Nom : The Visit
Père : M. Night Shyamalan
Date de naissance : 2015
Majorité : 7 octobre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h34 / Poids : 5 M$
Genre : Thriller, Épouvante
Livret de famille : Olivia DeJonge (Becca), Ed Oxenbould (Tyler), Deanna Dunagan (grand-mère), Peter McRobbie (grand-père), Kathryn Hahn (la mère), Benjamin Kanes (le père), Celia Keenan-Bolger (Stacey)…
Signes particuliers : Tombé en disgrâce après une série d’actes manqués et autres purges, le père de Sixième Sens et Incassable signe enfin son grand retour avec un found footage très réussi produit par Jason Blum.
LE RETOUR DE M. NIGHT SHYAMALAN
LA CRITIQUE
Résumé : Deux enfants sont envoyés passer une semaine en Pennsylvanie, dans la ferme de leurs grands-parents. Mais lorsque l’un d’eux découvre qu’ils sont impliqués dans quelque chose de profondément dérangeant, leurs chances de retour s’amenuisent de jour en jour.L’INTRO :
Pouvait-on encore décemment croire à un retour de M. Night Shyamalan sur le devant de la scène ? On aurait aimé dire « oui » par égard à ses glorieuses années (Sixième Sens, Incassable, Signes), mais le cinéaste avait vite explosé en vol, avant de se faire aspirer par un gigantesque trou noir duquel il n’est jamais ressorti. Sa mégalomanie connue de tous, avait écorné son image à Hollywood, sa réputation de metteur en scène caractériel avait ensuite fait le reste. Mais le pire, allait être sa trajectoire artistique. Shyamalan, peut-être un peu trop tôt propulsé au rang de petit génie du cinéma à suspens, s’est mis à enchaîner les purges. Une, puis deux, puis trois, puis quatre, où sa folle chute allait-elle s’arrêter ? Après Le Village, film charnière et clairement « en-dessous » qui allait marquer le début des ennuis, le cinéaste est tombé en disgrâce. Un script rejeté pour Indiana Jones 4, une éviction du projet Harry Potter 7 après le très critiquable La Jeune Fille de l’eau, puis viendront l’affreusement vide Phénomènes, l’hideux Dernier Maître de l’air et enfin la débâcle After Earth. Autant d’échecs artistiques et commerciaux, qui ont fait de Shyamalan, un cinéaste à la position compromise. Et c’est sans parler de l’inutile Devil, qu’il s’est contenté d’écrire et de produire. Descendu trop bas, le metteur en scène ne pouvait finalement que remonter. Aujourd’hui, c’est un nouvel homme qui signe la petite production Blumhouse qu’est The Visit. Un nouvel homme plus humble, plus sincère, désireux de revenir à quelque-chose de plus passionné, de plus modeste, de plus cinéphile aussi. Pour ça, il a choisi le courant à la mode du found footage, un choix audacieux quand on sait que 90% des tentatives dans le créneau, se solde par des navets.L’AVIS :
Bonne nouvelle pour ceux qui l’espérait si fort, M. Night Shyamalan refait surface et revient de son cauchemar. Tout aussi mineur soit-il en apparence et même s’il ne marquera pas forcément les annales du genre, The Visit est un petit effort appréciable, qui fera du bien aux amateurs de cinéma d’épouvante, dont les raisons de se réjouir sont devenues de plus en plus rares (et à plus forte raison avec les récentes productions Blumhouse). Sympathique, frais et inventif, en plus d’être hilarant, angoissant et imprévisible, The Visit fait mouche, sinon mieux. Et Shyamalan d’enfin opérer ce fameux retour tant attendu. Si ce onzième long-métrage pourra paraître anecdotique au regard de ses musts passés, M. Night Shyamalan livre une petite surprise qui le remet sur la bonne voie, une série B non seulement distrayante, mais qui réussit en plus, à redonner foi dans le found footage, que l’on croyait définitivement contaminé par une incommensurable nullité malgré ses quelques réussites notables. Une intrigue bien ficelée (et qui au passage justifie intelligemment son recours au registre), une conduite narrative très maîtrisée, des acteurs attachants (mention au jeune Ed Oxenbould), une photographie élégante et travaillée, à l’instar des cadrages et de la mise en scène en général, preuve que found footage ne rime pas nécessairement avec grand n’importe quoi torché avec des moufles, The Visit est du travail propre, qui ne cède pas à la débauche d’effets de manche archi-rebattus, au contraire, allant même jusqu’à s’en amuser pour mieux désamorcer les codes éculés du sous-genre en présence. Allant même jusqu’à s’amuser de la rhétorique du cinéma en général… Un peu comme l’avait fait le tristement disparu Wes Craven en 1996 avec Scream.Shyamalan se montre surtout redoutablement malin à tous les égards avec The Visit. Il n’utilise pas de musique pour ne pas aiguiller le spectateur, il parvient à conférer un énorme capital sympathie pour ses deux héros (chose de plus en plus rare dans le cinoche de genre), il officie toujours entre les lignes accentuant l’effet de doute troublant qui porte son exercice, il injecte beaucoup d’humour dans des scènes de vie à priori banales, comme dans des scènes « de terreur », démarche déjà plus étonnante. Le mélange est diaboliquement intelligent. Car à force de rire là où l’on est pas habitué à le faire, à force que rien ne se passe là où d’ordinaire, il est censé se passer quelque-chose, Shyamalan déroute un spectateur qui finit par être perdu, dans le bon sens du terme. Désormais dans l’impossibilité de prévoir quoique ce soit, il ne reste plus qu’à se laisser surprendre au hasard des petits coups de maître aiguisés du metteur en scène, qui maîtrise sacrément bien son sujet. Et Shyamalan de réussir son coup, mieux qu’il ne pouvait l’espérer alors que, pour une fois, on échappe à cette sale impression d’avoir déjà vu le film douze fois sur les deux dernières années.Sorte de conte inversé où une gentille semaine chez les grands-parents ne se passe pas comme prévu et vire au cauchemar inquiétant et halluciné, The Visit est un modeste coup d’éclat dont la malice et la finesse transpirent discrètement d’un peu partout. Tout le monde ne verra pas ses innombrables qualités cachées derrière le modus operandi du found footage, mais qu’importe, les autres pourront se contenter d’un bon film de genre aussi ludique que délicieusement ingénieux et d’une habilité sans faille. Un vrai régal, qui se bonifie en tête plus on y repense. Entre le rire et la peur, entre le drame et le bizarre, on ne sait jamais trop de quel côté de la fine frontière l’on se situe, et c’est probablement pour ça que The Visit fonctionne aussi bien !
BANDE-ANNONCE :
M. NIGHT SHYAMALAN A PARIS
Le cinéaste était présent à Paris le 31 août pour présenter The Visit au UGC les Halles. Les images de sa venue.
Par Nicolas Rieux
Malgré mon peu d’appétence pour le genre, cette critique donne envie de voir ce film.