Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Finding Forrester
Père : Gus Van Sant
Livret de famille : Sean Connery (Forrester), Rob Brown (Jamal), F. Murray Abraham (Crawford), Anna Paquin (Claire), Busta Rhymes (Terrell), Michael Pitt (Coleridge), April Grace (Mme Joyce), Michael Nouri (Dr Spence), Matt Damon (Sanderson)…
Date de naissance : 2001
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 2h16 – 43 millions $
Signes particuliers (+) : Un beau mélodrame bourré de sensibilité et de poésie touchante. C’est peut-être naïf mais c’est fait avec sincérité. On y profite des derniers instants cinématographiques avec la légende Sean Connery.
Signes particuliers (-) : 43 millions ?! Un film très classique et tendre que les amateurs du Gus Van Sant plus enragé pourraient ne pas apprécier.
LE SALON DU POÈTE DISPARU
Résumé : Jamal Wallace, petite frappe doué en basket, entre par effraction dans un appartement soi-disant habité par un vieil ermite étrange. Le hasard va l’amener à faire une rencontre qui va bouleverser sa vie puisqu’il va se lier d’amitié avec le propriétaire des lieux, un célèbre écrivain s’étant coupé du monde après la publication de son premier roman…
Gus Van Sant poursuit une carrière atypique sans cesse entre films d’auteur personnels et projets plus « commerciaux » ou du moins de facture plus classiques. De Will Hunting à Elephant, de My Own Private Idaho à Harvey Milk, il a su acquérir le respect de toutes les branches du cinéma. A la rencontre de Forrester est l’exemple parfait de son cinéma. Une œuvre engagée sur des thèmes récurrents, profonds, tout en gardant des allures de cinéma accessible au plus grand nombre.
Le cinéaste reprend ici une trame archi-revisitée (un gamin un peu paumé dans la vie va se lier d’amitié avec le mystérieux ermite du coin qui va devenir son mentor) mais en l’adaptant à son univers et en y intégrant ses thématiques de prédilection : les quartiers défavorisés, la jeunesse en perdition et en difficulté, sa confusion, son inadaptation au monde environnant, ses doutes sur son chemin et son avenir, le fossé qui séparant les classes sociales, la culture et l’idée de transmission du savoir, du vécu et de l’expérience…
Par l’entrechoquement de deux mondes opposés (un écrivain blanc, solitaire et érudit et un gamin black, du Bronx, surdoué en lettres mais plus intéressé par le basket, seul moyen de rêver à la possibilité de s’extraire un jour de sa condition sociale) Gus Van Sant va développer une histoire tout en émotion et en sensibilité, d’une simplicité touchante mais qu’il saura rendre plus profonde par une écriture juste, réfléchie et poétique. Si le scénario de ce récit initiatique se conforme aux canevas classiques du genre avec la même progression dramatique et les mêmes climax que d’ordinaire, il n’empêche que l’on se fait pourtant rapidement emporter par la finesse, la force, l’intelligence et la beauté de cette histoire d’une rencontre où deux êtres vont mutuellement s’apporter ce qui marquera la fins de leurs errances personnelles et, intérieurement, ce dont ils avaient tant besoin. On se laisse flotter au rythme de la littérature évoquée, lue, discutée et débattue, au gré de dialogues savoureusement écrits en terme de prose et surtout on se laisse entraîner par le duo portant le film, ce vieux briscard de Sean Connery, en fameux écrivain vivant reclus du monde et le jeune Rob Brown, un tandem qui va passer de l’état de « face à face » au statut de « duo complice et complémentaire » avec une magie de l’échange proprement alchimique. Le contexte social dans lequel baigne l’histoire, propre à l’ensemble de l’oeuvre du cinéaste, vient apporter la touche singulière qui fait la toute différence entre ce A la Rencontre de Forrester et n’importe quel drame hollywoodien traditionnel sans saveur particulière. Sans jamais tomber dans le véritable misérabilisme, Gus Van Sant va s’en servir pour envelopper son récit et non pour l’étouffer prétentieusement.
A la Rencontre de Forrester pourrait donc être perçu comme une sorte de mélange entre Will Hunting et Le Cercle des Poètes Disparus, les deux rencontrant son futur et fabuleux Paranoïd Park. Et même si le film est mois radical que ce dernier et se laisse, dans de rares passages, piéger au jeu de quelques facilités et improbabilités doucement naïves, on lui pardonne vite. Car sur le fond, l’histoire en elle-même est certes facile (l’opposition des milieux, la rencontre décisive puis l’amitié qui en naît). Mais Gus Van Sant a suffisamment de talent (quand il s’en donne la peine et ne joue pas les cinéastes poseurs involontairement prétentieux, se regardant tourner) pour faire d’une oeuvre simple, une belle oeuvre simple sans être simpliste. A la Rencontre de Forrester n’est pas son film le plus difficile d’accès, il fait même parti de ses plus académiques et accessibles. Et c’est là que c’est fort car il parvient à garder la même intégrité peu importe là où se classe ses projets en allant plus loin que les apparences et en ajoutant une dimension toujours plus profonde à tout ce qu’il filme. Parfois, il le fait maladroitement par péché d’excès dans le surfait mais parfois, comme c’est le cas ici, il peut aussi le faire avec une grâce et une poésie bouleversante, défiant la soupe dramatique à l’hollywoodienne. A noter un petit caméo de l’ami Matt Damon chez son mentor.
Bande-annonce :
A la rencontre de Forrester – Bande Annonce FR par _Caprice_