LIMBO de Soi Cheang : la critique du film

Et limite pour le spectateur aussi en un sens. Car Limbo se retrouve un peu écrasé par son extrême théorisation esthétique. Très lourdement démonstratif dans la manière dont il assène sa métaphore sociétale en images, le film de Soi Cheang a beau être d’une beauté formelle sidérante (oui le bonhomme sait filmer et composer un plan, ça c’est clair), il n’en demeure pas moins un objet formel qui peine à cacher sa dimension politique dans le creux d’une histoire mise en avant. Ici, ce que l’on voit avant tout, c’est la formulation artistique à la Wong Kar-Wai… et les références dominantes. On sent que Cheang mélange tout ce qui a construit sa cinéphilie et même si l’on n’est pas pour toujours tout ramener au Memories of Murders coréen dès qu’un polar asiatique sombre sort en salles, reste que Limbo va se la chercher tout seul comme un grand sa comparaison. Sauf que le classique de Bong Joon Ho n’est pas le seul convoqué. Sin City, Se7en, la violence radicale des cinémas de Kim Jee-Woon ou de Park Chan-Wok (J’ai rencontré le diable ou Old Boy) voire un certain cinéma d’anticipation science-fictionnel à la Soleil Vert ou Blade Runner, Limbo ploie sous le poids des films qui l’ont inspirés. Et même si c’est parfois virtuose, hard boiled ou sans concession, Limbo est aussi à d’autres moments sacrément long, chiant et pompeux.