Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Make-out with Violence
Fils des : Deagol Brothers
Livret de famille : Eric Lehning (Patrick), Cody DeVos (Carol), Leah High (Addy), Brett Miller (Beetle), Tia Shearer (Anne), Jordan Lehning (Rody), Josh Duensing (Brian), Shellie Marie Shartzer (Wendy)…
Date de naissance : 2008
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h45 – 150.000 $
Signes particuliers (+) : Esthétiquement magistral avec des plans magnifiques et léchés.
Signes particuliers (-) : Chiant et prétentieux. Une narration déconstruite confuse. Une BO insupportable.
VIRGIN SUICIDES OF THE DEAD
Résumé : Deux frères sont marqués par la disparition et le supposé décès tragique de leur amour de lycée, la belle Wendy, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Wendy va pourtant être retrouvée « vivante » par l’un des deux frères, non loin de l’endroit où elle avait disparu, attachée à un arbre et le corps en début de putréfaction. Les deux frères décident de la cacher…
Zombie Lover, film phénomène de l’année 2008, a bousculé la communauté geek des amateurs de films de zombie par sa différence, loin des codes traditionnels d’un genre qui a du mal à innover et qui se contente trop souvent de réutiliser les mêmes recettes depuis les premiers classiques fondateurs du maître George Romero. Petite production indépendante, Zombie Lover quitte les rails habituellement suivis par le genre et erre quelque part entre la comédie romantique et le drame initiatique avec en toile de fond, une histoire de mort-vivant mais qui n’a comme fonction, que de traiter de thèmes plus vastes, plus généraux.
Premier film des Frères Deagol qui n’avait signé jusque-là, qu’un court-métrage remarqué (Robot Movie en 2004), Zombie Lover ou Make-Out With Violence de son titre original plus porteur de sens, est aussi ambitieux qu’il est fauché. Il est aussi très courageux car au premier degré, il ne traite ni plus ni moins que de nécrophilie avec son histoire de deux frères secrètement amoureux d’une amie d’université qui va disparaître mystérieusement avant qu’ils ne la retrouve dans une forêt voisine… zombifiée. Les deux adolescents vont alors la ramener discrètement chez eux pour s’en occuper non sans attirance pour ce corps mort mais pas encore putride.
Zombie Lover a un pitch complètement barré serait-on tenté de dire, laissant se poser la question sur la santé mentale de ses deux auteurs qui auront porté à bout de bras cette chronique adolescente en forme de teen movie romantique abordant la question des premiers émois et sentiments. Mais au travers du film de genre, on perçoit en sous-texte assez rapidement le but de ces frangins qui brossent une étude intéressante dans l’angle choisi pour l’aborder, de l’amour pur et pas encore souillé par les réalités de la vie. Cet amour, c’est le premier amour, celui de l’enfance, celui qui n’a pas encore été contaminé par le vice, par l’expérience, par la maturité réflexive, par les conventions et la raison. Cet amour, il est presque innocent car entièrement dans l’émoi, dans le ressenti non maîtrisé, non calculé. Les Deagol Brothers essaient de l’expliquer par une parabole un peu radicale il est vrai mais ces deux jeunes adolescents aiment leur amie, souffrent de sa disparition et son retour, quel qu’il soit, qu’elle que soit sa forme, vivante ou morte, a juste pour but de tendre à montrer cette innocence inconsciente des normes, des règles imposées par la société. Pour Patrick et Carol, la situation est simple : leur amour est revenu, point à la ligne, et on écrit la suite de l’histoire. Au passage, ils se fendent d’une métaphore du passage de l’adolescence à l’âge adulte en l’inscrivant dans la mort, celle d’une tranche de vie, pour une renaissance dans une autre, dans laquelle on entre différent, changé.
Zombie Lover est effectivement ambitieux et se drape de nombreuses thématiques dans un film qui, à la base, est presque vendu comme un film de genre, à mi-chemin entre la comédie, la comédie romantique et le film d’horreur. La tentative était intelligente mais il aurait juste fallu que le résultat suive. Très apprécié dans la plupart des festivals qu’il a traversé, glanant un nombre de prix phénoménal, Zombie Lover a un fond passionnant que l’on ne peut lui dénier, une forme hypnotisante et envoûtante par ses images de toute beauté jouant sur les couleurs, les lumières, le montage. Les Deagol caresse la pellicule, enchaînent les plans métaphoriques dans une mise en scène plus auteurisante qu’efficace. Et leur film d’être tout sauf un divertissement amusé et léger mais une immersion frissonnante dans une ambiance fantasmagorique et onirique racontant des parcours initiatiques forts. Sauf que la traversée est douloureuse. Chiant comme la pluie, raconté à travers la voix off de Beetle, le petit frère de Patrick et Carol, que l’on voudrait baffer pour qu’il la ferme deux minutes, Zombie Lover accumule les traits d’une réalisation prétentieuse voulant reproduire avec un style pompeux et esthétisé à l’excès, la beauté classieuse de films de genre comme All the Boys Love Mandy Lane par exemple. Pire, le film essaie de se forcer péniblement à emprunter maladroitement des éléments typiques du cinéma d’auteur sans le moindre naturel et avec hypocrisie comme pour se donner un genre qui ne fonctionnera qu’après d’une élite qui aimera à se regarder le nombril devant cette lourde œuvre qui se veut plus qu’elle n’est. Narration décousue et déconstruite (rendant le film flou et incompréhensible), musique branchée permanente et gonflante de présence incessante, réalisation pseudo-artistique ne faisant que reproduire du déjà-vu ailleurs mais en moins bien, Zombie Lover est au final ni un bon film, ni une œuvre magnifiquement émotionnelle et sensorielle. Ni fun, ni passionnante, elle est juste le comble de l’ennui voulant intellectualiser le mythe du zombie mais en le faisant bien mal. On appelle ça une purge ratée.
Bande-annonce :