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COLOSSAL de Nacho Vigalondo : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Colossal
Père : Nacho Vigalondo
Date de naissance : 2016
Majorité : 27 juillet 2017
Type : Sortie e-cinema
Nationalité : Espagne, Canada
Taille : 1h30 / Poids : 15 M$
Genre
: Drame, Fantastique

Livret de famille : Anne Hathaway, Jason Sudeikis, Dan Stevens, Tim Blake Nelson, Austin Stowell…

Signes particuliers : Une curiosité bancale mais séduisante.

BOIRE ET DÉBOIRES

LA CRITIQUE DE COLOSSAL

Résumé : Gloria est une jeune new-yorkaise sans histoire. Mais lorsqu’elle perd son travail et que son fiancé la quitte, elle est forcée de retourner dans sa ville natale où elle retrouve Oscar, un ami d’enfance. Au même moment, à Séoul, une créature gigantesque détruit la ville, Gloria découvre que ses actes sont étrangement connectés à cette créature. Tout devient hors de contrôle, et Gloria va devoir comprendre comment sa petite existence peut avoir un effet si colossal à l’autre bout du monde… 

C’est un film dont on parle depuis un moment maintenant, et qui arrive enfin sur les « petits » écrans puisqu’il sera malheureusement privé d’une sortie en salles, l’option e-cinema ayant été jugée plus appropriée. Colossal est le nouveau long-métrage de Nacho Vigalondo, réalisateur ibérique capable du meilleur comme du pire, comme en attestent ses trois précédentes réalisations, l’excellent Timecrimes qui l’avait révélé, le très moyen Extraterrestre qui avait suivi, puis l’horrible Open Windows avec Elijah Wood il y a quatre ans. Colossal est annoncé depuis 2015, porté par une Anne Hathaway qui s’est démenée pour qu’il voit le jour (l’actrice oscarisée est productrice exécutive), et avec ses modestes 15 millions de budget, le film au pitch particulièrement étonnant a fini par trouver sa voie, en attendant de trouver son public. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Colossal tourne autour de Gloria, une jeune femme alcoolique qui part se ressourcer dans sa petite ville natale après avoir été foutue dehors par son petit-ami, las de son perpétuel état de déchéance. Sur place, elle y retrouve Oscar (Jason Sudeikis), copain d’école qui va l’aider à remettre sa vie d’aplomb. Jusqu’au jour où des événements fantaisistes vont perturber ses tentatives de réhabilitation personnelle. A l’autre bout du globe, un mystérieux monstre (re)fait surface à Séoul et ravage la ville pendant quelques minutes avant de disparaître aussi vite qu’il est apparu. Cette manifestation fantastique se répète à plusieurs reprises et Gloria va réaliser que c’est elle qui contrôle cette effrayante créature gigantesque qui sème la panique. La bizarrerie du postulat de Colossal ne sera que le reflet de l’étrangeté de son scénario, qui traverse les genres avec une adresse assez séduisante, s’amusant à sans cesse rompre les codes qu’il se met à suivre, pour embarquer son histoire vers des directions toujours inattendues. Au départ, Colossal ressemble à s’y méprendre, à une énième comédie romantique indé où la solitude de deux êtres va créer une émulsion propice à la naissance d’une jolie romance capable de balayer l’amertume de fond qui habite le film. Puis le fantastique s’invite dans la danse. Colossal prend alors une tournure quasi-burlesque, s’amusant de son étrangeté godzillesque. Troisième revirement, Colossal va alors complètement quitter la légèreté de sa nature de départ, pour se diriger vers le drame intimiste épris d’une terrible noirceur tragisante. C’est ce virage qui sera à n’en pas douter, le meilleur dans l’affaire, tant on reconnaîtra ne pas avoir vu venir ce glissement vers une tonalité très sombre, limite effrayante et déchirante. C’est également lui qui relancera un peu les enjeux d’un film jusqu’alors assez plat, et à la peine dans l’exploitation de son récit et de ses personnages.

Difficile d’en dire plus car le nœud de Colossal, qui forme aussi son cœur, intervient finalement assez tardivement. L’éventer serait dommage. Toujours est-il que le film de Nacho Vigalondo vaut autant pour son côté inclassable, qu’il ne souffre de ce que ce dernier lui apporte. D’une part, on serait tenté de louer les mérites d’un OFNI qui mélange les genres avec suffisamment de talent et de maîtrise, pour tenir la distance et proposer quelque chose d’un peu nouveau. Colossal fait dans l’illusion d’un blockbuster catastrophe sans en prendre le chemin, Colossal est une romcom sans en être une, un film de monstres sans être en un, un drame psychologique qui s’écarte de sa réalité pour virer vers la métaphore fantasmagorique… L’ennui, c’est qu’en brassant tout cela, Vigalondo ne se donne pas toujours les moyens de ses ambitions, et ne trouve pas toujours le meilleur moyen de donner du corps à ces intentions. Son film semble parfois esquiver la volonté de creuser ses meilleures idées, faute de trop savoir comment les prendre à bras le corps pour les incarner au mieux dans une histoire qui prendrait aux tripes. L’émotion est d’ailleurs l’un des points faibles de l’entreprise, de même que sa crédibilité générale qui tente de s’orchestrer autour d’un flashback explicatif terriblement maladroit et détruisant la subtilité psychologique (insuffisamment utilisée) qu’aurait pu revêtir un film tournant autour des faiblesses humaines, du pouvoir du refoulé et des conséquences de nos actes.

Au final, Colossal est un petite curiosité intéressante mais bancale, dont on appréciera surtout la malice dans sa manière de nous emmener vers une ambiance douce-amère soudainement dézinguée par un basculement dès plus noir qui soit. Colossal ne réussit pas à tenir toutes ses promesses et se cantonne à la surface de son potentiel survolé. Il y avait matière à faire mieux, mais reste que le film a un petit quelque chose de pas déplaisant, assis sur un tandem de comédiens qui fonctionne.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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