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LATE NIGHT de Nisha Ganatra : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Late Night
Mère : Nisha Ganatra
Date de naissance : 2019
Majorité : 21 août 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h42 / Poids : NC
Genre : Comédie

Livret de famille : Emma Thompson, Mindy Kaling, John Lithgow…

Signes particuliers : Un portrait au vitriol des coulisses du show business.

LA COMÉDIE DE L’ÉTÉ

LA CRITIQUE DE LATE NIGHT

Synopsis : Une célèbre présentatrice de « late show » sur le déclin est contrainte d’embaucher une femme d’origine indienne, Molly, au sein de son équipe d’auteurs. Ces deux femmes que tout oppose, leur culture et leur génération, vont faire des étincelles et revitaliser l’émission.

Chaque été apporte traditionnellement son petit lot de comédies joviales en provenance des Etats-Unis. Souvent, la période est propice notamment aux « potacheries » et autres embardées « trashouilles » comme les aime Hollywood. Coucou Seth Rogen et consorts. Mais pour une fois, la comédie de l’été ne sera pas un délire régressif et sympathiquement bas du front mais une vraie pépite pleine d’intelligence. Signée Nisha Ganatra (le film Cake en 2005 et une pelletée d’épisodes de séries style Brooklyn Nine-Nine ou Dear White People), Late Night réunit la fringante Mindy Kaling et la classieuse Emma Thompson dans un « feel good amusement » qui se paye une petite virée dans les coulisses du monde de la télévision. Emma Thompson y incarne une animatrice d’un late show ultra-populaire mais vieillissant façon Letterman, et Mindy Kaling une jeune fan qui va intégrer son pôle d’auteurs dans un souci de discrimination positive. Une rencontre qui va faire des étincelles alors que l’émission bat de l’aile et que la chaîne envisage de remplacer son animatrice séculaire par un visage plus jeune et « neuf ».

Late Night, ou un film qui transpire le vécu. Et pour quiconque s’est déjà frotté à l’envers du décor du milieu audiovisuel, on peut vous assurer que tout est extrêmement juste dans le film de Nisha Ganatra. Cette justesse tient à un nom : Mindy Kaling. La jeune comédienne-humoriste est derrière le scénario, son premier, et s’est fait plaisir à fortement puiser dans son expérience professionnelle passée. Après avoir débutée comme stagiaire sur divers Late Show, Mindy Kaling est ensuite devenue la première femme de couleur à écrire pour le sitcom The Office. Ce parcours a servi de matériau pour écrire Late Night, comédie décapante et acerbe qui tranche le milieu de la télé américaine en plein flanc, avec une verve critique piquante en guise de couteau super-aiguisé.

Très drôle, mais du genre qui rit bien jaune, Late Night manie son humour avec dextérité et ce dernier vient servir une comédie intelligente égrenant des thématiques comme les préjugés, le racisme et le sexisme dans le milieu du show business. Mais surtout, c’est le portrait de la télé moderne qui glace autant qu’il provoque des rires ou rictus effrayés. Late Night ne brocarde rien, il montre fidèlement les mécanismes de la néo-télé estampillé « entertainement bas de plafond » qui préfère faire de l’audimat avec du Hanouna qui se fout des truites dans le slip plutôt qu’essayer d’instruire en donnant la paroles à des gens vraiment intéressants ayant quelque chose à dire. Tout le dilemme inextricable auquel doit faire face l’animatrice Katherine Newbury (Emma Thompson) face à un network qui ne jure que par l’audience et qui veut de la star Youtube qui fait des vidéos sur son chat plutôt que le dernier Prix Nobel de littérature. Ok, mais si l’on veut tout simplement se détendre en regardant la télé ? C’est là qu’intervient la deuxième vague d’intelligence qui enveloppe le script de Late Night. Il y a une fine frontière entre mépriser le nivellement par le bas et être condescendant. Et Nisha Ganatra ne se prive pas de le montrer via ce personnage d’animatrice télé noble mais humainement imbuvable et qui prend tout le monde de haut perché sur sa prétendue « intelligence ». Oui, parce que Late Night ne fait pas dans le manichéen avec son animatrice à l’égo de la taille de celui d’Arthur chez nous. Encore un bon point à son actif. Bref, Late Night est clairement la comédie de l’été, peut-être un peu grossière sur la forme, mais avec la bonne volonté de vouloir faire fin et intelligent dans le fond. Et ça marche.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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