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ROMA d’Alfonso Cuarón : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Roma
Père : Alfonso Cuaron
Date de naissance : 2018
Majorité : 14 décembre 2018
Type : Sortie Netflix
Nationalité : Mexique
Taille : 2h15 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Yalitza Aparicio, Marina de Tavira, Nancy García…

Signes particuliers : Le Lion d’Or de la dernière Mostra de Venise éblouit sur Netflix.

ALFONSO CUARON SE RACONTE

LA CRITIQUE DE ROMA

Synopsis : Abel et Marianne sont séparés depuis 10 ans. Alors qu’ils se retrouvent, Abel décide de reconquérir Marianne. Mais les choses ont changé : Marianne a un fils, Joseph, et sa tante, la jeune Ève, a grandi. Et ils ont des secrets à révéler…

Beaucoup se sont émus de voir Roma, Lion d’Or à la dernière Mostra de Venise, lancé sur les petits écrans branchés sur Netflix plutôt que distribué dans les grandes salles de cinéma, d’autant que le film pouvait techniquement supporter le tirage de somptueuses copies 70mm. Mais ce n’est pas étonnant. Au sortir du succès de Gravity, on imagine d’ici les innombrables propositions reçues par Alfonso Cuarón. Mais le cinéaste avait autre chose en tête, une chronique personnelle en noir et blanc, sans intrigue forte, sans acteurs connus, tournée au Mexique et essentiellement en espagnol. Allez vendre ça à un gros studio hollywoodien appâté par les dollars ! Et c’est là que Netflix entre en piste. En disant banco et en offrant carte blanche aux metteurs en scène qui débarquent en grande pompe sur la plateforme, Netflix a assuré ces derniers temps, son attrait, sa notoriété et sa légitimité, d’autant que le distributeur 2.0 dépense sans compter façon Qatar et son PSG pour dérouler le tapis rouge à ses auteurs et ainsi continuer d’embellir sa marque et forger sa renommée. Alfonso Cuarón a produit lui-même Roma et s’il en a vendu les droits d’exploitation à Netflix plutôt qu’à tout autre distributeur traditionnel, c’est tout simplement parce que la plateforme proposait « la meilleure exposition possible » à son film de plus de deux heures, en noir et blanc et pas en anglais. Le meilleur prix et le meilleur respect du travail effectué aussi.Alfonso Cuarón ne pouvait pas se lancer dans un plus grand écart qu’il ne le fait ici. Le cinéaste passe du vide spatial au tumulte de la Roma, ce quartier aisé au cœur de Mexico dans lequel il a grandi il y a 50 ans. En s’inspirant de souvenirs de sa jeunesse, le cinéaste y raconte une année de la vie d’une famille moyenne de Mexico aux débuts des années 70, entremêlant différents regards dont celui d’une attachante employée de maison. C’est via son entremise que le spectateur entre d’ailleurs dans cette valse bouillonnante qui va mêler quotidien, humour, poésie et émotion. Roma, c’est comme un train qui part d’une gare en hélant ses passagers pour qu’ils soient bien à l’heure. Car une fois parti, il sera difficile, voire impossible, de grimper en marche. La balade commencée, le spectateur est pris dans ce voyage mémoriel et si l’on n’entre pas dedans dès le départ, autant dire que l’aventure sera ressentie comme longue et douloureuse. Car Roma est un film d’atmosphère, une chronique non-narrative, un film souvent contemplatif qui ne raconte rien de précis mais qui entend capter des lieux, une époque, une façon de vivre, une nostalgie conservée en mémoire, en l’occurrence celle d’un cinéaste de 56 ans qui se rappelle son enfance dans un quartier plein de vie. Mais attention, si le long-métrage peut avoir ce caractère contemplatif qui irritera les moins patients, cela ne veut pas dire que Roma est un tunnel où l’on sentirait les rides se creuser en direct sur notre visage. Car il y a tant à voir dans le dernier Alfonso Cuarón.Il y a notamment du cinéma à chaque instant. Roma est beau à en crever, d’autant que le cinéaste sublime tout avec un délicat onirisme qui épouse une mise en scène en apesanteur au-dessus du « récit ». Beau, mais cela dit un peu creux. On sent que Cuarón raconte des choses qui le touche et qui l’ont touché, mais le cinéaste a parfois du mal à en extirper une universalité capable de parler à tous. Heureusement, si Roma pourra paraître déconnecté des réalités des spectateurs, le film se rattrape grâce à son pouvoir d’envoûtement. Alfonso Cuarón a pensé et confectionné son entreprise formellement ambitieuse comme il avait pensé Gravity avant elle. Quel rapport entre un thriller spatial haletant et une chronique intimiste en noir et blanc à Mexico ? Le sensoriel tout simplement. Roma est façonné de sorte à être immersif, à plonger son public au cœur de ce microcosme, à lui faire ressentir les mouvements, les sons, la vie qui l’anime. Et ça marche car le talent du metteur en scène parle encore une fois. Sans jamais se montrer poseur ou pompeux, Alfonso Cuarón réussit à capter ce qu’il souhaitait communiquer et à le partager avec la générosité d’un conteur, et au passage avec la virtuosité d’un génie du cinéma. Roma aurait peut-être gagné à être un peu plus concis pour être plus dense, mais quel bel objet quand même !


BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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