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VINCENT DOIT MOURIR de Stephan Castang : la critique du film

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Nom : Vincent Doit Mourir
Père : Stephan Castang
Date de naissance : 19 mars 2024
Type : sortie DVD
Nationalité : France
Taille : 1h48 / Poids : NC
Genre : Thriller

Livret de Famille : Karim LeklouVimala PonsFrançois Chattot

Signes particuliers : Une curiosité dans le cinéma français. 

Synopsis : Du jour au lendemain, Vincent est agressé à plusieurs reprises et sans raison par des gens qui tentent de le tuer. Son existence d’homme sans histoires en est bouleversée et, quand le phénomène s’amplifie, il n’a d’autre choix que de fuir et de changer son mode de vie.

LE MONDE EST FOU

NOTRE AVIS SUR VINCENT DOIT MOURIR

Qu’on arrête de nous dire que le cinéma de genre français n’est pas bon ! Il n’a de cesse de prouver sa valeur, du Règne Animal à Vermines en passant par Gueules Noires ou ce Vincent Doit Mourir, il a encore prouvé toute sa richesse ces derniers mois. Réalisé par Stephan Castang, Vincent Doit Mourir est la démonstration XXL que le cinéma hexagonal peut produire des roller coaster à la fois palpitant et intelligent. Comme quoi, spectacle et propos ne sont pas incompatibles, un nouveau coup de poignard dans les côtes du fameux « c’est un plaisir coupable pas prise de tête ».

Façon film pré-apocalyptique mais planté dans un univers totalement banal, Vincent Doit Mourir illustre l’effondrement prochain de nos sociétés par le biais d’une métaphore génialement pas déguisée. Du jour au lendemain, le normal Vincent se fait agresser violemment par tout un tas de gens, au boulot, chez lui, dans la rue. Il n’a strictement rien fait mais des gens, amis ou inconnus, veulent le tuer. Il va finir par se rendre compte qu’il n’est pas le seul dans ce cas-là…

La violence qui indiffère. Des gens qui soudainement se foutent sur la gueule ou s’entretuent sans but dans l’apathie générale. D’autres qui ne remarquent pas, sous-estiment, banalisent ou détournent le regard. Vincent Doit Mourir est une allégorie d’un monde actuel qui assiste à une cristallisation radicale des montées de violence enragées, tellement qu’elles en deviennent incompréhensibles et non-rationnelle. Comme s’il n’y avait plus de mesure. Violences physiques avec des guerres qui se déclenchent pour un oui oui pour non dans l’indifférence mondiale ou des agressions quotidiennes à la violence gratuite de plus en plus fréquentes. Violences morales avec les tristement célèbres réseaux sociaux (encore eux) où l’on constate des échanges d’une violence inouïe… en toute normalité. Le monde est dingue, hystérique, dérangé par une violence exponentielle de plus en plus hyper-radicale. De ce constat, Stephan Castan a tiré une puissante allégorie, imaginant un monde où soudainement tout le monde se fout sur la gueule sans raison, comme possédé par une maladie psychotique engendrant des accès de violence inexplicables pour toute personne sensée. Magistrale définition du monde d’aujourd’hui !

Mais la force de Vincent Doit Mourir ne tient pas seulement dans cette démonstration théorique maligne. Plutôt que d’élaborer un drame philosophique pompeux s’auto-branlant sur le génie de sa démonstration sociétale, Castan formule son idée dans un thriller plus tendu qu’un string XS enfilé par Kim Kardashian. D’une insoutenable tension, ce long-métrage « shyamalanesque » aux allures d’hommage à Romero ou Carpenter est haletant de bout en bout, telle une course effrénée dans un cauchemar aux allures de vertige kaifkaien. Porté par un excellent Karim Leklou (encore et toujours), Vincent Doit Mourir est aussi efficace qu’il est intelligent. Le parfait combo gagnant.

 

Par Nicolas Rieux

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