Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Silent House
Parent(s) : Chris Kentis et Laura Lau
Livret de famille : Elizabeth Olsen (Sarah), Adam Trese (John), Eric Sheffer Stevens (Peter), Julia Taylor Ross (Sofia), Haley Murphy (la fillette), Adam Barnett (le rôdeur)…
Date de naissance : 2012
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h28 – 2 millions $
Signes particuliers (+) : Efficace par son concept, bien rythmé narrativement et soigné esthétiquement. Une prodigieuse comédienne courageuse. Sympa et flippant.
Signes particuliers (-) : Un sentiment de redite inévitable à ce type de remake et au genre en général. Certains s’ennuieront à cause du rythme. Le côté « bricolé » de l’original lui conférait un petit truc en plus.
HOUSE OF THE REMAKE
Résumé : Sarah, son père et son oncle, viennent retaper une vieille bâtisse familiale dans l’intention de la vendre. Mais ils n’ont pas l’air d’être seuls sur place…
Et un remake américanisé de plus, un ! Hollywood s’empare de l’artisanal La Casa Muda, petit film d’horreur malin venu du fin fond de l’Uruguay en 2010 et qui aura fait le tour du monde et des festivals, marketé entièrement sur son idée roublarde. Taxé fréquemment d’escroquerie totale, la série B de Gustavo Hernandez avait été vendue intégralement sur son postulat de mise en scène que l’on retrouvait dans sa tagline : « la peur en temps réel ». S’inspirant de La Corde d’Hitchcock et de The Strangers (ou aussi du Infection de Mario Van Peebles), le jeune metteur en scène sud-américain avait emballé son film avec une débrouillardise incroyable : une maison, quatre personnages, quatre ridicules petits jours de tournage, 6000 dollars en poche et un seul long plan-séquence de 78 minutes pour un film en temps réel racontant le cauchemar d’une jeune femme piégée dans une maison dans laquelle elle et son père ne semblent pas être seuls. Le film était inspiré de faits réels troublants et inexpliqués survenus dans les années 40, mais la prouesse résidait surtout dans son incroyable et ambitieux exercice de mise en scène, huis clos en temps réel, qui avait demandait une préparation extrêmement minutieuse et millimétrée. Pour le reste, le but était de mettre en place avec ingéniosité, un sentiment de peur palpable, irrépressible, à laquelle il serait impossible d’échapper. Des bruits de pas, des aperçus furtifs tétanisants, La Casa Muda ambitionnait de nous mettre à la place de son héroïne terrifiée et de nous faire vivre en immersion sa nuit de cauchemar en s’appuyant sur des choses simples pour créer une peur simple mais efficace. Un peu à la Paranormal Activity mais en moins chiant même si pas mal lui ont fait ce même reproche.
L’idée d’un remake avait de quoi étonner puisque la réception mondiale générale ne fut pas vraiment bonne. Et c’est peu dire. Le film s’est globalement fait massacrer avec tout un tas d’arguments allant de sa fin idiote (pour ceux qui l’ont comprise) ou nébuleuse et trop énigmatique (pour ceux qui sont passés à côté d’une explication peu illustratrice) à l’arnaque de sa rhétorique (le plan-séquence qui semble trafiqué ça et là), de son rythme régulièrement qualifié de comble du chiant sur grand écran à son rendu visuel trop artisanal où l’on voit rien en passant par le reproche de jouer sur une terreur tournant à vide façon Paranormal Activity. Pourtant, les studios ricains y ont vu une aubaine, l’occasion d’en reprendre l’idée tout en essayant de gommer les défauts reprochés au film pour aboutir à une série B horrifique efficace. Embauchant la jeune sœur Olsen (Elizabeth) qui s’était révélé extrêmement convaincante et talentueuse dans le somptueux Martha Marcy May Marlene, le film sera dirigé par un duo à quatre mains, Chris Kentis, qui s’était montré doué pour filmer la terreur simple avec Open Water en 2003 et Laura Lau, sa productrice et chef op’ de l’époque sur cette drame marin avec des requins.
Silent House version 2012 reprend le même argument technique du film en un seul et long plan-séquence qui suivra la jolie Sarah effrayée une nuit dans une maison familiale qu’elle retape avec son père et son oncle. Nanti d’un petit budget mais proportionnellement conséquent par rapport à l’original uruguayen (2 millions contre 6000 dollars), Kentis et Lau s’appliquent à gommer les écueils reprochés à La Casa Muda pour capitaliser seulement sur ses qualités à commencer par une photo moins old school et plus recherchée permettant plus de visibilité, et une technicité gommant peut-être mieux les « coupes » cachées dans le pseudo-plan-séquence tourné en 5D. De même question rythme où cette nouvelle version essaie d’être plus dynamique et soutenue répondant à la critique numéro 1 adressée au modèle originel. Enfin, le final se montre plus explicatif et illustratif et par conséquent moins énigmatique et trouble descendant ainsi au niveau mental du public de masse yankee (pardon, c’était bas). Tout ceci est bien beau sauf que ça n’enlève pas le vrai problème source : ça a déjà été fait. La Casa Muda s’était fait massacrée (par la presse comme par le public) mais non sans une petite injustice. S’il est vrai que le film souffrait de quelques défauts identifiables, il n’en était pas moins assez prenant, plutôt bien fichu, et d’une sincérité réjouissante. Certes, il avait un prologue à faire hurler les impatients ne supportant plus la mise en place narrative des choses, certes son final était obscur mais c’était au contraire une qualité dont ne bénéficie pas son remake qui préfère jouer dans l’explication sur-appuyée pour bas du front. La Casa Muda proposait de longues dizaines de minutes intenses et flippantes, prenantes et immersives en vue d’un final ouvrant sur plusieurs lectures (même si une prédominait) avec une pointe d’amoralité et était au final une bonne petite série B honnête et assez maline. Le remake version Kentis est quant à lui très proche mis à part une stylisation plus professionnelle et une actrice de grand talent en tête d’affiche qui confirme par le courage et l’abnégation qu’il fallait pour s’embarquer dans un projet qui tiendrait sur ses seules épaules puisque la camera ne le lâche pas, la mettant dans 98% des plans. Sauf que tout ce qu’il propose a été vu dans l’original et que cette relecture n’apporte rien de neuf. Une bonne partie de ceux qui ont tiré à boulets rouges sur le premier, reprocheront au film les mêmes défauts (narration ennuyeuse, peur basique qui ne fonctionne plus guère avec ses effets trop sur-utilisés par le passé dans le genre) et détesteront cette relecture autant que la précédente vision. Pour les autres, ce remake est pas trop mal mais perd l’authenticité pleine de débrouillardise qui faisait le charme de son homologue sud-américain plus « vrai ». Sans être désagréable et réservant quelques moments de trouille (limitée par son déjà-vu dans des années de terreur jouant sur le même crédo) sympathiques (ndlr : perso, j’ai bondi de mon lit quand une coupure de courant générale s’est couplée à une passage flippant du film) Silent House fait passer son moment mais ne restera pas dans les annales de l’horreur.
Bande-annonce :
Silent House – Bande-Annonce/Trailer #1 (HD) 2012 par CineHeroes