Mondociné

47 RONIN de Carl Erik Rinsch
Critique – en salles (arts martiaux, historique)

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Spectateurs

21053501_2013102818193882.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre
note 6
Carte d’identité :
Nom : 47 Ronin
Père : Carl Erik Rinsch
Livret de famille : Keanu Reeves (Kaï), Hiroyuki Sanada (Oïshi), Kô Shibasaki (Mika), Tadanobu Asano (Kira), Rinko Kikuchi (Lady Mizuki)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 2 avril 2014 (en salles)
Nationalité : USA
Taille : 1h59
Poids : Budget de 175 M$

Signes particuliers (+) : Redouté comme une catastrophe artistique, 47 Ronin est à l’arrivée une agréable surprise inattendue, davantage film à l’âme asiatique respectueux des codes du cinéma de samouraïs à la japonaise, que blockbuster hollywoodien over-spectaculaire et destructeur de mythe. Entre beauté esthétique, narration bien conduite, rythme intelligent et séquences d’action intenses et séduisantes, ce premier film de Carl Erik Rinsch ne mérite certainement pas la réputation qu’il se traîne, pas plus que son échec cuisant au box office américain. Une fresque souvent splendide, habile compromis que les amateurs sauront apprécier, entre les codes du spectacle hollywoodien et les valeurs du cinéma du Pays du Soleil Levant.

Signes particuliers (-) : Des maladresses, une reconstitution qui sent parfois le toc, un récit manquant de souplesse… Un peu long, 47 Ronin faiblit dans son dernier tiers avant de se réveiller avec panache pour un superbe final.

 

LES AVENTURES DE KEANU REEVES AU PAYS DES RONIN

LA CRITIQUE

Résumé : Un perfide seigneur de guerre ayant tué leur maître et banni leur tribu, 47 samouraïs errants jurent de se venger et de restaurer l’honneur de leurs compatriotes. Arrachés à leurs foyers et perdus aux quatre coins des terres connues, cette poignée de rebelles se voit contrainte de recourir à l’aide de Kai – un demi sang qu’ils avaient jadis renié – lors de leur combat à travers un univers violent, peuplé de monstres mythologiques, de métamorphoses maléfiques et d’effroyables dangers. Cet exil sera l’occasion pour cet esclave rejeté de se révéler leur arme la plus redoutable, et de devenir la figure héroïque qui donnera à cette troupe d’insoumis l’énergie de marquer à jamais l’éternité.47 ronin

L’INTRO :

47 Ronin est l’exemple même du pari risqué revenant de très loin, fruit d’une production chaotique qui sera passée par tous les stades de la douleur. Multiples réécritures avant et pendant le tournage, conflits entre ses auteurs et la production quant à la direction à prendre entre le film respirant la mythologie japonaise et le divertissement mainstream, tournage commencé en langue nippone avant un virevoltant changement de cap pour privilégier l’anglais (obligeant la majorité du casting japonais à apprendre les textes phonétiquement), tournage lourd et fastidieux avec le choix tardif de la 3D, post-production laborieuse avec reshoot et « retravaillage » de la dite 3D, explosion du budget, sortie décalée à trois reprises… Plus une fébrilité grandissante à fortiori sur le potentiel commercial d’un projet mettant en scène le guère expressif Keanu Reeves au milieu de l’univers très codifié des samouraïs dans la toute première version Hollywoodienne du mythe historico-légendaire des 47 Ronin, ces braves samouraïs qui ont voulu venger leur Seigneur forcé au seppuku après un complot et ce, malgré l’interdiction du Shogun. Un accouchement douloureux qui aura connu un funeste destin à sa sortie américaine qui résonne encore comme un tremblement de terre ne plaçant pas son exploitation mondiale sous les meilleurs auspices. Au box office américain, 47 Ronin c’est 38 millions de recettes pour 175 millions de dépensés. Un budget astronomique placé entre les mains d’un jeune cinéaste, Carl Erik Rinsch, dont c’était là le premier long-métrage après trois courts !47-ronin-two-action-packed-tv-spots

L’AVIS :

Craint comme une authentique débâcle artistique, 47 Ronin est de ce genre de grosses machines redoutées qui finalement limitent les dégâts grâce à quelques qualités qui parlent pour elles et équilibrent leurs défauts béants en ramenant la balance vers quelque-chose d’acceptable. Probablement en grande partie parce qu’au beau milieu des nombreuses erreurs commises par Rinsch, transpire une volonté de vouloir conférer de la personnalité à un gros spectacle hollywoodien s’aventurant vers une voie plus singulière. On s’explique. 47 Ronin est un blockbuster qui s’égare parfois dans la tradition du cinéma américain bourrin tel qu’on le connaît trop bien. Mais globalement et malgré les bâtons mis dans les roues de son entreprise, qui ont pu entraver l’intelligence de sa démarche, le cinéaste a su plaquer en fond d’oeuvre, une volonté évidente de rester proche du cinéma historico-traditionnaliste à la japonaise. Rinsch essaie tant bien que mal de s’inspirer davantage du cinéma d’un Kurosawa que de celui d’un Edward Zwick quand il signe une balourdise telle que Le Dernier Samouraï avec Tom Cruise. La noble référence n’est pas forcément saisissable de prime abord, mais elle se ressent insidieusement dans un ensemble de choses, le rythme, la maîtrise et la façon de conduire la narration, le traitement essayant de résister aux codes trop américanisés, le respect de la culture des samouraïs et de la philosophie du mythe abordé (l’histoire des 47 Ronin est l’une des plus célèbres légendes du Pays du Soleil Levant). Certes, il y a les ajouts, comme l’invention du personnage porté par le mono expressif Keanu et tout l’arc narratif déployé autour de sa personne, qui s’embrouille dans les maladresses mais quand même, on est loin de la purge annoncée outre-Atlantique, dans une Amérique qui a justement peut-être eu un peu de mal avec un style éloigné de l’hollywoodianisme crétin et visant quelque-chose de plus ambitieux. 21061806_2013112814074723.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

Le résultat ne manque d’ailleurs pas de séduire voire de convaincre par de somptueux moments épisodiques disséminés tout au long d’un métrage qui ne ressemble pas au final à ce que l’on en attendait avec dépit. Point de déluge d’action incessante, point de surenchère d’effets spéciaux hideux, point d’américanisation écrasante mettant à terre le mythe abordé. 47 Ronin est même à l’opposé de ce que laissait entendre une bande-annonce calibrée pour le faire passer pour ce qu’il n’est pas. L’action est concentrée sur quelques séquences spécifiques et intenses, les effets digitaux sont en réalité mineurs et le film se présente davantage comme un drame historique inscrit dans la légende, entrecoupé de séquences à couper à souffle (la chasse au monstre du début, le passage sur l’île des hollandais, le final virtuose) avec en toile de fond des thématiques universelles et emblématiques du genre à la nippone : honneur, loyauté, bravoure et dignité. Tout le code des samouraïs magnifié avec noblesse au lieu d’être ramené à une imagerie vulgairement idiote, dans une élégante illustration de cette histoire fabuleuse modifiée avec humilité et égard vis-à-vis du folklore.  21053556_20131029101126364.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxAlors oui, 47 Ronin n’est pas parfait, loin de là. La reconstitution du Japon féodal oscille entre le toc coloré prenant aises et libertés et la splendeur esthétique visuellement classieuse, le film souffre de longueurs, certains enjeux dramatiques vrillent vers le superficiel, Keanu Reeves dégage toujours cette aura de gentil ahuri à l’œil vide, le mythe absolu des 47 Ronin est partiellement égratigné à des fins d’exportation occidentale, l’émotion peine à jaillir de la tragédie, certains ressorts sont maladroitement utilisés (la romance par exemple), le récit manque de souplesse… Mais de façon plus générale, Rinsch a su trouver un astucieux compromis entre le divertissement spectacle made in america et l’œuvre enracinée dans les valeurs du cinéma japonais, donnant lieu à un effort un peu bancal, hybride et appliqué, mais le fessier peu confortablement installé entre deux chaises sans réellement réussir pleinement ni dans un sens ni dans l’autre. On y verra sans doute ce que l’on veut y voir, les faiblesses ou les qualités, c’est selon. Reste que l’on ne pourra décemment hurler, à moins de mauvaise foi patentée, à la purge désastreuse car 47 Ronin affiche des efforts qui méritent vraiment d’être mis en avant. Et y repenser après coup aide à s’en convaincre.

 

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

One thought on “47 RONIN de Carl Erik Rinsch
Critique – en salles (arts martiaux, historique)

  1. Déjà le trailer m’avait convaincu, là ta critique m’a donnée envie de le voir ! Qui plus est j’aime bien les acteurs mono-expressifs (Keanu Reeves, Eric Bana…), ça devrait donc me plaire. Il reste que je ne suis pas amateurs de films à l’esprit asiatiques, mais qui sait peut-être vais-je aimer !

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