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MARIA de Jessica Palud : la critique du film

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Nom : Maria
Mère : Jessica Palud
Date de naissance : 19 juin 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Drame, Biopic

Livret de Famille : Anamaria VartolomeiMatt DillonYvan Attal

Signes particuliers : Un film dans l’air du temps. 

Synopsis : Maria n’est plus une enfant et pas encore une adulte lorsqu’elle enflamme la pellicule d’un film sulfureux devenu culte : Le Dernier tango à Paris. Elle accède rapidement à la célébrité et devient une actrice iconique sans être préparée ni à la gloire ni au scandale…

PLUS JAMAIS CA

NOTRE AVIS SUR MARIA

A l’heure où l’industrie cinématographie traverse une forte tempête féministe dans l’ère post #MeToo avec une révolte affirmée contre des usages et abus qui ont trop longtemps perduré, la réalisatrice Jessica Palud s’insère dans le mouvement actuel par le prisme du passé en exhumant l’histoire tragique de la comédienne Maria Schneider, décédée en 2011 à l’âge de 58 ans. Jeune actrice prometteuse des années 70, Maria Schneider allait connaître le tournage qui ferait d’elle une star… et qui allait dans le même temps détruire sa vie : Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci où elle partageait l’affiche avec la superstar Marlon Brando. Cinq ans après Revenir (son drame avec Niels Schneider et Adèle Exarchopoulos), Jessica Palud rend un hommage émouvant à cette étoile du cinéma qui a cessé de briller le jour où ce même cinéma a abusé d’elle et fait dérailler sa vie.
Début des années 70, la jeune Maria Schneider, fille non reconnue de Daniel Gelin, rencontre l’illustre Bernardo Bertolucci qui lui propose le rôle principal de son prochain film aux côtés de l’icône Brando. Un drame sensuel pour les uns, qualifié de pornographique par les autres, dans lequel deux personnes vont vivre une relation physique intense sans rien savoir l’un de l’autre. La suite, on la connaît. Le film deviendra un classique (extrêmement surcôté au passage), la scène du rapport forcé à coup de motte de beurre fera scandale, et Maria Schneider n’aura de cesse de dénoncer le viol qu’elle a subi sur le tournage de cette scène marquante où elle a été prise par surprise par un cinéaste qui voulait de l’authenticité et par un comédien qui l’a suivi sans rien dire. Maria, elle, est restée en état de choc, pénétrée dans sa chair sans avoir eu son mot à dire… « au nom de l’art ». Le début de sa descente aux enfers.

En portant à l’écran cette histoire mainte et mainte fois dénoncée, Jessica Palud prend un train en marche, celui de la rébellion des femmes dans une industrie du septième art qui a trop longtemps entretenu un système de domination. Dans le sillage du discours de Judith Godrèche aux César et de toute les voix qui s’élèvent ces derniers temps, le film questionne plusieurs choses autour des rapports entre les femmes et le cinéma. Il y a déjà la vision et la représentation de la femme dans un cinéma encore majoritairement patriarcal, les relations toxiques et d’emprise sur les tournages et en dehors, l’utilisation et l’exploitation des jeunes comédiennes trop exposées par leur jeunesse et leur fragilité de débutante, le manque de protection qui leur est accordées et puis bien sûr, prioritairement, les limites de l’art. Peut-on tout faire ou imposer au nom de l’art au cinéma ? Le Dernier Tango à Paris, c’était il y a plus de 50 ans. Mais quid des dénonciations concernant des Benoît Jacquot, Abdellatif Kechiche et les autres ? Quid de ces cinéastes qui pensaient avoir tout pouvoir et liberté pour obtenir ce qu’ils voulaient de leurs jeunes comédiennes trop débutantes pour se permettre de l’ouvrir et de s’indigner contre une figure de mentor ?

Par ce qu’il raconte et qui résonne fort dans l’air du temps, Maria est pertinent, utile, important. Car l’histoire de Maria Schneider est un témoignage servant ce qu’il se passe aujourd’hui. En cela le film a de la valeur, plus que ses réelles qualités cinématographiques. Réalisé comme un biopic fonctionnel et assez pauvre en cinéma avec un grand C, Maria n’est pas un grand film, il peine à se doter de l’ampleur qu il méritait. Reste son sujet et sa comédienne, une Anamaria Vartolomei encore une fois formidable.

Par Nicolas Rieux

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