique, elle doit bénéficier d’un héritage extraordinaire qui pourrait bien bouleverser l’équilibre du cosmos…

jupiter ascendingL’INTRO :

En matière d’inconstance et de débats provoqués, les Wachowski Brothers/Sisters se posent là. Révélés par l’excellent Bound, portés aux nues avec leur premier Matrix, souvent présenté comme une révolution du cinéma d’action moderne, le duo s’est ensuite perdu dans une carrière à la mécanique étrange mais qui n’a fait que rendre chacune de leur œuvre très attendue. Les deux volets suivants de leur saga philosophico-futuriste sur la Matrice ont cristallisé les opinions les plus diverses, trilogie parfaite pour les uns, déception pour les autres. Puis est venu l’hallucinant Speed Racer. Rebelote. Follement génial et audacieux pour certains, purge incommensurable pour les autres. Une fracture qui s’est poursuivie sur l’ambitieusement métaphysiquement Cloud Atlas, jugé tour à tour hermétique et pompeux ou extraordinaire de richesse et d’ambition. On l’aura bien compris, tout le cinéma des Wachowski est voué à se résumer à d’éternelles prises de bec entre partisans et réfractaires. Jupiter Ascending, rebaptisé Les Destins de l’Univers en France, ne fera pas exception. D’autant que les Wachowski embrassent un registre hautement périlleux, le space opéra. Probablement ce qu’il y a de plus risqué et aventureux dans la science fiction. Heureusement, et comme à chaque fois, le tandem peut capitaliser sur la côte de stars prêtes à signer les yeux fermés pour travailler avec les deux visionnaires. Cette fois, le très en vogue Channing Tatum et la belle Mila Kunis, probablement tout deux biberonnés à Matrix dans leur jeunesse, entouré de Eddie Redmayne, Sean Bean ou Douglas Booth. Capables du pire comme du meilleur (à l’image de leur travail en tant que producteur, le très bon V pour Vendetta vs l’exécrable Ninja Assassin), de quel côté allait basculer avec cette nouvelle œuvre à fort potentiel, la famille Wacho ?jupiter-ascending

L’AVIS :

Quand on lance une pièce pour jouer à pile ou face, dans 99,99% des cas, elle retombe d’un côté ou de l’autre. Reste cet infime pourcentage improbable où elle tombe sur la tranche. C’est ce qui vient d’arriver aux Wachowski avec Jupiter Ascending. Et c’est ce qui va faire que leur nouveau film va, une fois n’est pas coutume, provoquer des débats enflammés entre les révoltés criant à la médiocrité et ceux qui seront séduit par ce septième long-métrage en presque 20 ans de la fratrie la plus contestée d’Hollywood. maxresdefaultAndy et Lana Wachowski viennent de créer une nouvelle espèce de film : « le nanar génial ». Ou « le bon film purgesque ». C’est du pareil au même. On se souvient de Bioman et son grisant générique entonné fièrement par Bernard Minet : « moitié homme, moitié robot…« . Comme les héros nippons colorés, Jupiter Ascending est lui-aussi un hybride : moitié navet, moitié brillant. Le duo de choc signe un film bourré d’idées créatives, de trouvailles épatantes, de fulgurances grandioses, qu’elles soient narratives ou formelles. Mais il les intègre dans une espèce de purge étrange et boiteuse, capable d’être tour à tour visuellement folle et ultra-téméraire, comme kitsch et risible. D’un côté, on serait tenté de porter au firmament du space opera, une SF intelligente soutenue par un univers passionnant et ambitieux, et de l’autre, on ne pourra s’empêcher de se moquer de ses tares évidentes qui le pousse vers un comique involontaire des plus bidonnant. D’un côté, on s’attardera sur un production design capable d’être formellement splendide, et dans le même temps, dans la scène suivante, visuellement d’une laideur épouvantable. D’un côté, on s’émerveillera d’un spectacle foisonnant, et derrière, on s’esclaffera de son inénarrable ringardise.jupiter_embed_2Jupiter Ascending marche de travers, handicapé par une jambe molle qui le maintient dans un constant déséquilibre, oscillant entre l’œuvre ultra-généreuse cherchant avec sincérité à atteindre une forme d’art total virtuose et richissime, et de l’autre, le blockbuster crétin et migraineux accumulant les fautes de goût et les erreurs innommables. Des acteurs en roues libres mal ou pas dirigés (un haussement de sourcil de plus et l’on aurait pu baffer Mila Kunis), une BO qui pompe tout azimut, des scènes d’action que même Michael Bay trouveraient indigestes et incompréhensibles, malgré son œil bionique capable de capter 526 images/seconde, un étalage de costumes tous plus délicieusement improbables et impossibles, les uns que les autres donnant au film un côté Fashion Week des plus rigolos alors que le budget costumier devait être équivalent au PIB de la Chine… Bref, Jupiter Ascending se résume facilement à un film double-face, tantôt grosse farce involontairement hilarante et tantôt œuvre à la maestria intermittente, nantie d’ambitions démentes dont certaines arrivent à l’écran alors que nombre de ses copines restent bloquées dans le sas de la transposition en images.jupiter-ascending-screen-grabEnfin, et une fois n’est pas coutume pourrait-on dire, les Wachowski ont élaboré un scénario en apparence impressionnant d’imagination fertile, mais en piochant à tout va dans le bestiaire de la SF pour créer leur affaire bardée d’emprunts « références » peu discrètes. Tout y passe… Star Wars en grande partie, littéralement détroussé à tous les étages, mais aussi Star Trek, Avatar, A.I. Intelligence artificielle, I Robot, Les Chroniques de Riddick, Thor, Avengers, Stargate, 2010 L’Année du Premier Contact, Aliens, Le Cinquième Elément, Metropolis, Soleil Vert, Equilibrium, Asimov pour la littérature, et même Brazil voire Fortress 2 et sa fabuleuse séquence tordante d’apnée spatiale, dont on ne s’est jamais remis.jupiter-ascending-4Au final, on voudrait presque « se faire » ce blockbuster à l’appétence monstre. Le dézinguer à coups de bazooka en soulignant l’hilarité que quantité de ses moments, aura déclencher. Mais le plus frustrant dans l’histoire, c’est ce que l’on ne peut pas le faire, à moins de faire preuve d’un cynisme malhonnête. Car ce serait occulter l’incroyable densité du film des Wachowski, qui se sont efforcés de livrer une épopée vertigineuse pleine de grandeur… par moments. Dommage qu’ils soient à ce point noyés dans une hystérie collective produisant le rire par son sérieux droit dans ses bottes. Non pas que le film aurait gagné à s’abandonner davantage au second degré, loin de là, c’eut été encore pire. Mais les Wachowski ont voulu faire dans le rétro-moderne avec une science fiction à l’ancienne furieusement salvatrice. Et ils se sont partiellement manqués à l’arrivée avec un film glouton dont les ambitions évoluaient sur un fil entre le génie et le ridicule. Il scrute au final les deux mondes, passant de l’un à l’autre sans cesse. Une œuvre étrange vous dit-on.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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