Mondociné

HUNGER GAMES – L’EMBRASEMENT de F. Lawrence
Critique – Sortie DVD/Blu-ray (sf / aventure)

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Spectateurs

hunger gamesMondo-mètre :
note 5.5
Carte d’identité :
Nom : The Hunger Games : Catching Fire
Père : Francis Lawrence
Livret de famille : Jennifer Lawrence (Katnis Everdeen), Liam Hemsworth (Gale), Josh Hutcherson (Peeta), Woody Harrelson (Haymitch), Donald Sutherland (Snow), Sam Claflin (Finnick), Elizabeth Banks (Effie), Jena Malone (Johanna), Jeffrey Wright (Beetee), Lenny Kravitz (Cinna), Philip Seymour Hoffman (Heavensbee), Stanley Tucci (Ceaser), Amanda Plummer (Wiress), Toby Jones (Claudius)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 27/11/2013 (salles) / 21 mars 2014 (en vidéo)
Nationalité : USA
Taille : 2h26 / Poids : 131 millions $

Signes particuliers (+) : Avec sur les bras un volet charnière délicat, Francis Lawrence arrive quand même à assurer le minimum au détour d’un film plus sombre et plus violent que son prédécesseur, capable de moments épiques impressionnants. Jennifer Lawrence est une nouvelle impeccable dans un rôle de jeune femme forte à la fois déterminée et terrifiée. Ce second opus s’immergeant dans l’arc narratif global de la saga prépare la suite en donnant hâte d’y être.

Signes particuliers (-) : Si Hunger Games 2 dépasse le premier chapitre sur certains points, il se range par contre derrière sur pas mal d’autres. Moins surprenant, moins frais, le film gagne en densité et en noirceur ce qu’il perd paradoxalement en émotion et en intensité. Mis en difficulté par une structure narrative déséquilibrée, par un scénario trop indigeste et par un traitement maladroit accordé aux nombreux personnages, cette sequel est à la traîne dans sa très longue entame reculant inutilement le déploiement de ses enjeux dramatiques étirés sur une durée trop conséquente. L’ennui nous guetterait presque si le réveil du film à mi-parcours ne lui insufflait pas enfin la tension qui lui manquait jusque-là.

 

QUAND LA RÉVOLTE GRONDE…

Résumé : Katniss Everdeen est rentrée chez elle saine et sauve après avoir remporté la 74e édition des Hunger Games avec son partenaire Peeta Mellark. Puisqu’ils ont gagné, ils sont obligés de laisser une fois de plus leur famille et leurs amis pour partir faire la Tournée de la victoire dans tous les districts. Au fil de son voyage, Katniss sent que la révolte gronde, mais le Capitole exerce toujours un contrôle absolu sur les districts tandis que le Président Snow prépare la 75e édition des Hunger Games, les Jeux de l’Expiation – une compétition qui pourrait changer Panem à jamais…

21055345_20131106144445762.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxL’INTRO :

Après la bonne surprise qu’était le premier volet, globalement bien reçu à sa sortie, la saga littéraire signée Suzanne Collins des Hunger Games se poursuit au cinéma avec la suite de sa transposition aventuro-romanesque intitulée cette fois Hunger Hames, L’embrasement. A la manière de Star Wars et autres, Hunger Games était d’avance programmé pour être un spectacle en plusieurs chapitres et après que Gary Ross ait posé les bases de l’univers et les enjeux principaux au détour d’un volet initial de grande qualité, Francis Lawrence lui emboîtent le pas pour mettre en scène un film qui va vraiment s’attacher à traiter l’arc narratif global et développer les thématiques de la série, d’où ce sous-titre « l’embrasement », synonyme de « allez, on attaque le gros morceau maintenant ». Si le metteur en scène change, le casting lui ne bouge pas ou peu. La belle et successfull Jennifer Lawrence rempile dans le rôle titre de Katnis Everdeen, Josh Hutcherson sera toujours son acolyte Peeta et la galerie des seconds rôles reprend du service, de Woody Harrelson (le fidèle allié Haymitch) à Lenny Kravitz (le gentil couturier Cinna) en passant par Donald Sutherland (le président Snow), Liam Hemsworth (Gale, le véritable amour de Katnis), Elizabeth Banks (l’animatrice Effie) et Stanley Tucci (l’animateur Flickerman). Côté nouveaux venus, Jena Malone (vu dans Sucker Punch), Sam Clafin, Amanda Plummer et Jeffrey Wright seront deux candidats des nouveaux Hunger Games et Philip Seymour Hoffman incarnera un nouveau grand manitou de ce cruel jeu de télé-réalité terrifiant.

L’AVIS :

Ce deuxième opus représentait un véritable défi pour Francis Lawrence car le challenge à relever était compliqué pour le cinéaste. Ce Hunger Games 2 fait figure de volet charnière dans la saga, avec un pied dans la prolongation du travail effectué et l’autre dans la suite à préparer. Sans réel début ni fin concrètes, Hunger Hames – L’embrasement fonctionne un peu à la manière d’un épisode de série télé dont il faudrait avoir suivi l’avant pour l’appréhender, autant qu’il faudra se préparer à suivre la suite pour ne pas rester dans une position de frustration contrariante. En son temps, L’Empire contre-attaque s’accommodait bien de cette situation. Hunger Games 2 beaucoup moins, avec un résultat en demi-teinte, à la fois étrange et risqué narrativement. Comme souvent dans ce type d’opus charnière, l’intrigue se charge considérablement en densité en récupérant l’héritage de son prédécesseur et en commençant à réellement avancer et évoluer dans son univers, délesté du devoir de poser ses fondations et seulement focalisé sur sa logique dévouée à l’exploitation de son aventure et de ce qu’elle veut raconter véritablement. Transition entre le début et la fin de l’histoire, Hunger Hames – L’embrasement ressemble au final à s’y méprendre à ces épisodes de TV show souvent à la peine (mais pas nécessairement de leur fait), que l’on ne peut haïr tant ils sont un passage et un travail de préparation obligé mais que l’on n’apprécie pas non plus à leur juste valeur en ce qu’ils sont empreint de beaucoup de frustration car ils se servent essentiellement une continuité et un après que l’on ne découvrira que plus tard avec le troisième volet. Un passage obligé en lieu et place d’un plaisir immédiat, l’effort de Francis Lawrence était compliqué dès le départ et sa logique de conception.

jennifer-lawrence-hunger-gamesPas toujours adroit narrativement, Hunger Hames – L’embrasement essaie de fait, de mettre beaucoup de choses dans un seul et même film. Trop d’ailleurs, donnant cette impression de lourdeur manquant de fluidité, entre son entame propre, celle reliée à son prédécesseur, le déploiement de son histoire personnelle et la préparation de la suite qui la contrarie. Bilan : 2h30. Une durée un brin excessive donnant une impression de fausse longueur à un film en réalité dense, et un travers qui aurait pu être évité si cette sequel n’était pas aussi chargée, répétant notamment nombre de scènes déjà soulignées dans le premier sur lequel il calque plusieurs passages.  Néanmoins, le dessin des contours étant terminé, Hunger Games 2 peut au moins commencer à réellement évoluer dans son univers SF de plus en plus passionnant, lardé de métaphores dans son arc narratif et bien plus politisé que le chapitre précédent. Si la critique du fonctionnement de la télé-réalité, des médias et leurs excès est une pique évidente, le véritable fond dépasse de loin cette seule analyse superficielle. HG2 est avant toute chose une parabole déguisée en divertissement sur les mécanismes d’une société dictatoriale et fascisante, sur le pouvoir de rébellion et de renversement des masses opprimées, sur la nécessité de réflexion et le besoin d’analyse de notre environnement pour en décrypter les travers cachés au-delà des apparences et le travail de manipulation orchestré ou encore sur la position délicate et parfois d’un cynisme forcé des symboles de façade érigés en trompe-l’œil… Hunger Hames – L’embrasement où un appel à la révolte.

20428909.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxDans l’aspect factuel, Hunger Hames – L’embrasement change également de visage par rapport au premier, pour le meilleur et pour le moins bon aussi, c’est selon. Si ce dernier avait déjà été loué pour l’originalité de son traitement par rapport à la masse des blockbusters de pur entertainement aseptisés, cette suite prend une tournure plus adulte et améliore autant le travail effectué sur certains points, qu’elle ne paraît en revanche plus faible sur d’autres. Plus concrètement, Hunger Games 2 gagne en noirceur et en violence mais à l’opposé, perd aussi en émotion et en intensité, en grande partie à cause d’une ossature narrative mal équilibrée et au sort parfois maladroit réservé aux nombreux personnages qui alimente la galerie déployée. Si par rapport aux romans, beaucoup sont purement évincés (logique de la concision d’une transposition oblige, soyons compréhensifs), ceux qui ont pu traverser le fossé de l’adaptation ont tendance à être trop expédiés pour que l’on s’y attache, assumant fréquemment un rôle de faire-valoir et incarnant une fonction sans revêtir une véritable humanité qui confèrerait déclenchement de l’empathie et naissance de sentiments forts vis-à-vis du film.

21055344_2013110614444559.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxFrancis Lawrence se retrouvait avec sur les bras un exercice handicapé à la base par sa conception et sa position dans l’histoire, et fort à parier qu’il sera davantage à l’aise sur le futur Hunger Games 3, une fois débarrassé de certains poids alourdissant la mécanique scénaristique de  ce « volet du milieu ». Car malgré les défauts de son long-métrage, le cinéaste réussit quand même à en faire un divertissement plus spectaculaire et ambitieux que son homologue, et relativement prenant une fois qu’il a enfin dépassé sa très longue entame poussive, plus ancrée dans le nivellement des thématiques globales défendues par l’histoire et l’univers de la saga, que dans le spectacle exaltant. En ce sens, Hunger Hames – L’embrasement est tour à tour plus et moins épique selon les passages. Autant il met en effet une éternité à véritablement démarrer et passionner à trop retarder inutilement ses enjeux dramatiques, autant il capable ensuite de revêtir les apparats d’un objet efficace et carnassier exécuté avec sérieux lorsque que son aventure est sur les rails.

21055346_2013110614444595.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxGlobalement un cran en-dessous et moins surprenant que le premier volet même s’il arrive à se hisser au-dessus de lui dans certaines de ses parties, Hunger Hames – L’embrasement semble surtout moins vif avec sa structure narrative plus maladroite et « boulimiquement » fournie. Toutefois, ce second volet qui fonctionne par à-coups, a le mérite de nous faire languir de la suite que l’on espère plus brillante, et sait faire de preuve de caractère quand il s’en donne la peine. La franchise Hunger Games garde donc intact tout son potentiel et son intérêt et l’on n’oubliera pas de souligner une fois de plus la magnifique prestation d’une Jennifer Lawrence des grands soirs, frémissante en héroïne à la fois déterminée et terrifiée par les enjeux élargis qui se dessinent autour de sa personne à l’innocence tristement égratignée.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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