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Nom : Queer
Père : Luca Guadagnino
Date de naissance : 26 février 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : USA, Italie
Taille : 2h16 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Daniel Craig, Drew Starkey, Jason Schwartzman…
Signes particuliers : Daniel Craig explose, mais le film aussi.
Synopsis : Dans le Mexico des années 50, Lee, un américain, mène une vie désabusée au sein d’une communauté d’expatriés. L’arrivée du jeune Allerton va bouleverser l’existence de Lee, et faire renaitre en lui des sentiments oubliés.
TORTUREUX… OU TORTURE TOUT COURT ?
NOTRE AVIS SUR QUEER
Plus ça va et plus la carrière de Luca Guadagnino semble s’écrire en pointillé entre bijoux du passé, tentatives intéressantes et ratages plus ou moins notoires. Pour d’excellents Amore et Call Me By Your Name, un honorable Bones And All et des remakes inutiles ou médiocres comme A Bigger Splash ou son insupportable Suspiria. Avec Queer, le réalisateur transalpin semblait vouloir rebondir avec un projet audacieux et surprenant après sa morne romance dramatique dans le monde du tennis (Challengers). Guadagnino engage l’ex-James Bond Daniel Craig et le plonge dans un rôle à contre-emploi, brisant sa stature d’espion viril pour l’immerger dans une comédie queer délirante où se croisent communauté gay dans le Mexico des années 50, romance obsessionnelle, sexe, vertiges, alcool à outrance et quête d’une plante hallucinogène. Ok… Le projet était emballant sur le papier, d’autant que le cinéaste le vend comme son film le plus personnel. Mais d’alléchant sur le papier, il l’est beaucoup à l’écran.
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Plus qu’un film raté, Queer est une longue souffrance dans laquelle Guadagnino se prend pour John Boorman, Terry Gilliam et David Lynch réunis mais en se perd complètement dans son histoire rendue inintéressante par son incapacité à nous attacher à qui ou quoi que ce soit. Romance gay onirique et psychédélique, Queer est une adaptation d’un roman déjà délirant signé William S. Burrough. Mais du livre, Guadagnino tire un film bancal qui tente à la fois de capturer sa folie surréaliste et dans le même temps en aseptise la crudité poisseuse. Quelques séquences très explicites (ou racoleuses – au choix) ne suffisent pas à soulever le film lesté par l’ennui que procure un récit narrativement vide et dont le fond peine à se mettre en évidence. Que veut raconter Guadagnino avec cette chronique qui évolue en pseudo-aventure sous champix ? L’histoire d’une quête d’amour désespérée ? La recherche d’un but pour tromper une évidente solitude ? On ne sait pas trop à l’arrivée dans quoi le cinéaste a voulu nous embarquer. Certains diront que peu importe la destination, l’important c’est le voyage. Malheureusement, il est d’une pénibilité rare.
Si l’on pourra toujours saluer la performance d’un Daniel Craig exceptionnel en homosexuel en exil alcoolique, lubrique et toxicomane, reste qu’à trop vouloir livrer une œuvre barrée, fiévreuse et obsédante, Guadagnino signe un film qui glisse entre les doigts. Pas grand-chose n’est de nature à permettre au spectateur de s’y agripper.
Par Nicolas Rieux