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LES OMBRES PERSANES de Mani Haghighi : la critique du film

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Spectateurs

Nom : Tafrigh
Père : Mani Haghighi
Date de naissance : 2023
Majorité : 19 juillet 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : Iran
Taille : 1h47 / Poids : NC
Genre : Drame, Fantastique, Thriller

Livret de Famille : Taraneh AlidoostiNavid MohammadzadehEsmail Poor-Reza

Signes particuliers : Fascinant. 

Synopsis : À Téhéran, un homme et une femme découvrent par hasard qu’un autre couple leur ressemble trait pour trait. Passé le trouble et l’incompréhension va naître une histoire d’amour… et de manipulation.

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NOTRE AVIS SUR LES OMBRES PERSANES

Quand on pense « cinéma iranien actuel », on pense instantanément Asghar Farhadi, Saeed Roustayi, Jafar Panahi… Loin de leurs styles respectifs, il y a le plus marginal Mani Haghighi, cinéaste davantage porté vers une forme de cinéma de genre adapté à la culture iranienne. La dernière fois que l’on avait croisé sa route, c’était pour le passablement déjanté Pig en 2018, comédie noire teintée d’horreur dans laquelle un serial killer s’en prenait aux célèbres réalisateurs iraniens en activité, provoquant la colère de l’un d’eux vexé de ne pas être visé lui-aussi. Cinq ans plus tard, Mani Haghighi est de retour avec Les Ombres Persanes, un étrange thriller psychologique évoluant entre le drame social et le fantastique dans lequel un couple de Téhéran découvre l’existence d’un autre couple qui leur ressemble trait pour trait. Le premier couple est plutôt modeste, le second est au contraire aisé. Une histoire de doppleganger ancrée dans la société iranienne.

Mani Haghighi tenait un postulat dramaturgiquement très excitant pour un metteur en scène. L’idée d’un sosie est une chose, l’idée d’un clone en est une autre, drainant dans son sillage des questionnements sur l’identité et ce qui nous définit en tant qu’être. Et Les Ombres Persanes de prendre des accents philosophico-sociologiques au-delà du simple thriller à suspens. C’est bien là la force du film de Haghighi, sa multiplicité à l’image de son sujet. Il parvient avec un équilibre assez épatant (et grisant), à être autant un thriller sous tension, qu’un drame intimiste, un film social sur la culture et les rapports de classe dans la société iranienne, une romance électrique ou un film fantastique parsemé d’étrangeté. Avec en creux de manière presque subliminale, une critique de l’uniformisation qui règne dans la société iranienne sous le poids du fondamentalisme. Parce que ces deux couples sont identiques et différents à la fois, Mani Haghighi injecte subtilement cette idée d’altérité possible, altérité sociale, altérité existentielle, altérité personnelle. Une réussite indéniable sublimée par une mise en scène tantôt minutieuse, précise ou graphique, et portée remarquablement par ses excellents comédiens qui jouent double, Taraneh Alidoosti et Navid Mohammadzadeh, tous deux vus dans l’immense Leila et ses Frères.

Par Nicolas Rieux

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