Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Antiviral
Père : Brandon Cronenberg
Livret de famille : Caleb Landry Jones (Syd), Sarah Gadon (Hannah Geist), Malcolm McDowell (Dr. Abendroth), Douglas Smith (Edward), Joe Pingue (Arvid), Nicholas Campbell (Dorian), James Cade (Levine)…
Date de naissance : 2012 (sortie le 13/02/13)
Nationalité : Canada
Taille/Poids : 1h44 – 3,2 millions $
Signes particuliers (+) : Un univers singulier et une plastique froidement épurée élégante.
Signes particuliers (-) : Difficile de voir dans cet interminable et très limité Antiviral, autre chose que les débuts vaniteux d’une jeune cinéaste s’inspirant de l’univers de son père pour livrer un film aussi prétentieux que pesant, série B non assumée aux excès auteurisants insupportables et d’un ennui mortifiant.
BIENTÔT EN SUPPLÉMENT DES MAGAZINES CLOSER
Résumé : Dans un futur proche, des cliniques proposent de pousser le vice du culte du star-system jusqu’à se faire inoculer les mêmes virus que ceux qui touchent ses stars favorites. Syd travaille dans l’une de ces cliniques et fait de la contrebande de maladies et se les auto-injectant pour les sortir du laboratoire et les revendre. Lorsqu’il s’inocule un virus mystérieux qui frappe la vedette Hannah Geist, il devient la proie de tout ceux qui veulent y mettre la main dessus…
Après avoir errer entre les arts à la recherche de la voie pour laquelle il était fait, Brandon Cronenberg, fils de l’illustre David, a finalement décidé de suivre les traces de son père malgré les risques de souffrir des aprioris dû à son nom de famille, et de se lancer dans la mise en scène. Il avait déjà travaillé sur les effets spéciaux du ExistenZ de son paternel en 1999 mais c’est vraiment en 2004 que tout commence quand il se met à écrire un scénario étrange qui deviendra celui d’Antiviral des années plus tard. Son premier exercice sera un court-métrage, Broken Tulips, réalisé en 2008. Puis un autre, The Camera, en 2010. Mais c’est Broken Tulips qui refera surface lorsqu’un ami le montrera à un producteur de sa connaissance qui décidera de prendre sous son aile ce nouveau protégé en trouvant les financements nécessaires pour faire du court, un long-métrage, via un programme aidant de jeunes metteurs en scène à réaliser leur premier film. Avec un petit budget ne poche, le néo-cinéaste va signer (comme son père) un film à mi-chemin entre le thriller, le drame et l’épouvante dont l’univers va forcément entretenir de très forts rapports inspiratoires avec l’univers avec lequel il a grandi, l’œuvre de son rapport. On ne s’étonnera pas de voir Brandon Cronenberg plonger dans les méandres de l’étrange, dans le rapport de l’homme à son corps, aux cellules, aux éléments, au prolongement de soi etc…
Antiviral est né, selon lui, d’un rêve bizarre alors qu’il était malade. Un jour cloué au lit par une grippe, un état semi-conscient et cette sensation lointaine de s’interroger sur le virus qui le ronge, « récupéré » de quelqu’un d’autre. Antiviral est né du questionnement sur le rapport à autrui via la maladie ou comment quelque-chose appartenant à quelqu’un d’autre s’est immiscé dans sa plus profonde intimité, dans son propre corps, dans ses propres cellules. Le digne fils de son père, vous dîtes ? Antiviral nous entraîne vers dans une sorte futur proche où désormais, des cliniques spécialisées proposent aux fans de stars, de se faire injecter les maladies qui les affectent pour se sentir encore plus proches d’elles. Tordu. Comme le cinéma de son père, dîtes-vous encore ? Un petit mot du casting également, composé essentiellement de jeunes acteurs prometteur. Le rôle principal est confié au encore méconnu Caleb Landry Jones, aperçu du côté de X-Men : Le Commencement, Le Dernier Exorcisme ou The Social Network. Il compte également Sarah Gadon (bientôt dans le second Spiderman de Marc Webb) ou le plus vieux et expérimenté Malcolm McDowell.
On ne peut nier que cette première réalisation de Brandon Cronenberg ne manque pas de caractère, d’un style et d’un univers singulier. Premier film étrange, atypique, léché à l’extrême avec une mise en scène à la fois austère, froide, voire même glaciale, Antiviral est un film un peu radical dans l’épure avec son ambiance cliniquement « blanchisante » et son atmosphère sans cesse inquiétante et troublante. Très graphique, le travail de Cronenberg fils est plastiquement fort, parfois même virtuose, et ne manque de convoquer une inspiration issue du cinéma expérimental. Malheureusement, ces nobles qualités et aspirations vont s’avérer bien vaines dans un film assommant de prétention, se reposant essentiellement sur son univers et son esthétisme excessif sans parvenir à aller plus loin que le simple travail inaugural n’esquivant pas la catharsis oedipenne stylistique et thématique, tombant de fait dans le mimétisme paternel. D’un ennui et d’une passivité tragique, Antiviral est un très long tunnel interminable, certes séduisant par son ambiance lymphatique et cyber-technoïde, mais dont les velléités sont trop insuffisantes pour convaincre. Pesant, vaniteux, dénué d’émotions et essayant sans cesse de choquer par son irrévérence artificielle, on se retrouve condamné à écumer les références au style de David dans un fils que Brandon essayait de s’approprier. Il faudra donc attendre pour éventuellement voir la naissance d’une succession mais cette plongée dans les dérives excessives du fanatisme pour le star-system est plus fatigante qu’obsédante, contaminé elle aussi comme son héros, par une maladie étrange, celle de la dérive pompeuse détournée essayant de s’en cacher. Antiviral manque de modestie, d’humilité, et se bouffer par ses démesurées ambitions auteuristes de vouloir incessamment s’inscrire en marge de la série B factuelle au point de lasser par sa superficialité non-assumée.
Bande-annonce :