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GEMINI MAN d’Ang Lee : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Gemini Man
Père : Ang Lee
Date de naissance : 2019
Majorité : 02 octobre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h57 / Poids : NC
Genre : Thriller, Action, SF

Livret de famille : Will Smith, Mary Elizabeth Winstead, Clive Owen, Benedict Wong…

Signes particuliers : Vu dans des conditions optimales, Gemini Man est une expérience technologique hallucinante.

UN NOUVEAU GENRE DE CINÉMA ?

NOTRE AVIS SUR GEMINI MAN

Synopsis : Henry Brogan, un tueur professionnel, est soudainement pris pour cible et poursuivi par un mystérieux et jeune agent qui peut prédire chacun de ses mouvements. 

Gemini Man est un projet qui remonte à loin puisque l’on trouve traces des prémices du film dès 1997, avec Tony Scott attaché. Mais les technologies de l’époque n’étaient suffisamment développées pour rendre l’affaire viable puisqu’il fallait trouver le moyen de rajeunir un comédien pour qu’il incarne un double-rôle à deux âges différents et, chose plus complexe, que les deux puissent s’affronter dans le même plan. De nombreuses tentatives infructueuses ont suivi (avec les noms d’Harrison Ford, Clint Eastwood ou Mel Gibson en vedette), une pelletée de scénaristes sont repassés sur le script (dont Andrew Niccol) et c’est finalement sous la houlette d’Ang Lee 22 ans plus tard, que Gemini Man a pu enfin se concrétiser, avec Will Smith en tueur d’élite pourchassé par un jeune agent… qui se révèle être un clone de lui-même en plus jeune.

Si le scénario a des carences et se charge de nombreuses facilités hollywoodiennes le rendant somme toute assez basique dans son architecture narrative, on retiendra surtout de Gemini Man, un exploit technique hors normes qui marque une nouvelle étape dans l’évolution du cinéma. A commencer par le concept du double Will Smith qui s’affronte lui-même, prouvant l’impressionnante avancée technique en matière de rajeunissement numérique. Guidé en performance capture, ce double a été entièrement créé en images de synthèse et le résultat est juste bluffant de crédibilité. Le procédé ne se trahit jamais, et bien aidé par un découpage simple et efficace, il n’a de cesse de surprendre un spectateur ébahi par le réalisme de la chose. A cette première prouesse, s’ajoute un tournage en 4K 3D et 120 images / secondes (rappelons que le cinéma est traditionnellement en 24 fps). Ang Lee avait déjà expérimenté cette technologie révolutionnaire sur son précédent Un Jour dans la Vie de Billy Lynn et si on aurait pu y voir un simple artifice vide de sens, c’est tout le contraire qui se produit. Le cinéaste en exploite ici toutes les possibilités et délivre des scènes d’action hallucinantes comme on en a tout simplement jamais vu jusqu’à présent. Une course-poursuite en moto dans les rues de Carthagène, une empoignade musclée dans des catacombes où un monumental affrontement armé en pleine rue, incarnent quelques-uns des morceaux de bravoure dantesques d’un film qui repousse loin les limites de l’immersion totale, expédiant le spectateur au cœur de l’action comme jamais. Le recours au « 120 images/seconde » fluidifie considérablement le moindre mouvement au point d’apporter aux scènes les plus spectaculaires, un ultra-réalisme visionnaire et visuellement dément questionnant l’évolution future du cinéma.

Au-delà de l’aspect technique, l’autre point fort du film d’Ang Lee est à aller chercher du côté du ton et du rythme que le cinéaste entretient de bout en bout. Alors que l’on aurait pu être en droit de s’attendre à une énième bourrinade décérébrée qui empilerait les couches d’action à gogo, Ang Lee tient les rênes de son histoire et signe au final un exercice plus proche du thriller d’espionnage dynamité par quelques scènes d’action magistrales, qu’un blockbuster entièrement dévoué à l’action spectacle. On sent la volonté du cinéaste de creuser certaines thématiques au cœur de son scénario comme la paternité, la dualité ou ce qui définit notre humanité. Ça reste assez superficiel certes, mais Lee ne sacrifie jamais ses personnages sur l’autel du roller coaster énervé et c’est peut-être parce que le nombre de scènes d’action est mesuré que celles-ci explosent encore plus l’écran.

Au final, Gemini Man est un film qui pose un souci partiellement indépendant de sa volonté. Le blockbuster d’Ang Lee est à voir pour l’incroyable vertige sensoriel qu’il offre aux spectateurs, et qui lui permet d’ailleurs de s’extraire de la simple série B musclée pour devenir une entreprise sidérante donnant à voir quelque chose de radicalement nouveau en matière de cinéma. Malheureusement, peu nombreux seront les chanceux qui pourront en profiter puisque la technologie employée (baptisée 3D+ en France) est très peu accessible, à plus forte raison en 120 images/seconde. Et sans cet apport décuplant considérablement l’intensité du film et l’approche viscérale de l’action au cinéma, Gemini Man risque de paraître un peu quelconque là où il est en réalité absolument sensationnel. Frustrant.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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