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I SPIT ON YOUR GRAVE (critique)

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Carte d’identité :
Nom : I Spit on Your Grave
Père : Steven R. Monroe
Livret de famille : Sarah Butler (Jennifer), Chad Lindberg (Matthew), Daniel Franzese (Stanley), Tracey Walter (Earl), Jeff Branson (Johnny), Rodney Eastman (Andy), Andrew Howard (shérif)…
Date de naissance : 2010
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h47 – 2 millions $

Signes particuliers (+) : Une relecture plus pro et léchée, moins cheap que le très amateur film original. Sec et brutal, il évite intelligemment le piège de l’édulcoration. Efficacité garantie. La seconde partie surclasse celle du modèle de 1978.

Signes particuliers (-) : Inversement, l’amateurisme de l’original lui conférait un efficace et horrible côté craspec et sordide atténué ici par le style plus pro de l’image.

 

LA VENGEANCE EST UN PLAT QUI SE MANGE FROID ET… ÉPICÉ

Résumé : Une jeune et jolie écrivain s’isole dans un chalet reculé à la campagne pour y écrire son nouveau roman au calme. Mais le calme espéré va vite se transformer en cauchemar absolu lorsqu’elle sera violée sauvagement par un groupe d’hommes du coin la laissant pour morte…

Sous l’impulsion de la société de production du cinéaste Michael Bay, Platinum Dunes, qui a ouvert la voie il y a quelques années, nombre de classiques de l’horreur des seventies et eighties subissent depuis quelque temps un lifting pour être modernisés et remis aux goûts du jour. Après les Massacre à la Tronçonneuse, Amityville, Vendredi 13 et autres, c’est au tour du modeste et éponyme I Spit on Your Grave de Meir Zarchi de passer à la casserole. Film de 1978 s’inscrivant dans la veine des trash-vidéo post La Dernière Maison sur la Gauche de Wes Craven, dont il s’inspire grandement, I Spit on Your Grave explorait à son tour les limites de l’horreur et de l’insoutenable par cette histoire de viol en réunion sur une jeune et innocente écrivain désirant quiétude et paix pour accoucher de son nouveau roman. Histoire de sadisme et de vengeance sale préfigurant les futurs « torture porn » des années 2000, le film de Zarchi était un choc traumatisant par son sujet lourd et son ultra réalisme insoutenable poussant le spectateur dans ses derniers retranchements.

Si la question de ces remakes peut soulever parfois la contestation par leur utilité toute relative, il est indéniable que certaines relectures ont accouché de plutôt bons films d’horreur, parfois très honorables (Massacre à la Tronçonneuse) parfois très cons mais bien fun (Vendredi 13) voire parfois surpassant leur modèle (La Colline à des Yeux version Aja). Néanmoins, pour quelques réussites, nombre d’entres eux se sont également vautrés en route aboutissant à de bien piteux résultats (Amityville, Prom Night…)

Produit par la société de production de plus en plus ambitieuse Anchor Bay, l’idée d’un remake du film de Zarchi n’avait pourtant rien de bien loufoque ou incongrue sur le papier contrairement à d’autres, la version de 1978 respirant l’amateurisme à plein nez par ses allures de péloche fauchée tournée entre amis les week-ends, sa technique (image et son) dégueulasse, ses piètres comédiens et le talent très relatif de son metteur en scène. Plus soignée, plus professionnelle, fort d’un véritable budget bien que correctement modeste, ce remake vient donc s’inscrire dans la veine de ces relectures des classiques de l’horreur dont Hollywood est friand depuis quelque temps. Et la question essentielle d’être : y gagne t-on ?

Et la réponse d’être aussi simple que la question : à moitié. Qualitativement et esthétiquement supérieur, I Spit on Your Grave ne lâche rien et se veut tout aussi jusqu’au-boutiste que son modèle. Toujours aussi choc et efficace, le film de Steven R. Monroe se fait sentir par là où il passe dans une première partie installant l’empathie pour la toute mignonne Jennifer interprété par la jolie Sarah Butler. Une empathie nécessaire pour décupler la force de la séquence centrale du viol collectif. Mais la vraie bonne idée de Monroe est de s’attarder sur la seconde moitié du film, matière à plus-value par rapport au premier, en développant davantage la partie « vengeance » pour hisser son film au rang des bons « rape & revenge » de ces dernières années. Monroe conserve le caractère trash de la vengeance barbare d’une Jennifer nourrie à la haine et la colère et assoiffée d’auto-justice et y apporter une inventivité aussi maligne que hardcore dans l’imagination de supplices déments.

Pari presque gagné sur toute la ligne avec une nouvelle vision pleine de mordant et ne sacrifiant rien au gentiment policé, le seul défaut de ce remake 2010 viendra finalement de sa principale qualité. Si cette version gagne en professionnalisme et en respectabilité esthétique, l’absence de l’aspect cramoisi et bien craspec du modèle dû à son manque de moyen, vient nous rappeler finalement à quel point il était si dérangeant et malsain. Plus propre, plus clair, plus pro, plus léché, cette mouture modernisée est dans un sens plus agréable à l’oeil mais perd au passage en sordide crade et sale. Plus efficace, bien plus cinématographique, des qualités qui font quelque part perdre au métrage une partie de la force épouvantable de son modèle dont l’amateurisme était finalement aussi bien le défaut principal que la meilleure des alliées… Mais bon, de toute façon, rien que pour une telle affiche, cette version mérite d’exister !

Bande-annonce :

Bande-annonce de l’original :

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