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ARMAGEDDON TIME de James Gray : la critique du film

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Nom : Armageddon Time
Père : James Gray
Date de naissance : 2022
Majorité : 09 novembre 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h55 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Anne HathawayJeremy StrongBanks Repeta, Anthony Hopkins

Signes particuliers : James Gray se raconte dans un film plus intimiste, loin des forêts de Lost City of Z ou de l’espace de Ad Astra. Magnifique.

Synopsis : L’histoire très personnelle du passage à l’âge adulte d’un garçon du Queens dans les années 80, de la force de la famille et de la quête générationnelle du rêve américain.

LA FIN DE L’ENFANCE : APOCALYPSE

NOTRE AVIS SUR ARMAGEDDON TIME

À Cannes, il a été un éphémère favori à la Palme avant de disparaître complètement du palmarès final. Pas étonnant cela dit de la part d’un jury qui aura fait n’importe quoi jusqu’au bout et sans la manière (on ne digère toujours pas le coup Leila et ses frères). James Gray est probablement l’un des cinéastes les plus respectés du cinéma américain, un nom prestigieux souvent synonyme d’extrême qualité. Trivialement, il est un peu au cinéma ce que Energizer est aux piles alcalines, ce qui se fait de meilleur aujourd’hui. Après avoir envoyé Charlie Hunnam dans les forêts de Lost City of Z puis Brad Pitt dans l’espace avec son formidable Ad Astra, James Gray revient bien sur terre avec un film centré sur sa propre jeunesse new-yorkaise. Une mode, décidément. Kenneth Branagh a raconté la sienne dans Belfast, Alfonso Cuaron a fait de même avec Roma, Steven Spielberg les a imités avec The Fabelmans. Direction le Queens du tout début des années 80. Le jeune Paul Graff est un enfant rêveur qui aime se laisser aller à faire les 400 coups. Non pas par esprit turbulent mais plus par anticonformisme. Il n’est pas l’enfant sérieux et rigide que souhaiterait ses parents. Plus un petit garçon qui aimerait devenir un grand artiste.

La fin de l’enfance et de l’innocence, les relations parentales conflictuelles, l’apprentissage de l’injustice, le racisme, la première confrontation à la mort, le deuil, la rigidité sociale d’une époque contre les doux songes d’un rêveur, et de manière extrapolée l’art contre le matérialisme capitaliste… Toutes ces thématiques se confrontent et s’entrechoquent dans Armageddon Time, récit très personnel d’une jeunesse d’hier qui a forgé un homme d’aujourd’hui. En racontant une histoire miroir de la sienne, James Gray donne à voir un récit d’apprentissage doublé d’un regard sur une tranche de l’histoire de l’Amérique. Le cinéaste entremêle l’intime et l’universel dans une œuvre à l’âme très proustienne et signe une superbe chronique mélancolique balancée entre tragique amertume et lumière solaire qui se dégage d’un espoir encore feutré. C’est fin, subtil, d’une remarquable intelligence et Armageddon Time brille tant par la pudeur et la sensibilité de son portrait personnel que par sa capacité à s’élever pour cueillir des réflexions socio-politiques dépassant la simple fenêtre ouverte sur un microcosme familial juif du Queens des années 80. D’une beauté formelle à l’élégance fascinante, Armageddon Time est un grand James Gray, certes plus épuré, mais néanmoins tout aussi passionnant. Et puis quel acteur ! Le jeune Michael Banks Repeta (aperçu dans Black Phone) est une sacrée trouvaille. Et sinon, petite note à l’intention de Vincent Lindon et son jury cannois : Anthony Hopkins aurait fait un beau Prix d’Interprétation.

Par Nicolas Rieux

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