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22 MILES de Peter Berg : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : 22 Miles
Père : Peter Berg
Date de naissance : 2018
Majorité : 29 août 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre
: Action

Livret de Famille : Mark Wahlberg, Lauren Cohan, Iko Uwais, Ronda Rousey, John Malkovich…

Signes particuliers : Peter Berg loin de ses habitudes

UN FILM ÉPROUVANT

LA CRITIQUE DE 22 MILES

Résumé : Un officier d’élite du renseignement américain tente d’exfiltrer un policier qui détient des informations compromettantes. Ils vont être traqués par une armée d’assassins tout au long des 22 miles les séparant de l’avion qui leur permettra de quitter le pays. Depuis quelques années, Peter Berg s’était spécialisé dans les films d’action basés sur des histoires vraies ayant mêlé tragédie et héroïsme. Après Du Sang et des Larmes, Deepwater et Traque à Boston, le cinéaste retrouve à nouveau son frère d’arme Mark Wahlberg mais change de calibre. Désireux de s’amuser un peu sans devoir porter le lourd poids moral qui va de pair avec l’illustration de drames réellement vécus, Peter Berg revient à la pure fiction avec 22 Miles, un actioner énervé, collé aux basques d’une unité d’élite spécialisée dans les missions top-secrètes, laquelle va devoir exfiltrer un policier détenant des informations compromettantes sur son pays. Sauf que de leurs bureaux à l’aéroport où un avion militaire les attend, il y a 35 kilomètres (22 miles) et une armée de tueurs bien décidés à leur barrer la route…De film en film, Peter Berg n’a eu de cesse d’essayer de perfectionner son illustration de l’action et de la violence, mais avec la volonté de toujours rester proche de l’humain et de la psychologie. Malheureusement, avec 22 Miles le cinéaste semble avoir oublié tous ses fondamentaux, et sombre avec ses ambitions. Des ambitions, il y en a pourtant beaucoup dans ce nouvel effort pétaradant. La volonté de signer une épopée d’action épique dont la densité mettra le spectateur sur les genoux. La volonté d’étoffer son actioner basé sur une simple traque en lui apportant un caractère politico-espionnage. La volonté de travailler sur un autre aspect de l’action avec des combats brutaux magnifiés par des chorégraphies étudiées. La volonté d’être réaliste et de ne rien épargner au spectateur question violence sèche. Ou encore, la volonté d’injecter une véritable noirceur à son récit, inhabituelle dans ce type de divertissement d’ordinaire formaté. Clairement, Berg voulait faire beaucoup de choses avec 22 Miles. Dommage qu’il n’en réussisse quasiment aucune.Pour les amateurs de bouffe italienne, imaginez une pizza huit fromages. Quelle idée de génie diront certains, c’est comme une 4 fromages mais doublée ! Sauf que non. Trop c’est trop. Et ce qui semble être un kiff absolu sur le papier de se transformer en gros pavé lourd et gras, où les saveurs d’annihilent pour ne laisser place qu’à l’écœurement de l’excès. 22 Miles, c’est un peu ça appliqué au cinéma. Peter Berg débordait d’idées avec cette sorte de mix croisant 16 Blocs, The Raid et Jason Bourne. Mais son film va souffrir de son côté over-the-top qui va le lester sur place au lieu de lui donner des ailes. 22 Miles, c’est le drame d’un cinéaste qui régresse au lieu de continuer à progresser, comme si Peter Berg avait décidé d’envoyer balader tout ce qui faisait la force de ses derniers films.D’ordinaire, le cinéma de Peter Berg est marqué par une capacité à ne jamais perdre de vue l’humain et la psychologie de personnages forts et piliers de ses histoires. Il est aussi marqué par une virtuosité technique couplée à une élégance de la mise en scène rendant l’action souvent viscérale, par une intelligente simplicité d’écriture généralement calibrée sur une mécanique à deux temps : d’abord une exposition prenant le temps de poser cadre, enjeux et protagonistes, puis une seconde période assénant l’action tout en maîtrisant la science du rythme et de l’intensité. Ici, tout le contraire, comme si Berg avait voulu drastiquement se renouveler en tournant le dos à toutes ses habitudes. Les personnages ? La plupart ne sont que les pions d’une histoire qui ne se préoccupe guère d’eux ou de manière seulement très superficielle. Quasiment aucun héros de cette team en souffrance n’est rendu attachant (à la limite celui de Lauren Cohan si l’on devait en sauver un), ce qui a tendance à instantanément éteindre toute empathie ou émotion. L’art de la mise en scène ? Là où d’ordinaire Berg privilégie la caméra à l’épaule pour installer le spectateur au cœur de ses récits, il remplace cette fois le moindre mouvement de caméra par un point de montage, s’embourbant ainsi dans une hystérie de la vitesse exténuante, soulignée par un montage frénétique constamment à deux doigts de la rupture et de l’illisible. La simplicité d’écriture ? Aux oubliettes, Peter Berg s’empêtre dans une narration foutrement mal pensée, qui confond déstructuration et désordonné, coulant ainsi à pic dans une confusion à la limite du compréhensible avec son montage éclaté incroyablement mal géré, comme s’il s’agissait de paumer volontairement le spectateur dans une intrigue racontée par petits bouts éparpillés. Une narration éclatée qui de surcroit, a vite fait de désamorcer la noirceur de l’histoire en lui coupant l’herbe sous le pied, avant qu’elle ne soit ré-assénée dans un final twistique amené avec une finesse proche du zéro. Reste au moins l’intensité d’un grand moment d’action… Et encore. En ayant fait le choix d’un film ramassé sur seulement 1h30, Peter Berg ne se donne jamais le temps de pouvoir installer quoique ce soit, et 22 Miles de virer à la foire d’empoigne fatigante faute de gérer son rythme entre temps forts et temps faibles, emballement et répit pour souffler. Un bon gros bordel à la maîtrise trop intermittente pour convaincre duquel on sauvera essentiellement Iko Uwais (la star de The Raid) qui pourrait bien faire son trou à Hollywood tant ses qualités martiales et d’acteur sont indéniables.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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