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WIND CHILL (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Wind Chill
Parents : Gregory Jacobs
Livret de famille : Emily Blunt, Ashton Holmes, Martin Donovan, Ned Bellamy, Ian A. Wallace, Donny James Lucas, Chelan Simmons…
Date de naissance : 2007
Nationalité : États-Unis, Angleterre
Taille/Poids : 1h30 – 6 millions $

Signes particuliers (+) : Bon début. Quelques bonnes idées. Ambiance intéressante. Le duo Emily Blunt / Ashton Holmes. S’en dégage une certaine forme de sympathie inexplicable.

Signes particuliers (-) : Un manque de rythme et d’efficacité. Un peu léger. Final un peu décevant.

 

FROID COMME LA MORT

Résumé : Deux étudiants d’une même fac et qui ne se connaissent que lointainement, rentrent ensemble dans leur famille respective pour les fêtes de noël, en co-voiturage. En route, un accident va les bloquer au milieu d’une route enneigée alors qu’une tempête est annoncée. Une route peu fréquentée si ce n’est pas d’étranges hommes vêtus de noir…

Projet initié et produit par le tandem d’amis George Clooney et Steven Soderbergh, Wind Chill trimballe depuis 2007 son titre sonnant très série B sur le marché du direct-to-video, pour lequel il a été prévu. Budget très modeste, pas de grandes stars au générique si ce n’est une Emily Blunt en devenir, un postulat assez commun sur lequel semble reposer tout le film, Wind Chill est vraiment un pur produit formaté pour le lucratif marché en question. Mais comme souvent, ces petits films d’horreur que l’on ne prend guère au sérieux en terme d’ambition se révèlent être parfois les plus imaginatifs, les jeunes metteurs en scène comblant leur manque de moyens par une inventivité rafraîchissante, comblant leur manque de notoriété par une rage et une envie de prouver de quoi ils sont capables. Et il en va de même pour des comédiens qui essaient de se faire un nom et de percer.

Premier assistant réalisateur sur les films de Soderbergh depuis toujours (il était déjà sur Hors d’Atteinte en 1998 avec Clooney en vedette) Gregory Jacobs se voit confier par le duo, la réalisation de ce petit produit mêlant thriller, fantastique et horreur. Pour sa deuxième tentative derrière la caméra après Criminal en 2004 (le remake de l’argentin Les 9 Reines), le cinéaste ne va pas démériter, bien au contraire. Jacobs confie le premier rôle à la jeune et craquante (mais à la déjà longue carrière, souvent dans des rôles secondaires) avec ses beaux yeux bleus Emily Blunt alors que c’est à l’énigmatique Ashton Holmes (vus dans un tas de séries télé ou dans History of Violence) que revient la part belle masculine de former un duo avec elle.

Concrètement, Wind Chill suit le périple routier de deux jeunes rentrant chez eux pour les fêtes de fin d’année. D’un côté, une belle étudiante légèrement hautaine, de l’autre, un introverti flippant et ambigu. Autant dire clairement que la première partie du film est de loin la meilleure. Jacobs parvient à distiller une ambiance étrange de doute constant à un film jouant fortement sur le suspens et l’atmosphère, ce que les décors enneigés du Nord de l’Amérique (en vrai, du Canada) renforcent terriblement. Car la neige va devenir comme un troisième personnage essentiel dans cette histoire d’accident et de post-adolescents coincés par -35° dans une bagnole sans chauffage et délabrée. S’ouvre ainsi une partie très psychologique avant que le film ne dérive vers le fantastique puis l’horreur. Jacobs jongle intelligemment avec les styles mais surtout, optimise au mieux son histoire finalement statique se déroulant presque pour les 3/4 dans un lieu unique (la voiture accidentée). Rythmé, tendu, Wind Chill nous donne l’impression de savoir où l’on va pour mieux nous cueillir. Sans se montrer révolutionnaire non plus, Jacobs fait mouche avec un film aussi atypique que déroutant. Car il ne faut surtout pas s’attendre à tout comprendre afin de profiter pleinement de cet énigmatique Wind Chill qui se présente comme un film peu explicite, sans réelles explications sur les évènements qui s’y déroulent. Si la façon de procéder peu s’avérer assez troublante et surtout très perturbante, à la réflexion, il est plutôt intéressant de voir les choses sous un angle divergeant : « dans la vie… comprend t-on toujours les mystères du quotidien ? ». La réponse étant non évidemment, le cinéaste décide alors de partir sur ces bases pour développer un film empreint de mystère mais dont nous n’aurons pas toujours les explications prémâchées limite prédigérées.

S’attachant plus à la relation escarpée entre les deux protagonistes principaux sur qui reposent tout le film (mais dont nous ne connaitrons jamais les noms), relation originale et différente des traditionnels films du genre, Wind Chill risque fort de dérouter pas mal de spectateurs voire de passer pour un navet pur premium d’un ennui considérable. Mais les amateurs d’ambiance étrange, de film plus prenant que divertissant, soigné et rigoureux, ne recherchant pas l’efficacité et l’action à tout prix mais privilégiant le développement d’une histoire trouble et troublante laissant pas mal de place à l’ambiguïté, pourraient être satisfaits de voir un film ayant le mérite de chercher la différence. Si la première partie est supérieure à la seconde, on pourra cependant regretter le manque de fantaisie d’un récit finalement coincé dans le carcan de son concept et à la narration pouvant paraître un peu trop rigide mais néanmoins remise en question par un final étrange oscillant entre mystère total laissant sans voix et fascination. Un final auquel on pourra en tout cas reprocher sa précipitation inattendue où les évènements se bousculent comme si l’équipe de tournage était pressée d’en finir et de boucler pour plier bagage et rentrer chez elle. Interloquant, le final est d’une brutalité presque énervante et frustrante. De là à remettre en question tout le métrage ? C’est justement là le paradoxe de ce Wind Chill. Si l’on est finalement déçu par le manque d’explications un peu extrême, il n’est peut-être pas nécessaire de condamner l’ensemble des bonnes choses sur la base de quelques défauts. Car encore une fois n’est pas coutume, tout sera affaire d’opinion. Certains seront bluffés par le courage assumé pour clôturer un récit de la sorte, d’autres hurleront d’énervement devant une finalité discutable. Il n’empêche qu’il existe un réel parfum de vent glacial dans cette modeste bobine, une atmosphère lancinante, communicante et étrange. La neige, la glace finissent par traverser l’écran pour nous rendre transi de froid devant cette nuitée cauchemardesque pour deux jeunes pris au piège de l’enfer blanc. Arnaque ou film malin ? Navet ou surprise géniale ? Wind Chill a le mérite d’intriguer. Sans être ni bon ni mauvais, il est un modeste DTV surprenant avec un petit quelque chose qui nous empêche de le détester… même si beaucoup semblent y arriver sans trop de mal.

Bande-annonce :


Windchill – Trailer par ohmygore

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