Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Friday Night Lights (TV Show)
Père : Peter Berg
Livret de famille : Kyle Chandler (Coach Taylor), Zach Gilford (Saracen), Connie Britton (Tami Taylor), Aimee Teegarden (Julie), Minka Kelly (Layla), Taylor Kitsch (Tim Riggins), Scott Porter (Jason Street), Adrienne Palicki (Tyra), Derek Phillips (Billy), Gaius Charles (Smash), Jesse Plemons (Landry)…
Date de naissance : 2006-2011 (5 saisons)
Nationalité : Etats-Unis
Taille/Poids : 76 épisodes de 42 min.
Signes particuliers (+) : L’une des meilleures séries à ce jour, puissante, émouvante, profonde, tendre, où le sport sert de toile de fond à une chronique sociale splendide. Le parfait prolongement au film du même Peter Berg.
Signes particuliers (-) : x
PLEINS FEUX SUR LE FOOTBALL AMÉRICAIN
Résumé : Dillon, petite ville du Texas. Les habitants vivent au rythme des fameux et attendus vendredi soirs, ces soirs où la vie laisse place aux matches de football américain. Chacun a ses problèmes, ses démons, ses moments de joie et de doute, ses drames. Mais tout s’efface le vendredi soir…
Friday Night Lights est un cas quasi-unique dans l’histoire de la télé et de la série télé en particulier. Unique par son traitement et son histoire. Frustré de n’avoir pu qu’effleurer son sujet en 2004, avec le film source étriqué dans son format de film à durée limitée, Peter Berg décide de développer son histoire par le moyen de la série télé, format lui permettant de davantage pouvoir s’étendre sur tout ce qu’il n’a pu aborder en deux heures de métrage cinématographique.
A la découverte de la série, on se rend immédiatement compte que Peter Berg avait en fait beaucoup, beaucoup de choses à raconter. Mais contrairement aux séries télé classiques, bonnes ou mauvaises (il n’est aucunement question de jugement de valeur, ici), Friday Night Lights se développe sur 5 saisons sans jamais tomber dans les codes de la série télé classique. Utilisant un style, une narration et une mise en scène très cinématographiques, le show est ainsi très particulier en cela qu’il s’apparente davantage à un très long film qu’à une série télévisée. Et c’est ce traitement très inhabituel qui va en faire la particularité et la force.
Cela et son contenu… Car Friday Night Lights est un modèle de simplicité et d’intelligence. Sans chercher à dramatiser la narration plus que de raison, sans jamais chercher à dynamiser le récit par des histoires extraordinaires ou grandiloquentes, FNL ne recherche que la simplicité. La simplicité d’histoires quotidiennes, d’histoires de tous les jours, d’histoires qui n’ont rien de particulier ou d’extravagant. Friday Night Lights s’attache systématiquement à la banalité du quotidien de personnages traversant des évènements qui font leur quotidien, celui d’une petite ville du fin fond du Texas, vivant pour le football américain, seul moyen d’échapper à un quotidien peu toujours évident. Et ce sport à la fois central et toile de fond, de devenir un moyen de dépeindre une Amérique marginale des grandes villes citadines souvent mise en lumière. Loin des Los Angeles, des New York ou des Miami, Dillon, Texas, est l’archétype même de la petite communauté américaine avec ses problèmes, ses joies et ses drames. Et par une galerie de personnages sublimement écrits, Peter Berg de dresser un état des lieux, un portrait de cette autre Amérique parfois oubliée et de traiter de sujets de société, de fond, entre les problèmes éducatifs, les difficultés familiales tristement banales, les échecs amoureux, les joies de l’amitié et ses limites, les problèmes financiers, les ennuis de couple, la délinquance, souvent l’apanage d’une jeunesse désoeuvrée et abandonnée à son triste sort et aux perspectives d’avenir parfois bien limitées. Les thématiques explorées par ce superbe show, parmi les meilleurs que la télé ait pu nous offrir, sont presque infinies au point de ne jamais voir la série tourner en rond ou tomber dans la redondance d’une intrigue s’usant au fil des quelques saisons. FNL est une chronique sociale, prenant un sport pour toile de fond, et toile de fond seulement (ceux qui en attendent des dantesques moments de sport peuvent aller voir ailleurs). Car bien plus qu’un simple spectacle, c’est une délicate focalisation sur la jeunesse, la maturité, sur la transmission du savoir, sur ce qui ne tourne pas rond dans un pays censé être à la pointe du développement sociétal.
Ce quotidien simple sans être simpliste, est tout simplement beau, magnifié par une grande puissance émotionnelle de chaque instant et épisode, puissance que l’on doit tout simplement à une grande sincérité et lucidité dans l’écriture. Car c’est bien de cela dont il s’agit dans FNL : narrer des évènements banals mais avec sincérité, avec véracité. Et cette impression de « vrai », de pureté donne toute sa force à une série venue d’ailleurs, ayant du mal à trouver son public au milieu des grosses cylindrée calibrée pour le spectacle sans rechercher l’intelligence d’un discours, d’une perspective d’appeler à plus que le divertissement.
En clair, Friday Night Lights ou comment faire brillant avec des choses simples. Avec la fin de la série, ce sont cinq années de perfection qui s’achèvent. Cinq années merveilleuses au rythme de personnages attachants interprétés par des comédiens tous plus brillants les uns que les autres. Et parce qu’elle est peut-être la série la plus cinématographique jamais faite sur le petit écran, elle méritait sa place ici, à prendre comme une extension d’un film, pointant au passage les limites que peut engendrer parfois le cinéma. Rarement une série n’aura su d’ailleurs soulever cette épineuse question qui peut faire sursauter à sa lecture. Et pourtant. En même temps, rarement une série n’aura fait preuve d’autant d’intelligence à la télé, renouvelant et apportant une autre perspective de consommation du format à savoir comme un prolongement d’une œuvre existant sur grand écran. FNL ou un chef d’oeuvre montrant que parfois, la télé peut être un complément très utile au cinéma, loin de la stupidité de bon nombre des produits qu’elle nous propose. Peter Berg a eu la malice de ne pas se laisser enfermer dans le carcan trop court pour son propos du film. Et c’est tout à son honneur d’avoir su s’ouvrir à cet autre horizon. En un mot, on lui dit : merci.
Bande-annonce :