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THOR : LOVE AND THUNDER de Taika Waititi : la critique du film

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Nom : Thor : Love & Thunder
Père : Taika Waititi
Date de naissance : 2021
Majorité : 13 juillet 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h59 / Poids : NC
Genre : Super-héros, Fantastique

Livret de Famille : Chris HemsworthNatalie PortmanChristian Bale, Tessa Thompson, Russell Crowe, Chris Pratt…

Signes particuliers : Un nouvel opus qui déçoit. 

Synopsis : Alors que Thor est en pleine introspection et en quête de sérénité, sa retraite est interrompue par un tueur galactique connu sous le nom de Gorr, qui s’est donné pour mission d’exterminer tous les dieux. Pour affronter cette menace, Thor demande l’aide de Valkyrie, de Korg et de son ex-petite amie Jane Foster, qui, à sa grande surprise, manie inexplicablement son puissant marteau, le Mjolnir. Ensemble, ils se lancent dans une dangereuse aventure cosmique pour comprendre les motivations qui poussent Gorr à la vengeance et l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard.

 

TROP D’AMOUR TUE LA FOUDRE

L’AVIS DE FRED

Les enfants, laissez-moi vous conter l’histoire du plus célèbre viking de l’espace du MCU ! Après avoir été largué par sa Natalie Portman, assisté à la destruction de son monde d’origine, vu la quasi-intégralité de sa famille et de ses compagnons de route décimés et vécu les événements tragiques de Infinity War, il paraissait presque normal que même un dieu nordique puisse sombrer dans une phase de dépression le transformant en accro bedonnant à la bière et à Fortnite. Toutefois, Endgame, et notamment sa bataille finale, avait remis l’ami Thor sur une meilleure voie, l’entraînant à poursuivre la suite de ses aventures en compagnie des Gardiens de la Galaxie, loin des fondations de la Nouvelle Asgard installée désormais sur la Terre. Et, comme le personnage en perpétuelle déconstruction du MCU qu’il est, avec la mission de trouver un nouveau sens à son existence. Coup de chance, le destin va aujourd’hui placer sur sa route à la fois le terrible Gorr, boucher et pourfendeur de dieux, qui va lui permettre d’affirmer sa dimension de super-héros divin face à ses pairs, et son ex Jane Foster, devenue aussi une adepte du marteau et du tonnerre pour peut-être l’apaiser sentimentalement parlant.
À l’instar de James Gunn avec ses Gardiens, on savait que Taika Waititi aurait désormais les coudées plus franches sur ce nouvel opus après avoir remis Thor sur le chemin du succès grâce à Ragnarok, suite du hélas bien-nommé Monde des Ténèbres (Thor 2). Mais pour ceux qui (comme l’auteur de cette critique) étaient très partagés sur le ton humoristique dominant du film, désamorçant sans cesse ses aspects les plus dramatiques, il y avait la forte crainte que ce Love & Thunder pousse cette fois ce virage comique vers un point de non-retour où l’Asgardien ne pourrait plus jamais être pris au sérieux. Cependant, si les vannes vont effectivement bien fuser dans ce quatrième volet, cela ne va pas être le principal défaut du film… à notre grande surprise. Certes, le ton est évidemment trop léger (et parfois lourdingue), donnant l’impression que Thor et ses acolytes cherchent bien plus souvent à faire un gag ou un bon mot, que de se donner réellement tous les moyens pour sauver la situation. Mais, étonnamment, Love & Thunder va se révéler un peu mieux dosé en termes de comédie que son prédécesseur, et même se montrer plus efficace sur ce plan (tout n’est évidemment pas du meilleur effet et sera laissé à l’appréciation des zygomatiques de chacun, mais force est de constater que l’on s’y est plutôt bien marré, surtout avec ses running-gags à base d’animaux et d’armes).
Du côté des péripéties et du fameux adversaire à affronter, Taika Waititi fait une nouvelle fois preuve d’une belle générosité pour nous en mettre plein les yeux par le large panel de décors visités (de Omnipotence-City au monde lugubre de Gorr, tout est magnifique) et pour nous amuser par de nouvelles rencontres (Zeus) élargissant le bestiaire divin du MCU. Les phases d’affrontement face au vilain et à son armée littérale de ténèbres sont sympathiques à défaut d’être époustouflantes (quelques plans iconiques les sauvent toujours d’un montage qui a trop tendance à s’éparpiller et à écourter l’action entre tous les points des vues des opposants). Quant au très attendu Gorr lui-même, son interprète (Christian Bale) lui rend bien sûr terriblement justice (on s’en doutait), bien aidé par le fait que Waititi le saisisse comme un véritable spectre cadavérique insaisissable lors de ses premières apparitions. Mais, sur la durée, malgré certaines ruses bien fourbes, le méchant se cantonnera trop aux traits d’une menace intermédiaire du MCU, répétant sans cesse sa douleur la plus profonde qui, on vous le donne dans le mille, aura son importance lors de la confrontation finale.
En fait, comme son miroir Gorr pris au piège de son propre tourment, Thor et ce quatrième film vont être prisonniers de la principale faiblesse de l’entreprise : le « Love » du titre. Car, oui, ce Thor 4 va miser plus que tout sur les retrouvailles romantiques entre le beau viking et sa belle astrophysicienne (Natalie Portman) comme point névralgique de son récit. Malheureusement, si les côtés les plus drôles du passif de cette histoire d’amour fonctionneront avec pas mal de sourires à la clé, la dynamique plus dramatique sur laquelle elle va s’articuler aujourd’hui, et voulue comme principal vecteur d’émotion de l’intrigue, ne va pour ainsi dire jamais décoller. Là où elles sont en effet pensées comme une force, la quasi-totalité des scènes sentimentales entre Thor et son âme sœur sonneront comme des passages obligés dont il ne se dégagera rien (et ce, malgré la complicité entre Hemsworth et Portman), sinon une impression d’échanges d’une platitude interminable donnant juste envie de passer très vite à autre chose. Le constat sera terrible, d’autant plus quand cette donne romantique prendra le pas sur tous les autres enjeux de cette histoire en confirmant son échec à nous fait ressentir quoi que ce soit en dépit de tous les efforts mis en œuvre.

 

Et il y a peut-être pire… Le fait que Taika Waititi y est mêlé une obsession récurrente de sa filmographie en voulant mettre à tout prix en avant des enfants dans ce nouveau Thor. Sa manière de traiter avec subtilité et drôlerie l’enfance à travers de jeunes personnages a toujours été un point fort de beaucoup de ses longs-métrages mais ici, ce parti pris inattendu est en quelque sorte le coup de grâce donné à ce nouveau Thor à travers un déferlement « Disneyien » d’une mièvrerie improbable et dégoulinante, dont on peine à déceler la sincérité touchante habituelle de son auteur.
Au bout de compte, Love & Thunder aura tout de même accompli son objectif en donnant à Thor un nouveau but… mais à quel prix ? Même si le générique de fin nous annonce qu’il reviendra, on en vient à se demander si on a vraiment envie de retrouver l’Asgardien dans le même état que le film nous le laisse, et avec encore Waititi aux manettes de sa destinée (on les aime tous les deux pourtant, un comble !). Et ne comptez pas pas sur les scènes post-crédits pour changer la donne par leur contenu. Peut-être qu’il est vraiment temps de laisser le viking de l’espace en paix finalement. Ainsi devrait s’achever son histoire.

 

Par Fred Serbource

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