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SALTBURN d’Emerald Fennell : la critique du film [Prime Video]

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Spectateurs

 

Nom : Saltburn
Mère : Emerald Fennell
Date de naissance : 22 décembre 2023
Type : Disponible sur Amazon Prime Vidéo
Nationalité : USA
Taille : 2h07 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Barry KeoghanJacob ElordiRosamund Pike, Carey Mulligan, Archie Madweke, Richard E. Grant, Alison Oliver…

Signes particuliers : Un film que l’on n’est pas prêt d’oublier.

Synopsis : L’étudiant Oliver Quick, qui peine à trouver sa place à l’université d’Oxford, se retrouve entraîné dans le monde du charmant et aristocratique Felix Catton, qui l’invite à Saltburn, le vaste domaine de sa famille excentrique, pour un été qu’il n’oubliera pas de sitôt.

RICHES CUITS A POINT 

NOTRE AVIS SUR SALTBURN

C’est un film qui a beaucoup fait parler ces dernières semaines. Saltburn a déboulé en grande pompe sur Prime Vidéo, precedé d’une flatteuse réputation depuis sa présentation au festival de Telluride l’an passé. Deuxième long-métrage de la réalisatrice Emerald Fennell après le formidable Promising Young Woman (auréolé d’un Oscar pour son scénario), Saltburn est vite devenu un « must to see », ces films propulsés par un bouche-à-oreille grandissant en mode « Quoi, tu ne l’as pas vu ??« . Affichant un casting très sexy avec ses jeunes comédiens très en vogue, du très talentueux Barry Keoghan au charismatique Jacob Elordi (la série Euphoria) en passant par Archie Madweke (Midsommar, Beau is Afraid, Gran Turismo), Saltburn suit le parcours d’Oliver Quick, nouvel étudiant à Oxford. Sans amis et sans moyens, il y fait la connaissance de Félix Catton, un bourgeois issu d’une grande famille aristocratique. Félix va entraîner Oliver dans son monde. Ou Oliver va s’imiscer dans le monde de Félix, tout dépend de comment on regarde les choses…

C’est une relecture sexy et dérangeante de l’éternelle lutte des classes que nous propose Emerald Fennell avec Saltburn, film jusqu’au-boutiste qui n’hésite pas à se confronter au malaisant pour mieux bousculer et imprégner l’esprit du spectateur. La confrontation entre Oliver le jeune boursier de la classe moyenne et ces rentiers de la haute va nous projeter dans un vortex dramatique tantôt grinçant, drôle, tordu ou hypnotique. Après Parasite ou Sans Filtre, Saltburn est une nouvelle allégorie opposant les ultra-riches aux complexés par leur condition sociale. Emerald Fennell signe un film construit autour d’un jeu de rapports cyniques où les positions vont être malmenées, avec en creux un regard poignant sur la solitude désespérée et le besoin d’acceptation dans une société moderne de plus en plus cruelle.

Emmené par une distribution d’exception dont un incroyable Barry Keoghan charnel et magnétique (qui aura bien pu prétendre à une nomination à l’Oscar) ou une Rosamund Pike fabuleuse en aristo déconnectée, Saltburn est un film perturbant, parfois répugnant (on n’est pas prêt d’oublier son cunni ensanglanté ou sa fameuse « scène de la baignoire » à base de sperme) mais la démonstration de Fennell est remarquable. Le cinéma étant une affaire d’émotions, peut-on dire qu’un film qui procure des sensations radicales est réussi dans l’absolu ? Bien sûr que non, ce serait trop simpliste et réducteur. Mais outre les ressentis qui nous pousse dans nos retranchements, Saltburn est aussi un film armé d’un propos fort, un film doté d’un regard intelligent sur ce qu’il développe et un film à la direction artistique magistrale, Emerald Fennell multipliant les plans à l’esthétisme prodigieux.

Le ver dans la pomme. L’ingénu qui pénètre et corrompt un microcosme aristocratique. La rébellion de la classe moyenne qui s’infiltre dans la Haute pour mieux la faire imploser de l’intérieur… Fortement influencé par Le Talentueux Monsieur Ripley, Saltburn flirte aussi avec le Théorème de Pasolini ou le The Servant de Joseph Losey. A l’ombre de ses nobles références (qui prouvent que le film ne mise pas sur l’originalité de son histoire ou de son propos mais davantage sur son traitement), Emeral Fennell signe un film aussi fascinant que ses illustres precedesseurs, à défaut d’être aussi fin que certains d’entre eux. Car si Saltburn ne manque pas de puissance hypnotique et de force du propos, la cinéaste cède parfois à un peu de complaisance. On le sait, on le voit, mais cela n’entame pas le plaisir de découvrir une véritable oeuvre de cinéma XXL.

 

Par Nicolas Rieux

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