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TERMINAL SUD de Rabah Ameur-Zaïmeche : la critique du film

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Spectateurs

La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Terminal Sud
Père : Rabah Ameur-Zaïmeche
Date de naissance : 2019
Majorité : 20 novembre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France, Algérie
Taille : 1h36 / Poids : NC
Genre : Thriller, Drame

Livret de famille : Ramzy Bedia, Amel Brahim-Djelloul, Slimane Dazi…

Signes particuliers : Intéressant mais maladroit.

RAMZY À CONTRE-EMPLOI

NOTRE AVIS SUR TERMINAL SUD

Synopsis : Dans un pays plongé dans un climat d’insécurité et de conflit armé, un médecin tente malgré tout d’accomplir son devoir au sein d’un centre hospitalier, jusqu’au jour où son destin bascule… 

Pour beaucoup, Ramzy est surtout l’une des deux têtes du duo déjanté Eric et Ramzy. Pour beaucoup, c’est cet hurluberlu qui aime gesticuler et parler fort sur scène, à la télé ou au cinéma. Mais derrière cette image de pitre qui commence à dater, il y a un autre Ramzy, Ramzy Bedia le comédien, celui que l’on a appris à connaître depuis quelques années et qui se révèle doucement mais sûrement dans l’ombre se son imposant voisin comique. Ce Ramzy plus subtil, on lui soupçonne une palette plus large. On avait remarqué une vraie sensibilité chez lui au détour de Hibou, sa première réalisation en solo. Elle s’est affirmée par la suite à travers quelques rôles à contre-emploi, ou du moins éloignés de ses éternelles facéties clownesques (Une Vie Ailleurs, Lola et ses Frères). Aujourd’hui, avec Terminal Sud, Ramzy laisse la place à Mr Bedia pour s’abandonner à un registre complètement dramatique. Pour certains, une découverte. Pour d’autres, une confirmation.

Cette exposition à contre-emploi de Ramzy Bedia dans un film à cheval entre drame et thriller est sans nul doute l’une des attractions de ce nouveau film du réalisateur franco-algérien Rabah Ameur-Zaïmeche. Et probablement ce qui attirera l’attention et la curiosité des spectateurs, même si le metteur en scène aurait aimé que ce soit aussi, voire surtout, son histoire et le fond qu’elle véhicule. Mais c’est le jeu quand on s’offre une vedette, surtout quand on l’utilise loin de ses habitudes pour surprendre. Dire que Ramzy Bedia est extraordinaire de puissance et d’intensité dans ce rôle dramatique serait mentir, ou du moins fortement exagérer. Volontaire et impliqué, il affiche malheureusement des limites évidentes dès que les scènes réclament un vrai talent de jeu plus prononcé. On pense à une séquence de torture pas loin de tirer quelques sourires gênés, seulement retenus par la gravité du scénario. Clairement, quand le script devient très exigeant, Ramzy montre qu’il n’est pas encore mûr en tant que comédien. Alors il cabotine ou surjoue. Il fait ce qu’il peut. Le reste du temps par contre, il réussit à faire illusion, parfois même à surprendre et emporter l’adhésion.

Mais le film de Rabah Ameur-Zaïmeche ne se résume pas son acteur. Il n’est qu’un visage incarnant un scénario construit sur des évocations et métaphores. Terminal Sud est une représentation imagée. On n’est pas dans un pays défini, on n’est pas à une époque clairement définie, mais les indices tendent vers une représentation évoquant plus ou moins l’Algérie des années 90. Climat d’insécurité et de suspicion, terrorisme, société civile fragilisée, état de droit menacé, voilà le portrait que dresse le cinéaste d’un pays semi-francophone présenté comme « le bled ». Puis il y a de nombreuses petites références que les plus connaisseurs repéreront. C’est d’ailleurs là l’un des soucis qui se pose avec le film. Terminal Sud soulève plus de questions qu’il ne donne de réponses. Les partis pris du réalisateur font qu’il est difficile de se rattacher à quoi que ce soit pour comprendre les nombreux interlignes de ce croisement entre le thriller social et le drame politique. A moins de disposer d’une explication de texte pour accompagner l’œuvre et ainsi comprendre ses tenants et aboutissants. A vouloir faire dans la figure imagée volontairement floue, Terminal Sud se révèle au final si vague, qu’il peine à devenir universel. Et le spectateur lui, de ne pas trop savoir ce que l’on veut lui raconter. Le film a beau être intéressant en soi, la démarche reste aussi flou que le cadre spatio-temporel de l’action.

BANDE-ANNONCE :

Par Wilfried Rennahan

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