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VIENS JE T’EMMÈNE d’Alain Guiraudie : la critique du film

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Nom : Viens je t’emmène
Père : Alain Guiraudie
Date de naissance : 2021
Majorité : 02 mars 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h34 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique

Livret de Famille : Jean-Charles ClichetNoémie LvovskyIliès Kadri

Signes particuliers : Deux films en un. Un meilleur que l’autre.

Synopsis : A Clermont-Ferrand, Médéric tombe amoureux d’Isadora, une prostituée de 50 ans, mais elle est mariée. Alors que le centre-ville est le théâtre d’une attaque terroriste, Selim, un jeune sans-abri se réfugie dans l’immeuble de Médéric provoquant une paranoïa collective. Tout se complique dans la vie de Médéric, tiraillé entre son empathie pour Sélim et son désir de vivre une liaison avec Isadora.

 

LES PARIAS DE LA SOCIETE

NOTRE AVIS SUR VIENS JE T’EMMENE

Alain Guiraudie a toujours aimé les marginaux, les gens un peu paria relégués dans la bordure de la société. Le cinéaste trouve toujours chez eux matière à humanité. Dans Viens je t’emmène, on trouve une prostituée cinquantenaire, un jeune arabe sans domicile fixe, des musulmans instantanément pris pour des terroristes en ces temps d’attentats et un jeune homme pas très courageux. Tous vont être pris dans le maelstrom d’une époque troublée.
Quand on pense « Guiraudie », on ne pense pas d’instinct à « comédie ». Et pourtant, c’est bel et bien sur ce terrain que s’aventure le cinéaste avec Viens je t’emmène. Mais attention, il s’y aventure… selon les lois de son style si singulier. Deux films -et deux genres- coexistent au sein de Viens je t’emmène. Dans leur union, comme dans bien des mariages d’ailleurs, il y a des hauts et des bas. En cause, une histoire plus faible que l’autre. Si le regard sur les névroses d’une France traumatisée par les attentats et vivant dans une peur paranoïaque est formidable de lucidité sublimée par le ton de l’absurde et du burlesque, le récit de cette romance entre un homme un peu couard et une prostituée nymphomane est moins prenant, voire parasite parfois ce que le film a de meilleur à savoir ce jeu d’équilibriste funambule sur une corde fine tressée dans le policier et le vaudeville politique.
 
On gardera surtout de ce nouvel effort, ce sens si délectable de la dérision sur un sujet pourtant très grave. C’est avec une certaine légèreté rafraichissante que Guiraudie dépeint notre société actuelle, loin des codes du réalisme socio-politique habituel. Le cinéaste déjoue les clichés pour mieux pointer du doigt certains clichés. Racisme, préjugés, communautarisme, protectionnisme, Alain Guiraudie s’amuse de cette propension à verser très vite dans les idées toutes faites dès qu’un contexte impose peur et crainte. Comme ce schéma tendant à croire qu’un musulman ou un barbu est forcément un terroriste parce que le climat social et médiatique pousse à la méfiance de tout et de tout le monde. Piquant et provocateur sur ce thème, le film est moins inspiré quand il tourne en rond autour d’un marivaudage entre la prostituée Lvovsky, son mari et son amoureux transit (Jean-Charles Clichet).

 

Par Nicolas Rieux

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