Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Fury
Père : David Ayer
Date de naissance : 2014
Majorité : 23 février 2015
Type : Sortie DVD & Blu-ray
(Chez SPHE)
Nationalité : USA
Taille : 2h14 / Poids : 80 M$
Genre : Guerre
Livret de famille : Brad Pitt (Don Collier), Shia LaBeouf (Boyd ‘La Bible’ Swan), Logan Lerman (Norman), Jon Bernthal (Grady ‘cul d’âne’ Travis), Michael Peña (Gordo), Jim Parrack (Binkowski), Jason Isaacs (Davis), Brad William Henke (Waggoner)…
Signes particuliers : L’un des meilleurs films de guerre vu depuis un sacré paquet de temps. Immersif, réaliste, violent et terriblement éprouvant, Fury est un puta** de grand moment de cinéma.
UNE FOIS LE TANK EN MARCHE, PLUS QUESTION DE DESCENDRE !
LA CRITIQUE
Résumé : Avril 1945. Les Alliés mènent leur ultime offensive en Europe. À bord d’un tank Sherman, le sergent Collier et ses quatre hommes s’engagent dans une mission à très haut risque bien au-delà des lignes ennemies. Face à un adversaire dont le nombre et la puissance de feu les dépassent, Collier et son équipage vont devoir tout tenter pour frapper l’Allemagne nazie en plein cœur… L’INTRO :
Cinéaste inconstant, on attendait encore l’heure de la confirmation pour un David Ayer qui avait laissé entrevoir des choses intéressantes avec son percutant End of Watch, autant qu’il avait pu décevoir avec un Sabotage passablement manqué. Pour son cinquième long-métrage, le réalisateur s’entoure d’un gros casting et s’essaie au registre très ambitieux (et périlleux) du film de guerre. Coproduction américano-chinoise, Fury est à l’heure actuelle le plus gros projet qu’est dirigé le metteur en scène. Une plongée ultra-réaliste dans la Seconde Guerre Mondiale, forte d’une reconstitution qui aura su y mettre les moyens et d’une distribution riche et éclectique allant de la superstar Brad Pitt à l’habituellement énervant Shia Labeouf en passant par le solide Jon Bernthal (Shane dans Walking Dead), le toujours sympathique et trop mésestimé Michael Peña ou le jeune Logan Lerman (La Vie de Charlie, Noé).L’AVIS :
La guerre, c’est moche. La guerre, c’est sale. La guerre, c’est dur. C’est trois adages, que l’on pourrait prêter à des candidates à l’élection de Miss France, sont à la limite du pléonasme débilo-facile. Et pourtant, rarement un cinéaste n’aura su les retranscrire avec autant de conviction et de force dans une véritable furie viscérale et déboussolante. On prend souvent comme référence, l’entame épique du spielbergien Il Faut Sauver le Soldat Ryan… Mais chez David Ayer, l’horreur prend une dimension plus totale. La violence radicale est là, mais elle est accompagnée par la saleté, la boue, la laideur, l’odeur de puanteur pestilentielle, qu’on ressent littéralement à travers l’écran, de même qu’on ressort éprouvé de cette expérience immersive et saisissante où la fatigue et la dureté harassante du quotidien de ces héros de guerre prend tout son sens dans un intense moment de cinéma s’acharnant avec puissance à retranscrire au plus près, la guerre à l’ancienne vue de l’intérieur.Incroyablement virtuose à tous les égards, terriblement réaliste et esthétiquement splendide dans sa peinture de la rugosité douloureuse des combats acharnés, Fury est tout simplement l’un des meilleurs films de guerre que l’on ait pu voir depuis un sacré bail. Un uppercut sans concession qui se vit plus qu’il ne se traverse, qui se ressent plus qu’il ne se regarde. Et au milieu de cette tragique virée exténuante, un quintet d’acteurs au sommet, les traits de visage tirés, le couteau entre les dents, le regard à la fois fou, mélancolique, injecté de rage de survivre et animé par une soif de vengeance meurtrière désarmante de conviction. Ce quintet est dans une implication de leur rôle qui jaillit avec fulgurance à l’écran, renforçant encore davantage la force dévastatrice de ce spectacle époustouflant et sensoriel, aussi âpre, dur et incarné qu’il n’est parfois mythologique et héroïque. Du cinéma brut, cruel et charnel au message aussi radical et basique qu’il n’est profondément et amèrement lucide. Un très grand film et une sacrée belle baffe qui, on l’espère, marquera, restera et comptera.
LE TEST BLU-RAY
Si David Ayer avait lâché en octobre 2014 l’un des meilleurs films de l’année avec Fury, Sony Pictures lui emboîte le pas en pondant probablement l’une des plus belles éditions Blu-ray de ce début 2015. Une belle manière de faire honneur à ce bijou du film de guerre à travers un steelbook qui frise l’excellence. C’est avec émotion que l’on déballe ce bel objet (en plastique, dommage pour un steelbook) pour s’extasier devant son contenu pharaonique. On passera rapidement sur le film car il y a trop à dire sur les nombreux suppléments. Un mot quand même pour dire que cette galette numérique respecte la vision artistique de David Ayer et l’ambiance poisseuse du film soutenue par un grain fortement marqué accentuant le réalisme de l’oeuvre. On notera seulement un rendu image peut-être un peu sombre et dont le contraste aurait pu être davantage travaillé. Côté son, même si l’on n’aurait pas craché sur un 7.1, le film propose en VF comme en vostf, un solide 5.1 DTS-HD bien fignolé dans ses détails et sa spatialisation et rendant pleinement la richesse sonore des scènes, notamment de bataille.
Mais la grande force de cette édition Blu-ray (outre l’excellence du film bien entendu), c’est l’immense richesse des suppléments proposés. Il faut avouer qu’il y avait matière à faire quelque-chose de grand et Sony en a pris conscience. On démarre avec rien de moins que 50 minutes de scènes additionnelles présentées comme « inédites ». Et pour une fois, on ne criera pas au scandale marketing. Sur cette bonne cinquantaine de minutes, quantité de séquences sont effectivement bel et bien inédites. Notons que toutes ne sont pas finalisées, soit non étalonnées ou aux effets spéciaux non intégrés. D’autres sont des scènes rallongées, au montage différent ou présentant des angles de prise de vue inédits. Globalement, il s’agit surtout de « scènes de vie » approfondissant les personnages, leur personnalité marquée par la guerre et leurs relations. Beaucoup de scènes dialoguées donc, mais néanmoins brillantes et certaines auraient pu trouver leur place dans le montage final. On s’émerveillera par exemple de la version alternative de l’attaque surprise du village, on s’émouvra de quelques passages particulièrement touchant avec Brad Pitt ou Jon Bernthal ou on mesurera l’horreur de la guerre avec Sacrifier une main (exemple de scène aux effets non intégrés, au passage). En somme, plus de cinquante minutes à voir, dans la continuité du film, pour se rendre compte de la difficulté des décisions de montage quand on cherche à conserver un sens rythme au cordeau, ce qui oblige parfois à des choix cornéliens. Et dans leur ensemble, ces scènes coupées sont fascinantes.
Vient ensuite la nuée de suppléments autour du film. On commence par un module passionnant de 11 minutes intitulé Frères de Sang. Entre courts extraits de making of, images d’archives de la guerre et interview des acteurs, du réalisateurs et de véritables vétérans de la Deuxième Guerre Mondiale, ce module retrace brièvement l’idée et les intentions d’un film ayant cherché à rendre fidèlement ce que fut la guerre vue de l’intérieur, au plus près des combats. Comme son titre l’indique, Le Journal de Bord du Réalisateur nous emmène au coeur du tournage aux côtés du cinéaste David Ayer. Ce module (17 minutes) fantastique pour les amateurs de making of, est un mix entre interview du metteur en scène et de quelques comédiens et séquences de tournage dévoilant ses coulisses, notamment de certaines scènes parmi les plus complexes à tourner. Un sacré bon moment hautement instructif juxtaposant parfois images du plateau et rendu final (comme pour la bataille de chars). Les Vrais Hommes des Shermans (env. 12 minutes) donne la parole à de vrais vétérans de la guerre (2 précisément) auquel le film rend hommage en puisant dans leurs histoires et anecdotes. Un module entrecoupé d’images d’archives de l’époque et parmi les meilleurs de cette édition, souvent sacrément bouleversant. Enfin, reste un personnage à part entière du film qui méritait bien un module à lui-seul : le tank ! Dompter la Bête (12 minutes) est un module détaillé et épatant sur ces héros d’acier au centre du film. Donnant la parole au production designer ainsi qu’aux techniciens entièrement dédiés à ces monstres blindés sur le plateau, ce dernier supplément revient sur l’expérience de la maîtrise des tanks durant le tournage, sur la façon dont ils ont été pensé. Il nous invite à pénétrer dans ce sanctuaire terrifiant et quelques membres du casting (Michael Peña notamment) raconte son expérience de la conduite réelle de ces engins furieux.
Une galerie photo et la bande-annonce du film ponctuent ce superbe travail, étoffant l’expérience d’un film déjà extraordinaire à la base. Ce steelbook de Fury s’impose comme une pièce indispensable pour tous ceux qui ont aimé le film. Pour les autres, c’est l’occasion.
BANDE-ANNONCE :