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CHALLENGERS de Luca Guadagnino : la critique du film

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Nom : Challengers
Père : Luca Guadagnino
Date de naissance : 24 avril 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h11 / Poids : NC
Genre : Drame, Romance

Livret de Famille : ZendayaJosh O’ConnorMike Faist

Signes particuliers : C’est vraiment le réalisateur du brillant Call Me By Your Name qui a pondu ça ?!

Synopsis : Durant leurs études, Patrick et Art, tombent amoureux de Tashi. À la fois amis, amants et rivaux, ils voient tous les trois leurs chemins se recroiser des années plus tard. Leur passé et leur présent s’entrechoquent et des tensions jusque-là inavouées refont surface.

LES FEUX DE LA RAQUETTE

NOTRE AVIS SUR CHALLENGERS

S’il y a bien un marqueur récurrent qui semble accompagner la carrière de Luca Guadagnino depuis toujours ou presque, c’est son attrait pour une forme de sulfureux sophistiqué. Que ce soit avec Amore, The Bigger Splash – son remake de La Piscine, celui de Suspiria, son inoubliable Call Me By Your Name ou son plus récent Bones & All, le cinéaste italien a toujours aimé les expériences intenses ou envoûtantes où les corps dansent avec passion. Avec Challengers, le transalpin tenait une nouvelle de capturer le spectateur dans une histoire fiévreuse. Dans le monde du tennis, deux amis de jeunesse se disputent les faveurs d’une jeune championne de tennis. Amis, amants et rivaux, ils vont voir leur histoire s’entrechoquer sur plusieurs années et les éclats laisseront quelques cicatrices. Un trio sexy composé de la star Zendaya entouré de Josh O’Connor (The Crown) et Mike Faist (le West Side Story de Spielberg).

Romance et Tennis, ça peut donner le fabuleux Match Point ou cet étonnant Challengers, jeu de triangle amoureux plus proche des Feux de l’amour version raquette que du classique mélodramatique de Woody Allen. Luca Guadagnino joue un jeu dangereux. Challengers se donne cette posture de film pseudo sulfureux à grands renforts de motifs musicaux ou de mise en scène. Sauf qu’il croit l’être, mais il ne l’est jamais. Au contraire, Challengers est même très sage, ce qui rend sa fadeur d’autant plus agaçante. Il n’y a aucune tension émotionnelle, aucune passion érotique, aucune étincelle pouvant allumer une flamme sensuelle dans cette badinerie anecdotique qui tentera de défendre sa vacuité en clamant qu’elle cause du désir, de la peur de l’échec, de la pression ou du choc entre aspirations et réalité de la vie. Bidon. Challengers est juste un objet creux qui sonne vide quand on toque sur ses parois.

La où Luca Guadagnino a toujours su installer dans ses films, une ambiance, un univers fort et hypnotisant, Challengers se traverse en touriste. Toute la différence entre la grâce d’une déambulation citadine à vélo et marcher à grands pas dans la rue pour aller au boulot. L’un est un appel à l’évasion, l’autre la matérialisation d’un acte fonctionnel. Le même contraste sépare un Call Me By Your Name de ce Challengers. Le premier happait dans son monde hors de l’instant, le second se regarde comme on regarde un film, avec une histoire, des enjeux, des comédiens, une durée… Les acteurs sont bons mais jamais habités. Le portrait du monde du tennis est juste mais superficiel. Les rapports entre les personnages sont intéressants dans l’absolu mais fruits d’un tricotage très écrit, Guadagnino tente d’injecter un peu de cinéma dans sa romance mais il en fait tellement trop que ça en devient parfois ridicule (le final est probablement l’un des trucs les plus nuls vus au cinéma cette année).

Le pire dans l’histoire, c’est que c’est même pas pénible ou désagréable à regarder. C’est juste d’une conséquente inconséquence. Au milieu de cet étalage de sexy chic (mais pas choc) en mode Jules et Jim branchouille aux airs électro (merci Trent Raznor & Atticus Ross), des courants de vide passent et sifflent entre les murs d’un édifice aussi creux qu’une vieille bicoque sans meubles. Luca Guadagnino n’a pas grand-chose à dire au-delà de l’anecdote amoureuse qu’il met en images et ça se sent. Il ne reste rien de ce Challengers passées ses deux heures à pédaler dans les rouages de son triangle amoureux sur la foi d’une construction éclatée multipliant les allers et retours temporels pour assembler un puzzle déstructuré, parti pris narratif relevant davantage du moyen de rendre tout ceci un peu plus palpitant, plus que d’une idée justifiée par des intentions de cinéma. Clairement, à plat, le film était chiant et Guadagnino n’avait d’autre solution pour faire illusion et donner un semblant de suspens et de dynamisme à son drame romanesque en toc.

Par Nicolas Rieux

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