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BUNNY LAKE A DISPARU d’Otto Preminger
Critique (Réédition DVD – drame psychologique)

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12593Mondo-mètre
note 8.5
Carte d’identité :
Nom : Bunny Lake is Missing
Père : Otto Preminger
Livret de famille : Carol Lynley (Ann Lake), Keir Dullea (Stephen Lake), Lucie Mannheim (la cuisinière), Noel Coward (Wilson), Martita Hunt (Ada), Anna Massey (Elvira), Clive Revill (Andrews)…
Date de naissance : 1965
Majorité : 04 juin 2014 (ressortie DVD chez Wild Side)
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h47 / Poids : Budget NC

Signes particuliers (+) : Un drame policier saisissant de maîtrise et de génie, à la fois scénaristique et formel. Classique inoubliable nous faisant croire à une oeuvre mineure avant de nous cueillir par surprise, Bunny Lake est une énième confirmation que Preminger était l’un des plus grands metteurs en scène de son temps. Glaçant, osé et rusé.

Signes particuliers (-) : x

 

BUNNY LAKE A DISPARU ET PREMINGER NOUS MANQUE

LA CRITIQUE

Résumé : Ann Lake vient d’emménager à Londres avec sa fille Bunny. Alors qu’elle va la chercher à l’école, la jeune fille est introuvable et personne ne semble se souvenir d’elle. Chargé de l’enquête, le lieutenant Newhouse découvre qu’Ann avait une amie imaginaire prénommée Bunny…bunny-lake-a-disparu-03-g L’INTRO :

Grand artisan du film noir américain dont il a été l’un des maîtres incontestés (Un Si Doux Visage, Autopsie d’un Meurtre), Otto Preminger traverse l’Atlantique et s’en va à Londres, emportant avec lui son savoir-faire qu’il va croiser avec le drame psychologique à la britannique, genre dans lequel l’industrie locale excellait dans les années 60. Le résultat donne lieu à Bunny Lake a Disparu, énième chef d’œuvre du cinéaste et film aussi particulier dans sa construction que magistral et original dans son développement. Adaptant un controversé roman d’Evelyn Piper, Preminger va frapper un grand coup sur la Tamise.bunny-lake-a-disparu-01-g

L’AVIS :

Les trente premières minutes laissent présager un Preminger mineur et assez classique, signant une série B presque faible dirait-on. Ou comment mieux nous berner. Car c’est alors que le film opère un virage scénaristique qui lui confère une dimension inattendue et passionnante dans sa seconde partie conférant au génie pur. Le cinéaste nous promène dans sa longue introduction afin de mieux nous cueillir et nous saisir ensuite à vif avec toute sa maestria pour installer une ambiance, une atmosphère plongeant dans la psyché humaine déformée. 15183Construit en deux temps avec une fluidité et une cohérence impressionnantes, Bunny Lake a Disparu va s’articuler autour d’une tension dramatique et psychologique terrible et terrifiante prenant pour thématique l’angoisse suprême d’une mère : la disparition d’un enfant. Pour l’époque, le sujet est osé, dérangeant, troublant, à plus forte raison avec le traitement qu’en donne le cinéaste. Preminger n’a jamais eu pour habitude de se conformer aux canons, lui, le roi de la provocation directe envers la censure du code Hays, qui aura essayé à plusieurs reprises de lui mettre des bâtons dans les roues. Il développe ici un climat à mi-chemin entre le drame, le policier et le cinéma fantastique, qui va s’avérer d’une maîtrise implacable et oppressante alors que le film nous retourne par son évolution inattendue. Une réussite qui rappelle vaguement dans un style loin et proche à la fois, un autre chef d’œuvre britannique, de Losey cette fois, le passionnant The Servant. Tout le talent de Preminger dans un cinéma à la modernité incroyable, accouchant d’un film fascinant et inoubliable.

Extrait :

Par Nicolas Rieux

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