Quand on pense 3D, on pense Avatar, on pense à la pelletée de blockbusters des années 2010… Mais les fins cinéphiles ne sont pas dupes et savent pertinemment que la 3D a connu des « vagues » bien plus antérieures. Elle a connu une petite mode dans les années 1950 par exemple, on citera Le Météore de la Nuit de Jack Arnold ou Le Crime était presque parfait d’Hitchcock. Dans les années 1970, le public a eu droit à du Dracula ou du Frankenstein en relief. Puis un nouvel essor est arrivé dans les années 80, notamment du côté de l’horreur avec Vendredi 13 : Meurtres en 3D, Amityville 3D ou Les Dents de la Mer 3… Bref, depuis les années 50 en gros, la 3D revient régulièrement par à-coups.
Mais pour trouver trace du premier vrai film commercial projeté en relief, il faut remonter bien plus loin, aux débuts des années 1920. Los Angeles, 27 septembre 1922, les réalisateurs Harry K. Fairall et Nat G. Deverich présentent en avant-première mondiale The Power of Love, un mélodrame dans lequel un père ruiné propose sa fille en mariage à un notable. Mais la jeune femme tombe même amoureuse d’un jeune étranger récemment victime des hommes de main de ce dernier.
Révolutionnaire (même si l’on peut trouver des expérimentations scientifiques encore plus anciennes), The Power of Love utilisait la bonne vieille technique du système anaglyphe à savoir deux copies chacune colorisée différemment, en rouge et en cyan, projetées en même temps à l’écran avec un léger décalage pour créer l’illusion du relief. Les spectateurs étaient munis de lunettes, également teintées.
Malgré sa soif de faire sensation, The Power of Love ne sera malheureusement pas un franc succès. Après cette projection en grande pompe, le film ne sera remontré qu’une seule « en 3D » à un panel d’exploitants et de journalistes. Les critiques ne seront pas mauvaises mais personne ne sera franchement convaincu par le potentiel attractif de la technologie. L’année suivante, The Power of Love sera acheté par Lewis J. Selznick qui le distribuera en… 2D. Cette version existe toujours à l’inverse de sa cousine en 3D, considérée comme perdue depuis longtemps.