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EN MÊME TEMPS de Gustave Kervern & Benoît Delépine : la critique du film

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Nom : En Même Temps
Père : Gustave Kervern & Benoît Delépine
Date de naissance : 2021
Majorité : 06 avril 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Comédie

Livret de Famille : Vincent MacaigneJonathan CohenIndia Hair, Yolande Moreau, Bouli Lanners, Ovidie…

Signes particuliers : Du pur Kervern/Delépine : drôle, décalé, engagé, un peu trop long. 

Synopsis : A la veille d’un vote pour entériner la construction d’un parc de loisirs à la place d’une forêt primaire, un maire de droite décomplexée essaye de corrompre son confrère écologiste. Mais ils se font piéger par un groupe de jeunes activistes féministes qui réussit à les coller ensemble. Une folle nuit commence alors pour les deux hommes, unis contre leur gré.

DES POLITICARDS CUL & CHEMISE

NOTRE AVIS SUR EN MEME TEMPS

Depuis l’époque de Groland, Gustav Kervern et Benoît Delépine forment un duo impayable. Même s’ils ont parallèlement chacun leurs aventures personnelles (notamment Kervern en tant qu’acteur), le tandem complice se retrouve avec régularité pour leurs films à eux, un univers constellé de comédies satiriques décapantes comme I Feel Good ou Effacer l’historique pour ne citer que les plus récents. En Même Temps, leur petit dernier, est une nouvelle folie engagée qui exploite un postulat passablement décalé pour faire marrer tout en glissant des tacles bien sentis pointant du doigt la marche titubante de notre monde actuel. Dans En Même Temps, deux hommes politiques très opposés (un écolo acharné et un opportuniste qui se définit comme étant « divers extrême centre ») se font piéger dans un bar par un néo-collectif d’activistes féministes qui réussit à les coller ensemble dans une position très… embarrassante. Le début d’une folle nuit pour trouver un moyen de se décoller.

Coller deux politiciens aux idées très opposés façon « enculade », l’idée ne manque pas d’être très suggestive au-delà de la blague potache impertinente. Un moyen de dire qu’au fond, ils sont tous pareils, cul & chemise, et que malgré leurs divergences d’opinions, ils ne forment qu’un (la politique en général) et qu’ils sont à « coller » dans le même lot. Il y a de ça en un sens mais si l’on demande à ses auteurs si c’est bien là le cœur de leur propos, fort à parier qu’ils diront que non. En Même Temps est une farce trublionne qui dézingue à tout-va en tapant sur plein de choses et pas seulement le petit monde cynique de la politique. La gauche, la droite, le centre, les écolos, les racistes, les flics, les féministes, les industriels, les sophrologues, les employés de bureau, le film est un feu d’artifice avec un point commun au centre de tout : l’extrémisme. Pas seulement l’extrémisme politique, l’extrémisme tout court. Ce que dénoncent réellement Kervern et Delépine cette fois à travers leur comédie qui tâche comme un bon vin rouge, c’est cette grande mode actuelle de l’excès. Aujourd’hui, la demi-mesure n’existe plus et l’on a l’impression que toute idée doit absolument s’exprimer dans l’extrême, que toute idéologie doit forcément s’écrire dans l’extrême. A tel que l’on devrait parfois non pas parler d’idéologie mais d’idiologie. Comme ces deux élus tellement aveuglés par leurs idées qu’elles en deviennent saugrenues ou nauséabondes (et si, pour être sûr d’être bien écolo, on laissait le véganisme pour devenir « pois-chichard » !). Ou comme ces féministes tellement exaltées par leur cause qu’elles en viennent à s’en prendre à l’intégrité physique des deux premiers couillons qui passent et puis « tant pis, c’est tombé sur vous, pas de bol ».

D’une délicieuse et truculente férocité bien assaisonnée, En Même Temps est une réflexion pleine d’esprit derrière son humour lourdo-couillon de façade. Une réflexion formulée avec inspiration et générosité entre les nombreuses idées qui défilent à la minute et les petits clins d’œil plus discrets (comme cette référence musicale malicieuse au Deliverance de John Boorman). Mais comme toujours avec Kervern et Delépine, c’est imparfait en raison des deux mêmes défauts habituels qui reviennent encore et encore. D’abord, la mocheté assumée de la mise en scène (une récurrence qui commence à fatiguer) et surtout cette incapacité constante à conclure. Il y a un moment où il faut savoir dire « au revoir » et cesser de toujours rajouter la scène de fin qui n’en est jamais une puisqu’il y en a toujours une autre derrière et ainsi de suite. C’est gentil de vouloir faire durer le plaisir façon « rappels » aux concerts mais quand les adieux traînent en longueur, le plaisir devient agacement. Mais bon, sans rancune, la virée nocturne en compagnie d’un  excellent duo (Macaigne/Cohen cette fois) valait le coup.

Par Nicolas Rieux

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